Dès les premiers mois de son règne, l’homme de Lubero se positionne comme l’héritier politique du premier Premier ministre congolais, Patrice Emery Lumumba, figure emblématique de la lutte pour l’indépendance et martyr national. Pour Kabila père, cette filiation symbolique n’était pas qu’un discours : elle constituait le socle idéologique de son pouvoir.
Un pouvoir qui se revendique « libérateur »
En chassant Mobutu, Laurent-Désiré Kabila s’affirme non seulement comme celui qui met fin au régime du Zaïre, mais aussi comme le restaurateur de la souveraineté nationale.
Son langage politique emprunte régulièrement aux idéaux lumumbistes :
rejet des ingérences extérieures,
affirmation d’une indépendance politique totale,
valorisation du nationalisme congolais,
lutte contre ce qu’il appelait « la prédation étrangère ».
À travers ses discours, Kabila s’est présenté comme l’homme capable de ramener le pays à l’esprit de 1960, celui d’une indépendance assumée et défendue jusqu’à son dernier souffle par Lumumba.
En rappelant continuellement l’héritage lumumbiste, Kabila cherchait à donner une profondeur historique à son pouvoir naissant.
Dans une société meurtrie par des années de crise, cette référence avait une fonction double :
légitimer son autorité,
rallier les Congolais autour d’une figure nationale incontestée.
Pour de nombreux observateurs, cette stratégie s’inscrivait dans le désir du nouveau chef de l’État de se différencier radicalement de Mobutu, dont le régime avait été associé à la personnalité de Kasavubu puis à l’effacement progressif de la mémoire de Lumumba.
Malgré son discours, le mandat de Laurent-Désiré Kabila a été rapidement confronté à des défis immenses : tensions régionales, guerre, pressions internationales et contradictions internes au sein du pouvoir.
Mais son intention de replacer l’héritage de Lumumba au cœur de la politique congolaise reste un marqueur important de son passage.
Aujourd’hui encore, dans les débats politiques et mémoriels en RDC, le lien revendiqué par Kabila avec Lumumba demeure l’un des points clés permettant de comprendre la vision qu’il portait pour le pays.






















































