Dans la page d’histoire de la République Démocratique du Congo du professeur Gaspard MUGARUKA à propos de la présence des Bashi-Bahavu à l’Est du lac Kivu.
Au cours d’un entretien avec kivuavenir.com , celui-ci a cette occasion révélé les véritables occupants des territoires situés de part et d’autre du lac Kivu .
Pour le professeur MUGARUKA, l’Afrique des Grands lacs a été un foyer important de peuplement mais aussi, de migration des populations vers le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest des lacs.
Ces mouvements de population se sont produits dans ces régions bien avant le premier millénaire avant Jésus-Christ, si nous devons nous référer aux résultats des études sur la connaissance de la métallurgie du fer en Afrique orientale.
Les auteurs de ces civilisations matérielles, ont su lier les performances technologiques à l’évolution des structures socio-politiques ayant conduit à l’émergence des États-nations dans la région des Grands lacs.
Les Bashi-Bahavu qui font partie des peuples de l’Afrique interlacustre, ont atteint par ces mouvements, les régions dépassant le lac Kivu où l’extension des familles et lignages ( MULAKA-MILALA ) va abouti à la naissance des phénomènes nouveaux, celle de la croissance des sous-clans ( ISHANJA-AMASHANJA ) et de la formation des États claniques ( ECIHUGO C’OBUKO ).
C’est l’excroissance de cette dernière structure qui va conduire à la naissance des États multi-claniques ou ethniques.
En jetant un coup d’œil sur les cartes que nous avons présentées dans notre livre : ” Bashi et Bahavu de la République Démocratique du Congo. Traditions orales et Histoire “, l’on a des détails intéressants sur les terres occupées par les premiers clans Bashi-Bahavu dans ce qui peut être considéré, comme étant leurs sites d’origine au Rwanda ancien, notamment dans les préfectures actuelles de Cyangugu et de Ruzizi.
On peut ainsi, comprendre les raisons des cogitations politiciennes débitées par le « Tutsi Power » au sujet de la « pseudo-présence » des Batutsi à l’Ouest du lac Kivu où aucune indication historique ne fait référence à pareille hérésie.
“Les déclarations du Prof NDAYWELL ont été faites après notre réaction sur l’antériorité des populations Bashi-Bahavu dans l’entre lac Kivu-Rusizi.
Nos commentaires sur la question, ontitaire rencontre la position des dignitaires Banjinji du Bushi, contenu dans la déclaration du N’naBushi Désiré KABARE RUGEMANINZI II, aux assises de la conférence sur la paix au Kivu, en 2009 à Goma.
C’est en réponse aux provocations des délégués du ” Tutsi-Power “, dans leurs communications à cette conférence, que le Mwami avait souhaité attirer l’attention de l’opinion tant nationale qu’internationale, sur le fait que, contrairement aux allégations des envoyés de Kigali et de Kampala, les Bashi et les Bahavu étaient les seules populations des régions entourant le lac Kivu, qui ont été lésées par les accords des tracées de la frontière orientale du Congo après 1885.
Ce sont les Bashi-Bahavu qui avaient perdu des territoires au Rwanda où habitent encore aujourd’hui, leurs frères et sœurs.
Tenez, le Roi Munyiginya du Rwanda, KIGÉRI IV RWABUGIRI, que le ” Tutsi-Power ” présente comme étant le héros de la conquête du Kivu, n’a jamais réussi à soumettre les populations habitant les terres situées à l’Ouest du lac Kivu où il a mené pourtant, beaucoup d’expéditions guerrières.
Il est même mort au cours de sa dernière aventure contre le pays du N’naBushi KABARE RUTANGANDA entre 1893 et 1895.
C’est au cours de sa fuite devant les armées du N’naBushi, qu’il sera traqué par les guerriers Bashi conduits par les ” BARHAMBO B’AKASHALA “, les chefs d’armées : MIHIGO NDOGOTSA, KABI ka MAKOMBE et MAKUNGU ga BYATERANA.”at-il confirmé
Notre source renseigne que, les vaillants généraux Bashi, vont pourchasser les Batutsi au cours d’une guerre navale qui va se solder par la défaite cuisante des guerriers tutsi et la mort de KIGÉRI IV RWABUGIRI.
Toutes les îles du lac Kivu seront libérées par la première colonne navale des armées du Bushi commandée par MIHIGO NDOGOTSA aidé par les indomptables guerriers ” ENTAGOMA ” du Muluzi KABI de Cishoke.
Ceux-ci vont pilonner les rivages de l’île Idjwi où MIHIGO NDOGOTSA va installer son quartier général et où il sera couronné Mwami en 1896.
“Il faut dire que l’Est du Rwanda ancien n’a jamais été soumis totalement, par les Batutsi qui y menaient des razzias de bétail sans jamais réussir à y imposer un pouvoir de contrôle politique.
Cette partie de l’Afrique interlacustre est restée un terrain de conflits armés entre les Batutsi qui voulaient y créer une zone de contrôle économique.
En effet, le Kinyaga était une zone des prairies verdâtres ouverte à l’élevage et un lieu de transit vers les terres de l’Ouest du lac connu comme réservoirs de l’ivoire et des produits exotiques comme le poivre noir ou même les maisons solides du Bushi ( amashikazi ), les bracelets en fer ( nyerere ), en cuivre ( Milinga ) et en fibres végétales ( burhege ).
C’était aussi, la route ouverte pour les salines situées au-delà des volcans, les fameuses montagnes de feu (entondo z’emiliro).” dit le Professeur Gaspard MUGARUKA
La fin tragique de KIGÉRI IV RWABUGIRI va coïncider avec l’arrivée des Européens dans cette région.
Déjà, les Allemands présents au Ruanda-Urundi vers 1876-1885, vont arriver à Idjwi où leur drapeau sera hissé le 18 novembre 1899 après qu’ils aient pris bonne note de la conquête de l’île par des guerriers venus du Bushi et du couronnement de MIHIGO NDOGOTSA comle Mwami du coin.
C’est le Pasteur WIEMERS parti du poste allemand d’Ishangi dans le Kinyaga, qui va quitter MIBIRIZI pour rencontrer le nouveau Mwami MIHIGO NDOGOTSA à NYAKALENGWA où il va hisser le drapeau du Reich.
Après ses entrevues avec le Mwami, il va construire une mission dans l’îlot WAWE qui devait permettre l’occupation effective de l’île Idjwi où un poste de l’Ostafrika était élaboré à KITIKAMWE en 1907. Ce poste devait permettre le contrôle des possessions de l’EIC à l’Ouest du lac en partant de l’île IBINJA.
Idjwi était très stratégique pour les Allemands et pour les Belges.
Avec la concrétisation du protocole d’accord du 10 avril 1900, elle se trouve dans la zone contestée.
Les autorités de l’EIC tenaient à occuper toutes les îles du lac Kivu en mentionnant par Idjwi dont l’intérêt était porté à leur connaissance au début de l’année 1900 par les agents qui étaient en poste à SHANGUGU. C’est même là, l’esprit de la lettre de LIEBRECHTS au gouverneur général de l’EIC, dans laquelle il disait à la fin de 1900 qu’Idjwi était une grande île de 30 à 40 kilomètres de long sur 7 à 10 de grand . La population était nombreuse et le bétail abondant. L’île était une des richesses du lac.Il fallait l’occuper mais cela exigeait beaucoup d’énergie car il n’y avait pas au poste,
Les Belges étaient donc déterminés à occuper les îles du lac Kivu en partant des clauses de l’arrêté du Vice-gouverneur général WANGERMEE, du 19 février 1900, qui créait un conseil de guerre au poste principal du lac Kivu dans le but d’affirmer davantage, la souveraineté de l’EIC dans cette région et prouver leur présence aux autorités allemandes.
Cela sera confirmé par la lettre de LIEBRECHTS du 30 avril 1900, au Gouverneur général, dans laquelle il reviendrait pendant les droits par une occupation forte et effective, des territoires limitrophes de ceux contestés, c’est-à-dire de situés ceux directement à l’Ouest du bassin de la Rusizi et du lac Kivu.
Pour lui, dans ces territoires, les droits souverains belges n’étaient pas contestés et l’accord intervenu à la date du 10 avril, amélioré à l’EIC, une nouvelle force vis-à-vis du gouvernement allemand.
Malgré ces tentatives des autorités de l’EIC d’occuper les îles du lac Kivu, les Allemands y installaient des forts de défense commandés à partir de leurs positions du Rwanda central.
C’est seulement à la fin de la première guerre mondiale que les Belges vont s’installer dans cette région qu’ils vont organiser en territoires tout en réclamant les terres des Bashi-Bahavu situées à l’Est du lac Kivu, dans la partie cédée à l’Allemagne par tous les accords visant le tracé définitif de la frontière orientale du Congo et occidentale du Ruanda-Urundi. ( cfr. L’arrêté royal du 28 mars 1912 complété par l’ordonnance n° 192/2 du 3 septembre 1914 modifiant l’organisation territoriale de la colonie et qui a subdivisé le district du Kivu, en 8 territoires dont celui de KWIDJWI [ Idjwi ], voir BA, 1914, p. 587 ).
Lire à ce sujet :
1. MUGARUKA, BMG
– ” Notes sur les conflits armés entre le Bushi et le Rwanda sous la période précoloniale ” in Cahiers du CERPRU, ISDR-BUKAVU, ( juillet 1985 ).
– ” Le Mwami MIHIGO NDOGOTSA d’Idjwi ou l’image d’un résistant africain à la colonisation belge ( 1850-1928 ) ” in Point de identifié 2, Langue et culture en Afrique. Le cas des Bahavu du Zaïre, OTTIGNIES (Belgique), NORAF, 1991, pp. 173-188.
– Bashi et Bahavu de la République Démocratique du Congo. Traditions orales et histoire.
Kinshasa, ÉD.CEDI, avril 2021, 675 pages.
Pr Gaspard MUGARUKA via kivuavenir.com
Nous apprécions à juste titre la publication du professeur Gaspard MUGARUKA grâce à qui nous recommandons d’insérer cette publication parmi les matières à enseigner aux élèves du primaire et secondaire comme histoire du Congo ou dans l’Anthropologie culturelle du Congo.