Sa réflexion porte sur l’évaluation du gouverneur de province du Sud-Kivu par rapport à sa gouvernance dans le secteur de la sécurité et la paix comme priorité parmi les 5 axes stratégiques déclinées dans l’exposé des motifs lors du discours programme du gouvernement provincial ayant débouché au vote et à l’adoption du budget 2020 de la province du Sud-kivu. (cfr p3 édit budgétaire 2020 exposé des motifs).
En même temps, cet exercice démocratique s’inscrit dans le cadre de renforcement de la culture d’évaluation et de la critique au sein du gouvernement national que des gouvernements provinciaux tel que prôné dans le discours du chef de l’État à la nation le 06/12/2020.
Un montant colossal de 3.250.000.000 FC soit 1.625.000$ a été alloué au gouvernement provincial pour assurer la sécurité et la paix au Sud-Kivu en plus des recettes propres générées ce secteur évaluées à 170.971.822, 50 FC soit 85.485$. (cfr annexe VII édit budgétaire 2020 dépenses prestations point 5-6183 et P 29, 30, 31).
D’un point de vue global, cette évaluation a pour objectif de contribuer à la bonne gouvernance en province et de susciter la culture de redevabilité dans le chef des dirigeants actuels de la province du Sud-kivu vis-à-vis de la population.
Spécifiquement, cette évaluation vise à faire une critique des capacités réflexives et responsives du gouverneur de province par rapport à son premier axe de priorité pour l’année 2020 en l’occurrence la sécurité et la paix.
Au sujet des capacités réflexives, nous faisons un diagnostic sur l’existence ou l’inexistence d’un agenda sécuritaire dans le chef du gouverneur actuel tandis qu’au sujet des capacités responsives nous parlons de l’efficacité et effectivité des différentes mesures préconisées par le gouverneur de province pour juguler les problèmes sécuritaires au Sud-kivu.
Cette même réflexion va donner une cotation au gouverneur de province en plus de revenir sur des propositions.
- Des capacités réflexives
Il ne se passe plus un seul jour sans que la province du Sud-kivu en général et son chef-lieu, la ville de Bukavu enregistrent des cas d’insécurité le jour comme la nuit.
C’est ce qui a poussé même certains députés provinciaux à adresser au gouverneur de province des questions d’interpellation pour qu’il s’explique devant l’assemblée provinciale sur la persistance de l’insécurité dans la ville de Bukavu et ses périphéries en particulier et en général dans toute la province.
En effet, c’est l’idée qui guide l’action et c’est à travers la conception d’une politique sécuritaire provinciale intégrée que le gouverneur devrait résoudre les problèmes sécuritaires de la province.
Malheureusement, Il est à constater que quand l’insécurité bat son plein en province du Sud-Kivu et surtout dans les trois communes de la ville de Bukavu, le gouverneur de province a tendance à se déresponsabiliser en arguant à tort que la sécurité n’est pas une matière décentralisée mais plutôt une matière de la compétence exclusive du pouvoir central et qu’à ce titre il n’a pas de pouvoir sur les services de sécurité en province car tous sont dépendants du pouvoir central.
On peut être porté à croire que ce rejet de tache de sécurité au pouvoir central expliquerait le fait pour le gouverneur de ne pas disposer réellement d’un agenda dans le secteur de sécurité et paix de la province.
Curieusement, quand les services de l’ordre et sécurité mettent la main sur des présumés criminels et déjouent certains crimes le gouverneur réapparaît en médiatisant avec une dose d’appropriation les exploits des services de sécurité ; comme pour dire quand ça va bien le gouverneur a une compétence en matière de sécurité et quand ça ne va pas bien la compétence est du pouvoir central.
En effet, le gouverneur semble oublier que la sécurité est une matière concurrente entre province-pouvoir central et que l’initiative pour sécuriser la population du Sud-kivu et ses biens peut venir aussi de la province ; et ce peut-être pour celà que le gouverneur aurait refusé de répondre aux questions d’interpellation des députés provinciaux sur les questions au sujet de la persistance de l’insécurité en province en général et dans la ville de Bukavu et ses périphéries en particulier.
En outre, le gouverneur semble oublier que tous les services nationaux existants en province sont placés et travaillent sous son autorité et sa supervision.
De tout ce qui précède, il apparaît que le gouverneur n’a pas un agenda sécuritaire et c’est une première dans l’histoire du Sud-kivu.
Alors on se demande à quoi a-t-on affecté les dépenses prévues pour la sécurité notamment les fonds secrets de recherche qui a-t-on appris sortent d’urgence chaque mois dans la caisse de la province conformément à l’annexe VII du budget 2020 liée aux dépenses des prestations en matière de sécurité, lesquelles dépenses sont de l’ordre de 1.620.000$(un million six cents vingt-cinq mille dollars américains).
Il également à signaler que le secteur de la sécurité et intérieur en province dispose des recettes propres en terme de taxe de délivrance ou vente des cartes des résidents pour étrangers (employeurs, employés, missionnaires, étudiants, dépendants et humanitaires) ; taxe d’identification annuelle du personnel et des sociétés de gardiennage, taxe pour amandes transactionnelles, taxe pour autorisation de transfert des cadavres humains.
Ces recettes propres générées par le secteur de sécurité étant estimées à 170.971.822,50 FC soit plus de 85.000$.
Malgré l’inexistence caractérisée d’un agenda sécuritaire dans le chef du gouverneur la province doit faire face à l’insécurité et instaurer la paix.
- Des capacités responsives
Malgré l’absence d’une politique provinciale de sécurité sous le gouverneur actuel, il faut honnêtement noter cependant que pour garantir la paix, la sécurité des personnes et leurs biens en province certaines prestations étaient retenues dans le programme du gouvernement provincial 2020 notamment :
- Atelier pour les 3 communes de la ville de Bukavu sur les techniques de collecte et gestion des données sécuritaires.
Commentaire : les 3 communes de la ville de Bukavu ne sont pas la province du Sud-Kivu. La province du Sud-kivu ce sont les 8 territoires, les 18 chefferies, les 5 secteurs, les 186 groupements et les 4 villes. Nous voulons un gouverneur dont le champ d’action est plus dans les territoires et pas dans la ville de Bukavu qui est un champ d’action du maire de la ville et des bourgmestres.
- Formation et installation du logiciel de suivi et contrôle de la durée de validité des séjours des résidents étrangers au Sud-kivu.
Commentaire : Du constat sur terrain et de la lecture de l’actualité en province par rapport à cet aspect des résidents étrangers ce logiciel n’a jamais été conçu et n’existe pas au Sud-kivu. à quoi aurait servi l’argent retenu pour ce logiciel ?
- impression des cartes géo-sécuritaires de la province.
Commentaire : une chose est d’imprimer une carte, une autre chose c’est s’en servir pour rendre effective la sécurité des personnes et leurs biens ainsi que la cohabitation pacifique entre les communautés. S’il est vrai que les cartes auraient été imprimées ; il n’en reste pas plus vrai que l’amélioration de la sécurité s’en est suivie cette année 2020. la carte n’est qu’un moyen de résoudre les problèmes de sécurité et pas la solution à ces problèmes.
- formation des agents de la cellule d’investigation du gouvernorat, du ministère provincial de sécurité et intérieur, des agents de la division provinciale de l’intérieur sur les techniques de collecte et gestion des données sécuritaires.
Commentaires : pourquoi le gouverneur avait recruté des agents qui doivent subir encore des formations dans ce secteur sensible et régalien alors qu’en province il existe des ressources humaines qualifiées et ayant de l’expérience dans ce domaine. Nous ne pouvons pas finir ce point sans jeter un regard sur la cellule d’investigation du gouvernorat qui devrait aider le gouverneur à concevoir sa politique sécuritaire.
En effet, les membres d’une cellule d’investigation sont reconnus par leur professionnalisme, camouflage, connaissance certifiée dans ce domaine mais sous le gouverneur actuel on reconnaît les agents de la cellule d’investigation du gouvernorat par le nombre de Motorola qu’ils ont en main, le nombre des bouteilles qu’ils se tapent au premier service, par l’attitude brutale dédoublée à des intimidations et la capacité de nuisance où à créer des problèmes à leurs compatriotes !
Pour assurer la sécurité aux personnes et leurs biens le programme 2020 du gouvernement provincial du Sud-Kivu prévoyait également plusieurs autres prestations ces prestations mais qui n’ont pas été réalisées. Il s’agit notamment de :
-l’absence de la prime provinciale à la police de proximité,
-l’absence de cadeau aux informateurs et dénonciateurs par rapport aux informations vitales pour la sécurité de la province (cas des jeunes de nyangezi qui n’ont jamais reçu le cadeau pour avoir appréhendé le tueur de Sange, le cas aussi des acteurs des structures citoyennes qui dénoncent dans ce sens des informations vitales pour la sécurité de la province);
-l’absence des frais de maintenance et de carburant pour véhicules de la police en province (des véhicules que les acteurs de la société civile reprochent ne pas avoir de système de freinage, de démarreur et des portes);
– l’absence de frais de communication aux acteurs inférieurs de la chaîne sécuritaire provinciale alors que c’est budgétisé pour 2020 ;
-l’absence des moyens de communication aux cadres de base (chefs de quartiers, chefs d’avenue, aux policiers…) pour assurer l’échange d’informations. s’il est vrai que les autorités supérieures(Gouv, min prov sécurité, les cadres de la PNC sk, les respo des services spécialisés) ont régulièrement ces moyens, il faut cependant noter qu’il ne semble pas vrai que les acteurs inférieurs de la chaîne sécuritaire de la province reçoivent cette dotation de communication retenue dans le budget provincial 2020 car les chefs de quartiers, d’avenue et les policiers de rang qui sont d’ailleurs en contact avec la population plus que les autorités provinciales sont souvent dépourvus des moyens quand les populations les alertent. Encore que dans cette dotation les cadres de base de l’intérieur n’avaient pas été pris en compte.
En conclusion, sans peur d’être contredit on peut constater que les réponses du gouverneur aux problèmes de sécurité pour 2020 ont consisté dans l’organisation des ateliers de formation, séminaires de capacitation (avec des jetons de présence) des personnels non qualifiés recrutés dans ses services spécialisés à son arrivée à la tête de la province et l’impression des cartes.
À celà s’ajoutent le fait que les dépenses liées au secteur de sécurité en province semblent avoir plus été utilisées dans les frais d’itinérance à l’intérieur qu’à l’extérieur de la province notamment par l’achat des billets d’avions.
Des bateaux et location des véhicules pour les besoins des missions des sommités de la province en raison de 8 missions chaque 4 jours.
Nous passons aussi sous silence le fait que conformément à la prévision une autre partie de dépenses auraient été consacrée à la sécurité personnelle des autorités provinciales et leur résidence, la sécurité des membres du gouvernement provincial et leur résidence, à la sécurité du bureau de représentation du gouvernorat du Sud-kivu à Kinshasa et que rien n’aura été perceptible en terme d’effort du gouvernement provincial du Sud-kivu pour la sécurité des personnes et leurs biens.
On oublie pas aussi les dépenses liées au ministère provincial de sécurité mais consistant à l’achat à des prix exorbitants des tasses, coupes pain, cuillères, cafetier ou bouillard, bols, essuie mains, rideaux, tapis… en plus du supposé achat des robinets, ciments et tôles dans le budget 2020 dit-on pour la réfection du cabinet du ministère provincial de sécurité et les dépenses d’achats des drapeaux pour les besoins des cabinets ministériels en province comme si sous le règne des gouverneurs sortants il n’y avait pas des drapeaux dans les ministères provinciaux; ainsi que l’achat des livres en raison de 260$ par livre.
En terme de cotation sur le plan de la gouvernance sécuritaire le gouverneur n’est pas loin d’avoir une côte médiocre par rapport à tous les Gouverneurs que le Sud-Kivu a déjà connus.
Cependant l’espoir est permis à condition :
– de s’émanciper d’urgence des limites imposées au gouverneur par le contexte socio-politico-institutionnel suite auquel il s’est retrouvé gouverneur de province.
– poser les problèmes autant que de résoudre les problèmes en les situant dans le passé, le présent et le futur impliquant la population et les spécialistes du domaine pour une réussite.
Sentiments patriotiques.
J.Manegabe
























































