« Le jour où on interpellait l’ancien chef d’État-major FARDC, apparemment, les gens ne voient pas la gravité de cette situation », a déclaré Kabuya avec gravité. « Quelqu’un qui est assis comme ça, et qui, après réflexion avec son entourage, se demande comment il peut tuer quelqu’un, un père de famille, un grand-père… La première institution de la République… »
Ces déclarations interviennent dans un contexte particulièrement tendu. Depuis plusieurs semaines, des rumeurs persistantes évoquaient une tentative de coup d’État avortée, impliquant des hauts gradés de l’armée. Le général Christian Tshiwewe, qui avait été nommé chef d’état-major général des FARDC en 2022, avait été discrètement écarté de ses fonctions au début du mois de juillet 2025, avant d’être placé en détention par les services de sécurité.
Selon plusieurs sources concordantes, Tshiwewe aurait été surveillé depuis des mois pour ses connexions avec certains cercles hostiles au régime en place. Son entourage proche faisait l’objet d’une enquête confidentielle du Conseil National de Sécurité (CNS), notamment pour des réunions suspectes, des mouvements financiers non justifiés et des échanges avec des acteurs politiques radicaux.
La résidence de Tshiwewe encerclée, le régime reste en alerte
Quelques jours après son arrestation, des forces spéciales avaient encerclé sa résidence à Kinshasa, officiellement pour garantir « la sécurité de l’enquête et prévenir toute tentative d’intervention extérieure ». Cette opération avait immédiatement ravivé les tensions entre la présidence et certains cercles de l’armée soupçonnés d’agir dans l’ombre contre les institutions de la République.
Le silence de l’état-major général des FARDC depuis le déclenchement de l’affaire n’a fait qu’alimenter la suspicion. Aucune réaction officielle n’est venue contredire, ni confirmer les propos d’Augustin Kabuya, laissant la population dans un flou inquiétant.
Pour de nombreux analystes, la sortie de Kabuya n’est pas anodine. En mettant sur la place publique une accusation aussi grave, le secrétaire général de l’UDPS semble vouloir préparer l’opinion nationale à des mesures encore plus dures à venir, voire à une purge au sein de l’armée. Mais cette stratégie n’est pas sans risque. Le général Tshiwewe bénéficie encore de soutiens dans certains milieux militaires, et toute action précipitée pourrait provoquer des remous internes.
De son côté, le président Tshisekedi n’a pas encore réagi publiquement. Toutefois, la sécurité présidentielle a été visiblement renforcée à la Cité de l’Union Africaine ainsi que dans les déplacements officiels du chef de l’État. Des mesures de précaution qui montrent que l’alerte est prise très au sérieux au sommet de l’État.
La suite du dossier reste floue. Christian Tshiwewe sera-t-il jugé pour haute trahison ? Va-t-on assister à un procès militaire exemplaire, ou cette affaire se règlera-t-elle dans l’ombre, par une négociation de couloir ? Tout dépendra des éléments de preuve que le parquet militaire parviendra à rassembler et de la pression politique qui pèsera sur le dossier.
Quoi qu’il en soit, cette affaire marque un tournant : jamais, depuis son arrivée au pouvoir, Félix Tshisekedi n’avait été confronté à une menace aussi directe venant de l’appareil militaire. Pour beaucoup, c’est la preuve que des batailles silencieuses, mais dangereuses, se mènent au cœur même de l’État congolais.
























































