Pas seulement sur la santé mais aussi sur l’économie familiale, le coronavirus maintien tout son poids sur la vie quotidienne de la population. Après l’annonce de la suspension du déplacement des personnes de Bukavu vers les villes voisines, le conseil de ministres du Sud-Kivu vient de décider de l’isolement de la ville des territoires de la province. Cette situation s’ajoute à la panique due à la perturbation incontrôlée du prix des biens de première nécessité sur le marché.
Dans une interview avec Kivuavenir.com jeudi 02 avril 2020, l’Economiste Alain Mukamba, Assistant au département des Sciences commerciales et administratives à l’institut supérieur pédagogique de Bukavu (ISP), salue les mesures préventives arrêtées par les autorités congolaises et de l’OMS, mais craint pour la vie de la population dont la majorité vivent de ce qu’ils gagnent au quotidien. Alain Mukamba recommande aux autorités congolaises de mettre en place une structure de prix pour réglementer le prix de vente des biens de première nécessité sur le marché afin de soulager la population en cette période difficile de la guerre contre le Covid-19.
Kivuavenir.com : Comment avez-vous accueilli ce message de l’autorité provinciale ?
Alain : Ce message est salutaire pour la population du Sud-Kivu. Cette mesure prise par le Gouverneur est une façon de protéger la population contre cette attaque vis-à-vis de l’inconnue parce que le coronavirus n’a ni visa, ni passeport ni carte d’électeur. Donc, ces mesures visent non seulement à protéger la population du Sud-Kivu mais aussi des provinces voisines et des pays voisins.
Kivuavenir.com : Quel impact ces mesures ont-elles sur la vie socio-économique des populations du Sud-Kivu ?
Alain : Les conséquences sont nombreuses sur l’économie de la province.
- D’abord la hausse de prix des biens de première nécessité sur le marché. Il y aura des achats de panique, les populations vont s’approvisionner dans la panique ; ce qui donnera une occasion aux commerçants de profiter par la spéculation de prix sur le marché.
- Il y aura manque d’approvisionnement parce que les commerçants n’auront plus où s’approvisionner surtout les biens de première nécessité.
- Troisième conséquence, il y aura variation du taux de change. C’est-à-dire que le taux de change Franc congolais-dollars et Franc congolais-autres devises ne sera pas fixe, il y aura déséquilibre ; ce qui risquerait de créer une inflation.
- Il y aura dépréciation de la monnaie. Le Franc congolais va perdre sa valeur et cela va se retourner encore sur le consommateur ; ce qui signifie que les ménages qui vivent en deçà du seuil de la pauvreté n’accèderont plus au marché et là, ils risqueront d’être écartés.
Donc, les mesures prises par le gouverneur de la province vont sérieusement pénaliser l’économie et les ménages vont durement en souffrir.
Kivuavenir.com : Face à cette situation, que faudrait-il faire tout en respectant ces mesures préventives ?
Alain : Le Gouvernement provincial et national devrait recourir à d’autres mesures :
- La première mesure, c’est de constituer une structure de prix. Cette structure sera chargée de fixer le prix des articles qui sera observé par tous les vendeurs sur le marché, bien entendu, par rapport à leur coût d’achat. Le gouvernement devrait donc limiter le prix de vente des biens de première nécessité pour que les populations moins nanties accèdent au marché en cette période très difficile.
- Deuxième mesure : Le gouvernement devrait faciliter aux grands commerçants l’importation des denrées alimentaires et des médicaments à partir des pays voisins pour alimenter suffisamment la province.
- La troisième mesure : Le gouvernement national ou le gestionnaire de la politique monétaire devrait limiter la demande de la monnaie. Puisque les ménages vont retirer plus d’argent au moment où il y a moins de dépôt. Et s’il y a beaucoup de retraits sans entrées, les institutions financières seront incapables de fonctionner normalement et lorsqu’elles ne fonctionnent pas normalement, ça va créer la panique dans le chef de ces institutions.
Kivuavenir.com : Quel message aux populations du Sud-Kivu ?
Alain : Le message à la population est d’être vigilante et de respecter les mesures annoncées par les autorités du pays. C’est le grand message. Je demande également à la population de ne pas céder à la panique des opérateurs économiques.
La Rédaction.