Au vu de l’évolution de la situation dans notre pays, pouvons-nous conclure avant l’heure que nous n’avons pas été écouté par ignorance ou par négligence ?
En tout cas, en juillet 2015, un collectif d’intellectuels congolais s’est associé à nous pour publier un livre intitulé Les Congolais rejettent le régime de Kabila aux éditions Monde Nouveau/Afrique Nouvelle, 346 pages.
Sur la couverture se trouve la photo de notre regretté compatriote Gaby Mamba tué à Kinshasa à balles réelles par la police du régime de celui que les laudateurs appellent Joseph Kabila, lors des manifestations des 19, 20 et 21 janvier 2015.
Le ministre de la communication, Lambert Mende, qui se distingue par le mensonge politique à chacune de ses sorties a vite constitué une équipe de six Congolais corrompus pour répondre à notre publication. Malheureusement son livre a été un coup d’épée dans l’eau. Non seulement personne n’en a parlé mais en plus, la réalité a sans cesse montré que notre publication est une somme de vérités que Lambert Mende et son équipe n’ont pas réussi à contredire par des arguments.
L’histoire immédiate prouve chaque jour que les Congolais rejettent de plus en plus le régime de Joseph Kabila. Du reste, très impopulaire sur toute l’étendue de la République, Kabila lui-même a jeté l’éponge avant l’heure pour ne pas subir l’humiliation publique par les urnes : son rejet massif par les Congolais de toutes les provinces.
S’agissant des élections initialement prévues en 2016, nous avons dit en 2015 déjà qu’elles n’étaient pas certaines parce que Corneille Nangaa n’était pas un homme crédible et ensuite parce que sa CENI est complètement inféodée au régime actuel qui lui dicte la ligne de conduite à prendre. Nous avons eu raison car l’élection présidentielle n’a eu lieu en 2016.
Nous sommes revenu plusieurs sur l’organisation des élections législatives et de l’élection présidentielle du 23 décembre 2018 pour souligner son inutilité parce que toutes les conditions ne sont pas réunies du fait que les acteurs sont les mêmes qui avaient trafiqué l’élection présidentielle de 2006 et 2011.
Tout le monde sait que Corneille Nangaa est un produit de l’abbé Malu Malu – le triste expert ès fraudes électorales pour le compte de Kabila.
Dès 2016, nous avons demandé aux candidats éventuels à l’élection présidentielle d’exiger le procès des gouvernants pour la période allant de 2001 à 2017 avant le dépôt de leur candidature, aussi un audit de la CENI pour éliminer les électeurs sans empreinte et les bureaux fictifs qui sont nombreux.
En 2017, nous avons expliqué dans une vidéo comment les États qui organisent les fraudes procèdent avec la machine à voter(que nous avons qualifiée de machine « à voler les voix » des électeurs).
Nous avons enfin demandé aux candidats de l’opposition de se prononcer sur un candidat unique et, enfin, cette année, nous leur avons demandé de fixer une dead line (date limite) pour refuser leur participation à l’élection présindentielle au cas où le régime et la CENI n’obtempéraient pas.
Malgré tous nos appels, nous constatons qu’ils restent toujours dans la logique de leur participation. Pour cette raison, nous avons peur qu’ils soient – comme nous l’avons déjà dit – les accompagnateurs du menu fretin désigné par le tyrannique président sans mandat depuis 2016 et qui trône à la tête de notre pays.
Fidèle à notre tradition, nous aimerions expliquer les enjeux immédiats, en espérant que nous serons cette fois compris.
En réalité, le régime actuel n’a pas envie d’organiser les élections parce que le président sortant n’est pas candidat à sa propre succession et parce qu’il a grandement peur de ce qui lui arrivera s’il quitte le fauteuil présidentiel. En plus, les gouvernants n’ont aucunement envie de perdre leurs avantages.
À ces raisons s’ajoute le manque de moyens financiers car les pays sur lesquels le gouvernement comptait n’ont pas apporté leur contribution, notamment la Chine et l’Afrique du Sud.
Enfin, le clan Kabila n’est pas prêt à utiliser l’argent qu’il a pillé pendant son règne car il n’a pas la certitude de jouer un rôle après décembre.
Résultat : le pouvoir promet les élections sans en avoir l’envie et la volonté de les organiser. Pour s’en sortir, il cherche à attribuer la faute de la non-organisation desdites élections à l’opposition afin de justifier le maintien des dirigeants actuels au pouvoir jusqu’à l’élection du futur chef de l’État : ceci a toujours été leur credo ou leur argument de défense.
Donc, il y a devant nous deux principaux scénarios : pousser les opposants à la faute et au boycott à la veille des scrutins législatifs et présidentiel ou alors faire pourrir la situation pour que le peuple congolais se révolte afin de justifier la non-organisation desdites élections : d’où les provocations, les troubles et les massacres (dans le Kasaï, à Beni et toujours Beni), le non-paiement des professeurs, etc.
Si tout ceci n’aboutit à rien, le gouvernement organisera les élections en les bâclant complètement afin que les résultats soient très largement contestés et afin que l’anarchie suive.
Un tel scénario va bien arranger le camps de Kabila, Mende, Kin Kiey Mulumba et les serviteurs du PPRD qui ont toujours gouverné notre pays dans l’anarchie.
Le président du Sénat, Kengo wa Dongo, n’a-t-il pas publiquement déclaré ?, je le cite : « le président Kabila a bien joué ».
Les propos de M Corneille Nangaa, président de la CENI, disant mercredi dernier, 10 octobre 2018 : « Ceux qui ne veulent pas de la discussion technique sur la machine à voter peuvent quitter la salle », s’inscrivent dans cette logique. En jetant de l’huile au feu, il savait clairement ce qu’il cherchait, car il était en accord avec l’objectif que le pouvoir en place cherche à atteindre à tout prix.
En tout cas, l’on peut penser que M Corenille Nangaa s’est frotté les mains en voyant certains candidats à la présidentielle, dont Vital Kamerhe, Dominique Ngoy, Martin Fayulu, Kin-Kiey Mulumba ainsi que les représentants de Félix Tshisekedi et Freddy Matungulu quitter la salle de réunion.
Donc, il n’a pas agi par arrogance, mépris ou stratégie comme beaucoup l’ont pensé, en visant, par ses propos, « à provoquer le déraillement du processus électoral ». Non. Ce clash a été voulu et mûrement réfléchi pour jeter la faute à l’opposition.
Rappelons que le fabricant coréen a déjà attiré l’attention des Congolais et plusieurs personnalités à l’international se sont exprimées sur ce qui attend les Congolais s’ils ne deviennent pas exigeants.
Depuis que les opposants s’expriment sur les fautes volontairement commises par la CENI et le refus d’exécuter le contenu des Accords de la Saint Sylvestre, rien n’a été fait, notamment la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés, etc. Entre-temps, les aiguilles de la montre tourne et nous sommes maintenant en octobre, c’est-à-dire deux mois avant la date fatidique du 23 décembre 2018.
Dans ces conditions, comment peut-on croire que M. Corneille Nangaa et sa CENI rempliront toutes les conditions pour organiser des élections transparentes et crédibles ? Contrairement à ce que l’on lit dans la presse kinoise, la CENI ne va pas droit au mur.
En maintenant la machine à voter qui est très impopulaire, M Nangaa s’entête délibérément et pousse l’opposition à la faute afin d’atteindre l’objectif lui fixé par son nourricier.
En voulant traîné les pieds, c’est-à-dire en restant à l’expectative jusqu’en décembre qui s’approche à grands pas, les candidats de l’opposition à l’élection présidentielle compliquent l’équation et risquent de jouer le jeu du pouvoir actuel. En sont-ils vraiment conscients ?
Chers compatriotes, refusez de vous laisser duper par un plus malin qui n’écoute que la voix de son maître.
Sachez que le FCC a été créé pour faire croire, après élection, que le dauphin du président sortant a été élu grâce à cette structure. C’est de cette façon que le pouvoir sortant entend obliger l’opposition et le peuple congolais à accepter l’inacceptable.
Ne dit-on pas qu’un homme averti en vaut deux ?
Fweley Diangitukwa