Alors que les relations diplomatiques entre la République démocratique du Congo et le Rwanda peinent à se normaliser, détériorées depuis la récente résurgence des terroristes du M23, les efforts pour aboutir à une issue apaisée se multiplient de deux côtés. Après la réunion tripartite de Luanda, qui a réuni le Président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, sous les auspices de l’angolais Joao Lourenço, les maîtres espions du Rwanda sont signalés à Kinshasa. Selon les informations d’Africa Intelligence, « une délégation de hauts responsables du renseignement rwandais s’est rendue à Kinshasa le 12 juillet pour une réunion confidentielle avec les services congolais ».
Selon plusieurs sources, c’était un « déplacement éclair et hautement confidentiel ». Parmi les officiels rwandais qui ont fait le déplacement, on note notamment les adjoints respectifs du général Joseph Nzabamwita, chef des National Intelligence and Security Services (NISS, les services de renseignement rwandais), et le brigadier général Vincent Nyakarundi, patron du renseignement militaire rwandais. « Ces derniers se sont entretenus avec Roland Kashwantale Chihoza, chef de la Direction générale des migrations (DGM), en présence du général Franck Ntumba de la Maison militaire », signifie Africa Intelligence.
« A l’ordre du jour : la collusion entre des officiers supérieurs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, constituées pour partie par d’anciens génocidaires hutus) », ajoute Africa Intelligence qui affirme que selon ses sources, « Kinshasa est prêt à donner des gages sur ce point à Kigali, quitte à éloigner certains responsables militaires opérant dans des zones limitrophes du Rwanda ».
Sur la liste, il y a par exemple « le général-major Peter Nkuba Cirimwami, ex-commandant intérimaire des opérations dans le secteur opérationnel Sokola II, qui a été muté début juillet de la province du Nord-Kivu à celle de l’Ituri. Plusieurs de ses subalternes sont soupçonnés d’avoir mobilisé des éléments FDLR – ainsi que d’autres groupes armés tels que le CMC/Nyatura – dans la lutte contre les rebelles du M23 de Sultani Makenga. Ils auraient ainsi été en première ligne dans la reconquête du camp militaire de Rumangabo ».
Bien avant leur arrivée à Kinshasa, les maîtres-espions rwandais avaient pris attache avec le Mécanisme national de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba (MNS), dirigé par Claude Ibalanky. « Ils ont pris soin d’éviter le conseiller sécurité par intérim à la présidence, Jean-Claude Bukasa, et le patron de l’Agence nationale de renseignement (ANR), Jean-Hervé Mbelu Biosha. Le président Félix Tshisekedi estime leur travail décevant dans la médiation à Luanda et privilégie désormais ses diplomates, son mandataire spécial Serge Tshibangu et le patron de la DGM, Roland Kashwantale Chihoza. Ce dernier, qui fut longtemps le numéro 2 de François Beya Kasonga, est considéré comme un interlocuteur crédible et fiable par Kigali, qui tient à éviter les conseillers sécurité du chef de l’Etat congolais », apprend-on.