Le contrat de partenariat, conclu fin décembre 2022 entre la République démocratique du Congo (RDC) et les Emirats arabes unis, destiné à stopper la contrebande dans le secteur minier congolais, continue à alimenter la chronique.
Pour le député national Alfred Maisha, élu de la ville de Bukavu au Sud-kivu, ces accords cachent une maffia organisée en ce sens qu’ils font la part belle aux entreprises émiratis tout en sacrifiant des compatriotes dont la survie dépend de l’économie minière artisanale. D’après le principe, cet accord de Joint Venture va à la rencontre de l’esprit du Code minier actuellement en vigueur et implique le bradage des ressources minières congolaises pour les prochaines années.
“C’est une énorme perte pour la République”, alerte l’élu du Sud-Kivu. Et de faire observer que Primera Group ne contribue qu’à hauteur de 20.000 dollars en capital tandis que la RDC intervient à près de 9.000 dollars dans chacune de ces deux sociétés pour obtenir une part de 45%.
Avec ses 55% de participation, Primera tient paradoxalement un monopole de l’or congolais pendant 25 ans, ainsi que celui du coltan, du cobalt et de la cassitérite. Cette situation énerve cet élu national qui ne comprend pas que l’on puisse accorder à Primera, une entreprise peu connue, des droits exclusifs exportateur de l’or minéral artisanal et à un taux préférentiel exclusif de 0,25 % au détriment des sociétés congolaises. .Bénéficiaire, au terme de cet accord, d’un régime fiscal privilégié avec plusieurs exonérations, Primera Group s’en sorte grandiose avec une participation majoritaire dans les deux entreprises nouvellement créées. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a, en outre, obligé la Société Aurifère du Kivu et du Maniema (Sakima), une entreprise parapublique congolaise,
Quelques jours après cette révélation du député Maisha, le ministre des Finances Nicolas Kazadi a brisé son silence face à ses allégations portées par ce dernier autour des accords signés par le gouvernement congolais et les Émirats arabes unis pour la commercialisation de l’or artisanal en République Démocratique du Congo. Au terme de cet accord, la société Primera LTD et la RDC ont créé deux sociétés Primera RDC, l’une Primera Gold, pour l’or et l’autre Primera Metals, pour les 3T (Étain, Tungstène, Tantale).
D’après ce parlementaire, le gouvernement congolais à travers les ministres des Mines, du Portefeuille et des Finances aurait accordé un monopole à la société de 25 ans sur l’or, le coltan, la cassitérite, le cobalt, bref le 3T, dans les provinces du Maniema, du Nord et du Sud-Kivu essentiellement. Ce que Nicolas Kazadi a fermement réfuté.
A l’en croire, Primera Gold a été créé pour répondre à l’insécurité entretenue dans l’Est par le Rwanda dans le but de faciliter le trafic illicite de ces minéraux.
“D’abord, c’est tout à fait faux de parler d’exclusivité. Primera Gold est une initiative prise par le gouvernement de la République en réponse à la situation de conflit dans l’est. Vous savez que le trafic des minerais, (principalement l’or, le coltan) est l’un des carburants qui entretient le conflit dans l’est et il fallait couper l’herbe sous le pied du Rwanda qui se sert de cette exploitation illégale pour entretenir le conflit sur notre sol. Et donc, on a commencé avec Primera Gold, en créant une joint-venture entre la RDC et Primera”, a expliqué Nicolas Kazadi entourant Christian Lusakweno.
Qualifiant de « ridicule », les accusations portées par l’élu du Sud-Kivu, Alfred Maisha Bishobibiri dans une question écrite, l’argentier de la République Démocratique du Congo a indiqué que depuis la création de cette entreprise, le pays a exporté trois (3) tonnes d’or soit l’équivalent d’un milliard huit cents millions de dollars américains.
” Et 20 mille dollars dont on parle, c’est totalement ridicule comme commentaire parce que 20 mille dollars correspondant au minimum requis pour créer une SA Et donc, au moment où on crée la SA, on le fait avec le minimum requis, le temps de finir les négociations et de voir comment établir au final, le partenariat et les apports. Mais pour dire que c’est ridicule de considérer ces 20 mille dollars, il faut qu’on se pose la question. Depuis le 1er janvier jusqu’au aujourd’hui, nous avons exporté trois tonnes d’or alors que toute l’année précédente, sur un exporté 26 kilos d’or. Ces trois (3) tonnes d’or valent un milliard huit cent millions de dollars, donc parler de 20 mille dollars, c’est ridicule, c’est totalement ridicule”, at-il pesté.
Primera Gold, la seule façon de stopper la mafia et l’or du sang
Alors que le député évoque dans sa question écrite, le non-respect du code minier en vigueur, le ministre des Finances a précisé qu’il s’agit de production artisanale et non d’exploitation industrielle.
On peut se poser la question : pourquoi cela n’a pas été respecté ? Dans l’intérêt de qui ? C’est ce que nous avons rattrapé en créant Primera Gold et nous avons donné des allègements qui s’imposaient pour atteindre les résultats qu’on vient d’atteindre. Voilà tout”, a-t-il ajouté.
En même temps, le ministre des Finances a assuré que tous les intervenants miniers qui s’inscrivent dans la politique du Chef de l’État de transparence et de traçabilité du secteur des minéraux artisanaux bénéficieront des mêmes avantages.
” C’est de cela qu’il s’agit et rien d’autre, et d’ailleurs pour vous montrer ce que nous donnons en avantages fiscaux, nous le récupérons, nous État congolais parce que nous sommes propriétaires à 45% de cette “Exploitation artisanale alors que nous n’avons pas mis un rond. Et ces 45% dire vouloir que les bénéfices générés par les tonnes que désormais nous exportons, nous en tirons 45%”, a martelé Nicolas Kazadi.
Lors d’un entretien avec la presse ce samedi 26 Août 2023 à Bukavu dans la province du Sud-kivu, le directeur général de primera Gold Me.Joseph Kazibaziba a précisé que son entreprise a acheté et exporté plus de 3 000 Kilos d’or au début de ce deuxième semestre 2023, l’équivalent d’environ 190 millions USD. Cette entreprise publique entend atteindre la barre de 1000 Kg d’or le mois d’ici la fin de l’année en cours.
D’après celui-ci, la performance de Primera Gold est due à la bancarisation du système d’achat et de vente de l’or artisanal et à l’intensification de la lutte contre la fraude minière.
” Le mais principal de l’entreprise est de lutter contre la contrebande. Et on a quitté de 29 Kg d’or au mois de janvier 2023, on est passé à 150Kg /mois, et au mois de juin on est arrivé à plus de 550 Kg par mois. Et on a exigé que tous les négociants qui travaillent avec Primera Gold prennent en charge des comptes bancaires, et je peux vous assurer qu’à ce jour, pour nos paiements, on est à 95% des paiements bancarisés, ce qui n’a jamais existé dans le monde aurifère”, a expliqué le directeur général de cette entreprise du portefeuille de l’Etat, Joseph Kazibaziba.
Cependant, at-il augmenté, la lutte contre la contrebande est une affaire de tous.
La société travaille maintenant pour atteindre la capacité d’achat et d’exportation de 1000 Kg de l’or par mois.
“Et déjà pour les sept derniers mois, nous sommes déjà à plus de 3 tonnes d’or que nous avons achetées, commercialisées en toute transparence, et exportées et transformées jusqu’au marché de consommation”, s’est félicité Joseph Kazibaziba ; tout en reconnaissant que ce n’est pas encore suffisant.
A ce jour, 1Kilo d’or revient à 63 000 USD sur le marché mondial.
Signé le 17 juillet dernier, cet accord porte sur des périmètres déjà couverts par des partenariats de joint-venture et contrats de modification encore valides contractuellement et légalement. Ce qui explique le coup de gueule des sociétés minières partenaires de Sakima SA qui appellent à une gestion efficace du contentieux ainsi créée. D’où le plaidoyer du député Alfred Maisha pour qui les trois ministres concernés ont renoncé au privilège de la souveraineté de la République en mettant à égalité la RDC avec une société privée concernant l’exécution des décisions arbitrales ou judiciaires nées de cette convention. Dans sa démarche, l’auteur de la question écrite aux trois ministres concernés se dit prêt à intensifier la pression si les réponses suggérées ne sont pas convaincantes.Dossier à suivre.