La province du Sud-Kivu connait un tournant difficile de son existence, depuis l’avènement de Claude Nyamugabo à sa tête. Une année déjà, le chapelet des bonnes intentions, annoncé à l’arrivée de l’exécutif actuel, a accouché d’une controverse incommensurable. Plusieurs voix critiques notent que l’évaluation des dernières nouvelles semble révéler un échec criant à l’actif du successeur de Marcellin Cishambo.
Comme le font remarquer des acteurs politiques et sociaux de la province, sur plusieurs clichés du quotidien Sud-Kivutien, se gravent les empreintes de l’incapacité des animateurs provinciaux à instaurer l’équilibre socio-sécuritaire, voire politique, sur l’étendue de la province.
La sécurité, échec initial du gouvernement Nyamugabo ?
La très médiatisée opération « Tujikinge », du gouverneur, semble avoir accouché d’une grosse souri ou du moins a du plomb dans l’aile.
En effet, l’aspect sécuritaire constitue une réelle pierre d’achoppement dans la province, en ce moment. Comme jamais auparavant, la situation sécuritaire de tous les huit territoires s’avère morose. Les groupes Raiya Mutomboki [locataire de la partie Sud du Parc National de Kahuzi-Biega, à en croire les sources de la Société Civile à Shabunda]ne cessent de semer la terreur dans la partie charnière entre les territoires de Mwenga, Walungu, Shabunda, Kabare et Kalehe.
Des noms jadis inconnus se sont illustrés, ces derniers mois dans cette entité, sans que l’autorité provinciale fasse valoir le max de pouvoir lui imputé lors de l’appréhension de monsieur Abbas Kayonga, autrefois directeur de la cellule anti-fraude.
Des atrocités de Kabikokole, en territoire de Mwenga, aux affres de Kamungini, Wameli, Bimpanga et bien d’autres villages, ces tributaires de souffrance ont pu violer, piller et incendier des demeures des citoyens, sans être du tout inquiétés.
Pendant ce temps, le territoire de Fizi demeure un terrain dévoué au groupe Mayi Mayi Malaika, fidèle au général autoproclamé Amuri Yakotumba.
Le Nord de la province, toujours en proie à des rébellions fondées sur la divergence des intérêts économiques, n’aura bénéficié en rien des atouts diplomatiques de celui qui fut ambassadeur de la RDC à l’Union Africaine, avant de présider au destin du Sud-Kivu.
« La belligérance sur l’axe Numbi-Lumbishi ne trouvera jamais de solution tant que le gouverneur ne se sera pas impliqué corps et âme dans cette affaire », nous annonçait un acteur de la société civile.
Par ailleurs, la partie méridionale est redevenue une sacrée zone rouge, garnie d’inciviques à l’identité tout aussi perplexe.
Le groupement de Bijombo fait l’objet, depuis un certain temps, d’un conflit acharné, ayant poussé tous les habitants à céder leur terroir aux tueurs inconscients. Dans la plaine de la Ruzizi, des groupes sporadiques ne cessent de s’improviser pour se ravitailler auprès des passagers [voire tuer des pauvres innocents], ou encore kidnapper des cadres qu’ils ne libéreront que moyennant une rançon.
Aux yeux du commun de mortel, la défaillance sécuritaire est d’autant prononcée tant en milieu rural que dans la ville de Bukavu. Ces derniers temps, il ne se passe plus deux jours sans que l’on enregistre un cas de tuerie, d’enlèvement ou de disparition, à Bukavu.
Le gouverneur avait pourtant annoncé faire de la sécurité sa priorité à son entrée aux affaires.
Actuellement, le débat semble déplacé vers un autre hémisphère, sur les bureaux de Nyamoma.
La multiplicité des taxes et obligations citoyennes
Cependant, cet autre hémisphère ne sera surtout pas celui de l’assainissement du climat des affaires. Eh bien, oui, renflouer les caisses de l’Etat [si pas les poches de ses agents] est l’un des rares exercices qui vont bon train au Sud-Kivu de Nyamugabo et Hilaire Kikobya.
Les différents opérateurs économiques, de quelque calibre qu’ils soient, ne cessent de se plaindre de tracasseries fiscales et de la fertilité de l’actuel directoire provincial, en matière de multiplication des taxes.
Sans vergogne, l’autorité provinciale ne fait qu’entériner le rançonnement du paisible citoyen par des services découlant de sa juridiction, dénoncent les mouvements citoyens.
« A peine l’opération de peinture des véhicules [faisant le transport en commun] terminé, l’établissement des Parking payant et l’instauration de la taxe sur passager , sont autant de manœuvres dilatoires qui confirment que monsieur Claude Nyamugabo est venu principalement pour récolter de l’argent », constatait un militant d’un mouvement citoyen que nous avons joint à ce sujet.
« Si l’Etat veut provoquer la faillite d’un homme d’affaire au Sud-Kivu, pour le moment, il n’a qu’à lui demander de payer convenablement toutes les taxes et tous les impôts. Là, l’affaire est pliée », a poursuivi ironiquement ce militant pro-démocratie.
Pour beaucoup d’observateurs, la politique de mobilisation des fonds n’a jamais été aussi farouche, pendant les années précédentes. Bien de monde estime, malheureusement que tout cet argent ne sert qu’à des intérêts individuels, alors que les infrastructures de première nécessités demeurent dans un état alarmant.
Le gouverneur Nyamugabo est, cependant, loin d’être disculpé de la paternité de cette tracasserie fiscale. Bien au contraire, ses détracteurs le lui imputent, à tort ou à raison.
D’ailleurs les acteurs de la société civile, ont il y a quelques jours fait un diagnostic aussi alarmant qu’inquiétant sur la situation de la multiplicité des taxes.
Le gouverneur de sa famille politique
Dans la sphère politique, le gouverneur Nyamugabo s’est particulièrement montré très actif. Fort malheureusement, il s’est plus avéré militant du PPRD que gouverneur de tous les citoyens, dénonçait alors la Fédération de la Société civile justifiant en son temps la demande de démission de l’actuel gouverneur. «Tous les pouvoirs du monde sont entre les mains des partis politiques…le gouverneur a aussi entre autre mission de gérer sa famille politique en province… ». répondait Trish Mastaki, cadre du PPRD.
A l’opposé de son prédécesseur, Claude Nyamugabo a semblé complètement ignorer la deuxième voix tout le long de sa première année de gouvernance. Est-ce pour faire plaisir aux caciques de sa famille politique, peut-être ? Si l’on considère la façon dont ceux-ci se sont acharnés contre Cishambo en vertu de sa proximité envers l’opposition et la société, donnerait-on raison à Nyamugabo de s’être éviter la foudre, en bouchant tous les couloirs pouvant ouvrir une brèche pour le dialogue avec les adversaires ; qui du reste réponde de sa juridiction ! Beaucoup d’acteurs trouvent prudent de s’éloigner carrément de lui.
Dialogue rompu avec tous les acteurs sociaux ou presque ?
Ce n’est plus un secret pour personne. Les relations sont crispées entre les acteurs sociaux et l’actuel locataire de Nyamoma.
La quasi-totalité le trouve très déterminé à « gouverner par défi » comme en témoigne plusieurs dénonciations des leaders de la société civile au Sud-Kivu.
En mars dernier, dans un message envoyé à la rédaction de Laprunellerdc.info alors qu’il séjournait en dehors du pays, le président national de la nouvelle dynamique de la société civile en RDC déconseillait vivement au gouverneur du Sud-Kivu de commencer une sorte de front avec les faitières de la société civile de sa province.
Ce message arrivait après les prises de positions des uns et des autres sur la journée « ville sans véhicules » décrétée par le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu pour dénoncer la dégradation de la voirie urbaine.
Sa structure disait fustiger aussi « des pratiques peu orthodoxes de la part des actuels dirigeants préférant l’arrogance et le soulagement en lieu et place des dialogues sociaux ». « Et s’il pense qu’il peut réussir ce pari seul sans la contribution de la Société civile dans sa diversité ce qu’il se trompe et l’avenir donnera raison à qui mérite » avertissait Jean Chrysostome Kijana. Arrogance et défi, les deux mots qui reviennent sur la bouche des acteurs sociaux quand ils parlent de l’actuel gouverneur.
Un autre élément qui vient mettre la poudre au feu, c’est bien la restructuration unilatérale du Comité Provincial de Suivi des activités minières provoquant colère et indignation dans le chef des acteurs membres du Groupe Thématique Mines du Bureau de Coordination de la Société civile du Sud-Kivu.
Les organisations décidaient également de suspendre leur participation au CPS demandant au représentant de la FEC de faire de même jusqu’à ce que deux arrêtés (l’un, portant restructuration du CPS et l’autre portant nomination d’un coordinateur) soient annulés ou retirés.
Réponse des communicateurs de Nyamoma : C’est le gouverneur du Sud-Kivu qui dirige la province et non la société civile !
Depuis, le dialogue est rompu. Un silence qui présage un véritable bras de fer est observé. Mais jusqu’à quand ? Personne ne saurait le dire.
Comme on peut le voir, le message d’apaisement ayant précédé la prise de fonction de Claude Nyamugabo, à la tête de la province du Sud-Kivu, semble tourner au discrédit.
Les vibrantes promesses de monsieur le gouverneur ne font que s’éloigner de plus en plus de la réalité quotidienne. Contre toute attente, les pessimistes ne cessent d’avoir raison de n’avoir pas cru automatiquement en toutes les belles paroles de début de mandat.
Dès son investiture, le gouverneur Nyamugabo incarnait l’image de la solution tous azimuts des problèmes que l’on imputait à l’équipe Cishambo. Fort malheureusement, certains signes renseignent que la dégringolade qui s’en est suivi dès sa prise des fonctions est très dangereuse et risque de le conduire dans l’abîme.