A deux mois des élections en RDCongo, le profil des dirigeants pour l’émergence d’un Congo nouveau reste une des préoccupations majeures de plusieurs acteurs sociaux. Au Sud-Kivu, ce thème a constitué un débat houleux entre les pasteurs des églises protestantes et le Centre africain de paix et gouvernance (CAPG), mercredi 10 octobre au dans la salle de l’Eglise 8e CEPAC Penuel en commune d’Ibanda dans la ville de Bukavu.
Cette conférence, selon les organisateurs, a été organisé dans le but d’amener les serviteurs de Dieu à réfléchir sur leur responsabilité dans la « guérison de la nation ».
Dans leurs exposés, les orateurs Pasteur Victor Biruru et Bienvenu Karhakubwa ont fait un diagnostic des maux qui rongent le pays et du rôle de l’Eglise pour l’avènement d’un Congo nouveau.
D’après Bienvenu Karhakubwa, président du CAPG et coordonnateur national de la campagne des organisations de la société civile congolaise dénommée CAP vers les élections pour le renouvellement et le rajeunissement de la classe politique, le peuple congolais mérite un Congo qui défend les valeurs chrétiennes et capable de nourrir d’autres pays.
« …une RDC où règne la paix, la justice, le droit ; une RDC où chacun se sent dans la joie de vivre, un pays dont sont fiers ses citoyens. Une RDC qui fait vivre plusieurs, une nation qui nourrit d’autres nations, qui bénit d’autres pays, avec un peuple qui fait vivre d’autres peuples. Un Etat dont le fondement est assis sur les valeurs bibliques et qui défend les valeurs chrétiennes qui sont universelles et ‘universables’ en ce temps de la fin », a-t-il expliqué.
En ce qui est du profil du candidat ou de bons dirigeants pour le Congo nouveau, les conférenciers parlent de plusieurs qualités et compétence.
« Des nouveaux dirigeants ayant une vision, une vocation et une foi (qui croient qu’ils peuvent). Des dirigeants intègres et compétents à moralité saine, réglés dans leur conduite qui notamment ne s’adonnent pas à l’alcool ni livrés à l’immoralité sexuel) ; des dirigeants humbles, honnêtes, cohérents qui aiment le pays et leurs concitoyens. Ouverts au monde et donc capables d’ouvrir le pays au monde et ne non se cacher derrière un « patriotisme chauvin » ; des dirigeants pleins de compassion et qui sont sensibles aux besoins du peuple qu’ils dirigent », ont-ils soutenu.
Pour un Congo normal, les personnes à voter sont celles qui se sacrifient pour toute la société.
« Les personnes appelées à diriger les autres doivent être les meilleurs d’eux pour toute société qui se veut normale. Ce sont les citoyens qui imposent la manière d’être et de faire à leurs dirigeants, et nous devons préparer notre peuple à cela particulièrement en cette période électorale», a ajouté Karhakubwa.
Les participants se sont, ainsi, engagés à assurer l’éducation et la sensibilisation électorales pour préparer leurs fidèles à opérer un choix utile en élisant des dirigeants de valeurs pour le relèvement du pays, ensuite les accompagner et les encadrer dans leurs charges. Les responsables religieux se garderont de demander aux fidèles de voter nommément pour tel ou tel autre candidat mais sensibiliser au travers d’un portrait-robot retraçant les valeurs que peut incarner une personne normale appelé à diriger les autres.
-Ne pas voter pour un candidat parce que simplement il appartient à sa famille, à son clan, à sa tribu ou même à sa province;
-Ne pas porter son choix sur un candidat parce que, tout simplement, il lui a donné de l’argent, du poisson, du pagne ou polo, de la bière, … C’est un vote par intérêt éphémère pouvant hypothéquer tout son avenir. Là, il a voté l’argent, le poisson, la bière pour le diriger; et donc il souffrira des conséquences de son choix.
-Ne choisir quelqu’un parce que quelqu’un d’autre le lui a recommandé simplement (lui disant : ‘vote pour x’, sans savoir pourquoi). C’est un vote dicté aux conséquences énormes.
-Ne pas voter pour quelqu’un qu’il ne connait pas. C’est un vote par ignorance !
-Se garder de voter, au nom de la parité, pour des femmes irresponsables menant une vie de dépravation. Mais plutôt pour des femmes respectueuses et modèles en conduite.
-Se garder de voter en faveur d’un candidat qui vit seul au pays, alors que toute sa famille (femme et enfants) ont fui le pays à la recherche d’une « bonne vie » ailleurs. Ce sont des mercenaires.
« Toutefois », a souligné l’orateur, « il existe quelques cas d’exception ».
-Ne pas choisir une personne qu’il reconnait immorale, c’est-à-dire qui vit dans la perversion sexuelle. Il ne se gardera jamais d’harceler ses collaborateurs au risque de transformer les bureaux en des maisons de tolérance
-Ne pas voter pour un candidat qui se fait porter sur ‘tipoy’; c’est un sens de mépris contre ses propres frères, un comportement de dominateur et d’esclavagiste, un comportement humiliant, avilissant, extravaguant et donc inacceptable à ce siècle.
-Ne pas voter pour un candidat qui se confie au fétichisme et autres pratiques occultes semblables. De telles personnes ne seront jamais redevables devant le peuple qui les a élus, mais plutôt redevables aux féticheurs ; le dirigeant n’étant redevable qu’à celui qui lui a donné le pouvoir.
-Ne pas choisir un candidat totalement et publiquement abandonné à l’alcool et qui passe l’essentiel de temps dans des bistrots. C’est un jouisseur qui ne trouvera guère du temps nécessaire pour réfléchir pour l’intérêt public.
-Ne pas porter son choix sur un candidat reconnu impliqué dans le pillage des ressources ou la spoliation du patrimoine public ou commun.
-Ne pas voter pour quelqu’un qu’il reconnait meurtrier ou assassin, non repenti.
Les pasteurs, ils se sont engagés « à prier pour la paix au pays et pour le processus électoral afin que Dieu éclaire les citoyens dans le choix de leurs dirigeants ».
Promettant la restitution des acquis de cette conférence au sein de leurs communautés et églises respectives, les pasteurs ont ému le vœu de voir ce genre d’activité se multiplier en faveur de toutes les communautés de base « en vue d’éveiller la conscience du citoyen au sens de responsabilité particulièrement pendant ce processus électoral ».
Soulignons que la campagne pour le rajeunissement et renouvellement de la classe politique, lancée par le CAPG touche plusieurs provinces de la République démocratique du Congo en vue d’un éveil de conscience pour un vote utile mais aussi des élections crédibles, démocratiques et apaisées projetées le 23 décembre prochain.
Materne Nsiku