En date du 19 septembre 2018, la CENI, Commission Electorale Nationale Indépendante de la RD Congo a franchi une étape importante avec la publication des listes définitives des candidats à la présidencielle et celles des candidats aux législatives.
Le chemin est désormais ouvert pour l’organisation des élections générales du 23 décembre 2018.
Seulement, la CENI a une épine sous le pied : la « machine à voter ».
Cette « machine » a réussi à se mettre à dos la majorité du peuple congolais en ce compris l’opposition ainsi que la société civile.
Depuis des mois, les dirigeants de la CENI ne jurent que par la « machine à voter ».
Pour eux, élections en décembre 2018 sous-entend utilisation de la « machine à voter ».
Un véritable bras de fer.
La CENI sortira-t-elle gagnante de ce pugilat qui pointe son nez à l’horizon?
Si le 23 décembre 2018 un très large consensus national était obtenu pour l’utilisation de la « machine à voter », tant mieux.
Mais si d’aventure le 23 décembre 2018 cette « machine à voter » était imposée,
La CENI devrait alors au préalable s’être posé un certain nombre de questions :
– A-t-elle idée de la réaction populaire qui pourrait survenir dans différents bureaux de vote au cas où cette invention coréenne faisait des caprices ?
– La CENI sait-elle dans quel état d’esprit seront les millions des Congolais qui sortiront le 23 décembre 2018 pour exprimer leur suffrage ?
Ayant comme mission essentielle l’organisation transparente et dans le calme des élections, la CENI aura-t-elle suffisamment d’énergies et de ressources pour :
- Et organiser matériellement les élections,
- Et expliquer à chaque électeur le fonctionnement du machin,
- Et calmer les esprits qui pourraient se chauffer pour un rien ?
Le personnel de la CENI qui sera déployé dans près de 100.000 bureaux de vote à travers le pays est composé de braves hommes et femmes dont le boulot est de servir leurs concitoyens, pas du tout concernés par la vision politique des hauts dirigeants de la CENI,
La CENI est-elle consciente qu’en cas de tensions le jour du scrutin, ces braves hommes et femmes seraient inutilement exposés ?
Ayant pris l’option d’imposer la « machine à voter », les dirigeants de la CENI ont-ils pris la précaution élémentaire de prendre langue avec tout son personnel pour s’assurer que celui-ci est tout autant convaincu que les dirigeants, de la nécessité d’imposer à l’électeur congolais la « machine à voter » ?
A tort ou à raison, les dirigeants de la CENI sont suspectés d’avoir empoché des plantureuses commissions dans l’achat des « machines à voter »,
A tort ou à raison, la CENI est accusée de vouloir imposer la « machine à voter » pour tripatouiller les résultats des élections au profit du clan Kabila,
A tort ou à raison, la CENI est accusée d’être sous la botte du clan au pouvoir,
Or, à ce jour, la CENI qui est comme l’arbitre d’un match, elle devrait jouir de la confiance que des deux camps. Est-ce le cas?
Lors des rencontres sportives, généralement au sifflet final, le vainqueur est applaudi, mais le perdant quitte le stade sportivement.
Par contre, combien de fois n’a-t-on pas vu des rencontres sportives se terminer en véritables affrontements parce que l’arbitre avait visiblement avantagé le camp des vainqueurs ?
Combien de fois n’a-t-on pas vu des arbitres visiblement subjectifs quitter le stade en courant comme des lapins par peur d’être lynchés par les perdants ?
Pourtant, on voit régulièrement aussi des arbitres sortir du stade la tête haute pour avoir bien officié le match.
Au jour d’aujourd’hui, avec les signaux émis actuellement par la CENI dans l’organisation des prochaines élections, les dirigeants de notre centrale électorale peuvent-ils se regarder dans le miroir et affirmer qu’à l’issue du scrutin du 23 décembre prochain, les millions d’électeurs congolais dans les cent mille bureaux de vote applaudiront pour la CENI, les remerciant d’avoir été des arbitres infaillibles ?
La CENI a encore le temps de réajuster son tir, aux cas où les différentes inquiétudes étaient fondées.
Si dans leur for intérieur, les dirigeants de la CENI sont conscients qu’ils font fausse route, il est grand temps qu’ils conquièrent la confiance et du peuple congolais, et de l’opposition et de la société civile.
Le vœu de tous les Congolais est que le plus méritant l’emporte à la présidentielle du 23 décembre 2018. Idem pour les législatives et les provinciales.
Bruxelles, le 21 septembre 2018
Cheik FITA