L’Institut de recherche en droits humains IRDH a publié, à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), les dix champions des droits humains, édition 2018, en République démocratique du Congo. Il s’agit des personnes qui entreprennent avec anthousiasme la promotion et la défense des droits humains. Le gynécologue obstétricien et médecin de renommée internationale, Dr Dénis Mukwege, vient en tête de l’équipe pour son activisme dans restauration de la dignité humaine des milliers de femmes victimes d’atrocités barbares.
Le choix des 10 champions, selon l’IRDH, repose sur un ensemble de critères.
« Le champion fournit l’effort pour faire connaître les cas de violation des droits de l’homme nonobstant la menace que profère le présumé violateur. Le travail du champion est de portée nationale. Il impacte l’opinion nationale et peut être répliqué dans d’autres pays. Le champion rappelle la situation de violation, plusieurs fois, jusqu’à ce qu’intervienne la décision de l’autorité compétente (…) Le champion reste fidèle aux valeurs, principes et standard universels (…) », lit-on dans les critères de sélection de l’IRDH.
Georges Kapiamba, Président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), vient en 2e place pour son plaidoyer remarquable pour accroître la redevabilité du gouvernement et du Président Kabila par rapport au droit d’accès à la Justice.
La 3e place est occupée par les activistes du Comité local de coordination (CLC), une structure de l’église catholique qui fait pression sur le pouvoir.
Il s’agit de Léonie Kandolo, le Prof Thierry Nlandu, le Prof Isidore Ndaywell, le Prof Justin Okana, Prof Gertrude Ekomba, Jonas Tshiombela, Frère Julien Lukengu et Francklin Mbokolo.
D’après l’IRDH, les activistes du CLC « ont su matérialiser les différents appels des évêques catholiques à la la prise de conscience citoyenne. Ils ont organisé des marches pacifiques demandant le respect de l’accord politique de la Saint Sylvestre 2016, qui consacre une rallonge d’une année au mandat échu du Président Kabila (2016-2017); la décrispation politique et la libération des prisonniers politiques. Ces manifestations ont contribué à pousser le Président Kabila à renoncer au 3e mandat présidentiel inconstitutionnel », souligne l’organisation.
Le Journaliste Tshivis Tshivuadi vient à la 4e place. Le Directeur de l’organisation Journaliste en danger (JED) à Kinshasa milite pour la protection des journalistes dans l’exercice de leur métier.
« Il publie de remarquables rapports annuels sur l’état des libertés de la presse en RDC. En 2018, Tshivuadi a mis en exergue les menances, agressions, arrestations et la censure contre les journalistes. Il recense au moins 121 cas de violation de droit d’informer et d’être informé en 2018 » de même que l’année 2017, note l’Institut.
A la 5e place est classée la présidente de la Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (SOFEPADI) de Beni dans la province du Nord-Kivu. Elle est, rapporte l’organisation, parmi les premières à dénoncer les viols massifs contre les femmes d’Ituri. Elle continue à encadrer les victimes des viols et violences sexuelles dans l’Est de la RDC, à travers SOFEPADI et les Fonds pour la femme congolaise, FFC.
La directrice de la Synergie des femmes pour les victimes des violences sexuelles (SFVS) de Goma occupe la 6e place. Elle travaille, sans relâche, à faire connaitre la dégradation continue des conditions de vie des femmes victimes de violences commises par des miliciens en milieux ruraux.
Le 7e, Jean-Claude Katende, Président de l’Association africaine de défense des droits humains (ASADHO) de Kinshasa. Il rappelle continuellement et publiquement les devoirs du Chef de l’Etat à rendre compte à la population ainsi que la responsabilité personnelle du Président Kabila par rapport à la mauvaise gouvernance politique et économique de la RDC. Il diffuse quotidiennement des « opinions libres » dans les réseaux sociaux.
Vient aussi la présidente du Cadre de concertation de la femme congolaise (CAFCO) de Kinshasa. Elle milite contre les discriminations à l’égard de la femme, consacrées par les lois congolaises. Sa mobilisation pour la parité Homme-Femme se focalise sur les pratiques qui assujettissent la femme aux contraintes sociales et culturelles qui la privent de sa liberté.
A la 9e position vient le président de la Coalition nationale de l’Education pour tous (CONEPT). Il est engagé, depuis des décennies, en faveur de la suppression des frais de scolarité imposés aux parents dans les écoles publiques et l’abandon des pratiques qui portent atteintes à l’éducation au pays.
Enfin, des mouvements des jeunes. La LUCHA et la Vigilance citoyenne. Elle a initié la campagne avec un mégaphone dans les rues et marchés de Kinshasa appelant au changement de comportement citoyen en faveur des valeurs démocratiques sur terrain et non seulement aux médias sociaux.
« Ses multiples arrestations par la police attirent l’attention de la communauté nationale et internationale sur l’état des droits de l’homme en RDC », conclut l’Institut de recherche en droits humains, IRDH.
Jean-Marie Mulume