Les choses ont rapidement changé ce jeudi 17 janvier autour de la position de la SADC sur la situation qui prévaut en République démocratique du Congo. Dans une déclaration initiale faite dimanche dernier, l’organisation régionale incluant des alliés de Kinshasa tels que l’Afrique du Sud et l’Angola, appelait pourtant à un “recomptage des voix” des urnes rejoignant la position de Martin Fayulu qui se réclame gagnant de la présidentielle contrairement à la CENI qui a proclamé Félix Antoine Tshisekedi.
À Addis-Abeba, le discours a changé. L’ensemble des 16 membres du bloc hausse le ton face à la communauté internationale de respecter la souveraineté de la Rdc.
“Le Sommet demande instamment à la Communauté internationale de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo”, déclare la SADC dans un communiqué, ne faisant aucune mention d’un appel antérieur pour un gouvernement de large union.
L’opposant Félix Tshisekedi a été déclaré victorieux de la Présidentielle historique du 30 décembre dernier et devra succéder à Joseph Kabila. Selon les résultats provisoires publiés le 10 janvier par la Commission électorale, Tshisekedi a remporté la Présidentielle avec 38,57%. Il devance Martin Fayulu qui a recueilli 6.366.732, soit 34,83% et d’Emmanuel Shadary, le candidat du pouvoir, qui n’a recueilli que 4.357.359 soit 23,84%. Mais Fayulu, un des favoris de ces élections, conteste ces résultats.
Ayant saisi la Cour Constitutionnelle pour cette fin, le candidat de la coalition LAMUKA attend le verdict qui pourrait intervenir ce weekend selon les informations à notre possession.
Dans son discours à Addis-Abeba, le Président rwandais et Président en exercice de l’Union africaine, Paul Kagame, a déclaré que l’objectif de leur rencontre était d’empêcher les «peuples de l’extérieur de notre continent de s’immiscer dans la recherche de solutions pour nous».
Cette sortie africaine intervient alors que les Etats-Unis ont maintenu mercredi la pression sur Kinshasa, promettant de “tenir pour responsable” quiconque saperait les processus démocratiques. Le Département d’Etat américain a appelé mercredi la Cour Constitutionnelle à “mettre en œuvre un processus légal, juste et transparent”, affirmant se “tenir”aux côtés du peuple de la RDC. A l’endroit de la CENI, le Département d’Etat appelle “à veiller à ce que les résultats déclarés finaux reflètent la volonté du peuple congolais, exprimée dans l’urne le 30 décembre 2018″.
Pendant ce temps, la CENI et le pouvoir congolais sont éclaboussés par des révélations de la presse étrangère. Des “milliers de pages” “fuitées” de la CENI, analysées par un groupe de médias étrangers, le Financial Times, TV5 Monde et Radio France Internationale (RFI), en collaboration avec le Groupe d’études sur le Congo (GEC), un institut de recherche de l’Université de New York, indiquent que le vainqueur n’est pas celui annoncé par la CENI; citant plutôt le candidat Fayulu.
Elie Bigaba.