Le retour de la charge aux parents de payer les enseignants n’est pas du tout le bienvenu au sein de l’opinion public du Sud-Kivu. Ayant appris les conclusions de la réunion des syndicats avec le gouvernement provincial, vendredi 10 janvier dernier, les acteurs politiques de l’opposition estiment que l’Etat congolais qui s’est engagé à reprendre ses responsabilités devrait agir sans tarder pour régulariser les litiges. Joint par Kivuavenir.com, Christopher Bisimwa Safari, président fédéral de l’Alliance pour le renouveau du Congo (ARC), parti politique de l’opposition, soutient la gratuité de l’enseignement de base et non des enseignants.
« Pour nous, l’enseignement primaire est obligatoire et gratuit conformément à la constitution. L’opposition républicaine, nous militons pour le bien-être de la population. C’est une très bonne chose que le Président de la République et le gouvernement, après lui, aient exprimé leur intention d’appliquer cette disposition constitutionnelle, la gratuité de l’enseignement de base. Nous pensons tout de même que les déclarations, l’intention ne suffisent pas. Enseignement gratuit ne doit pas être synonyme des enseignants gratuits. Nous savons et le gouvernement sait très bien qu’il existe au pays, et au Sud Kivu des NP, des NU… ceux-là et d’autres agents n’ont rien perçu comme salaire pratiquement depuis juillet 2019 et ceux qui sont payés, savons ce qu’ils ont », déplore-t-il.
Ces enseignants nouvelles unités et non payés, dit-il, ont des charges qu’ils supportent au même titre que ceux payés. Or, il y a plusieurs mois qu’ils ne sont pas payés.
« Qui peut travailler des mois durant sans être payé, cinq, six mois… sans être payé ! Comment vivent ces gens ? Comment prennent-ils en charge leurs familles : nourriture, soins de santé, loyer, transport… C’est inimaginable de parler gratuité de l’enseignement sans préalablement sa rassurer de la manière dont cela doit se matérialiser. Le gouvernement doit être conséquent. C’est à lui que revient la charge de la prise en charge des enseignants quant à leur payement et il leur faut un salaire raisonnable », insiste-t-il.
L’opposant rejette toute initiative de ramener cette charge aux parents, quel qu’en soit le cas.
« En aucun cas cette charge ne peut revenir aux parents, jamais. Au Sud Kivu et ailleurs, nous observons la grève des enseignants, c’est leur droit de revendiquer et c’est d’ailleurs un droit constitutionnel. Le gouvernement tant national que provincial ne devrait pas attendre que les enseignants aillent en grève pour prendre des mesures conséquentes pour accompagner la gratuité », prévient-il.
Pour lui, il n’est pas tard ; le gouvernement peut encore tout sauver. Si non, tout gâcher.
« Je pense que c’est encore possible de sauver cette année scolaire au Sud Kivu. Le gouvernement provincial doit jouer un franc jeu, il a des moyens et je considère que la gratuité devrait figurer parmi les priorités des priorités. Le Président, les gouverneurs et leurs gouvernements ne doivent pas disperser les énergies. Qui trop embrasse, mal étreint, dit-on », conclu-t-il.
Il plaint la gestion des « amateurs, des gens qui savent parler et qui n’agissent pas, ces gens qui ne savent rien prévenir » et qu’il compare à un architecte qui décide de construire une bâtisse sans aucun plan.
Patrick Kambale