Seuls les hommes (les mâles) arrivés sur le sol anglais seront renvoyés au Rwanda pour leur demande d’asile. Le Royaume-Uni va transférer par avion depuis Londres jusqu’à Kigali des migrants entrés sur son sol depuis janvier 2022 sans idée de retour en Grande Bretagne. » tel est le condensé de l’accord signé entre Boris Johnson et le gouvernement du Rwanda.
Ils sont estimés à près de mille, les malheureux migrants, privés de leurs familles, condamnés à vivre une nouvelle aventure sur la terre du Rwanda. Tout sauf ça.
Le Rwanda compte 12 millions d’habitants avec une superficie de 26.328 kilomètres carrés (équivalant à la moitié de la province du Nord-Kivu), ce petit pays montagneux aux multiples problèmes de survie communautaire avec une densité de près de 400 habitants par Km2, veut se faire passer pour le berceau de l’humanisme sans frontières.
Le Premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson a décidé, moyennant des espèces sonnantes et incertaines, d’offrir en cadeau empoisonné des réseaux djihadistes à Paul Kagame, coût de l’opération 144 millions de livres sterling. Pour un djihad global et coordonné dans la région des Grands Lacs africains.
A travers cet accord, Kigali signe l’arrivée du nouveau contingent des islamistes qui faisaient défaut à l’Oumma dans les Grands Lacs africains. Ils vont renforcer les ADF/MTM. Paradoxal quand même. Comment Kigali, soutenu par la France, qui combat les islamistes Al Sunnah au Mozambique peut-il se permettre un tel acte ?
L’étonnement qui a gagné le monde entier à l’annonce de cette affreuse nouvelle se justifie pour beaucoup des raisons. D’abord, et au-delà de la géographie naturelle de ce petit pays, le Rwanda vit un problème de surpopulation qui n’a pas hésité, dans une politique de « vidange de l’étang », de déverser quantité importante de ses concitoyens (Hutu) dans la région des Grands Lacs singulièrement dans le Kivu.
Et de leur priver le droit de jouir de la terre de leurs ancêtres, ils errent à travers le monde, traités comme des maudits subissant humiliation de tout genre. De deux, comment Kigali qui tente, à travers des programmes divers, l’assainissement d’une partie de sa population et qui prône la vasectomie comme moyen de contraception pour entraver les naissances auprès d’une population cible, peut-il oser accueillir d’autres populations dans son espace aussi étroit ? On le sait, les grandes puissances anglo-saxonnes entérinent une situation de fait, celle de voir des (réfugiés) Hutu s’intégrer au Congo.
Dans ce cas, cette politique mise à jour par Boris Johnson cache mal une idée de « métisser le Rwanda » pour effacer et/ou diminuer sensiblement une partie de sa population. Et croire que c’est sur base de ladite politique que Kigali justifie sa politique de déstabilisation de la région de Grands Lacs dont le Kivu, l’étonnement entoure le ridicule. De trois, comment expliquer le changement de stratégie de Kigali qui continue à armer certains congolais d’expression kinyarwanda à travers des rébellions (RCD, CNDP, M23) prétextant officiellement obtenir le retour au Kivu de leurs parents, réfugiés au Rwanda, et, du coup, s’intéresser à des personnes aux nationalités diverses n’ayant aucune affinité culturelle avec le Rwanda ?
En clair, le combat du CNDP, du M23 ne se justifie que dans ce souci de couper une partie de la RDC (le Kivu) pour l’annexer au Rwanda. En d’autres termes, pour une révision des frontières telle que l’avait exprimée avec impatience Pasteur Bizimungu et bien d’autres comme Roger Winter, le professeur Mazrui, le Soudano-américain Dieng.
Enfin, comment comprendre cet éparpillement des populations d’expression kinyarwanda (sous appellation Banyamulenge) au Sud-Kivu à la recherche des terres cultivables au moment où Kigali en distribue à d’autres ? Depuis que les Occidentaux ont confié au Rwanda le leadership économique de la région au détriment de la RDC, la région des Grands Lacs connaît l’émergence de nouvelles formes de violences, la criminalité, les revendications territoriales et identitaires ainsi que l’extrémisme violent et armé qui renforcent chaque jour cette zone de volcan qui pérennise la violence armée et le déplacement des populations.
Somme toute, la part importante de l’irresponsabilité obsessionnelle revient aux Congolais. On ne peut que s’étonner du silence des intellectuels, des notables et politiciens du Kivu notamment, de la jeunesse, des médias, des mouvements citoyens, de la société civile et de la diaspora congolaise à l’annonce d’un tel accord aussi suicidaire. Demain, ça sera trop tard. Qui dit mieux !
Julardin Nkinzo