Lors de ses récentes apparitions publiques, Kabund a dénoncé ce qu’il qualifie de « dérive dictatoriale » du régime Tshisekedi, pointant du doigt la mauvaise gestion des ressources publiques, la corruption persistante au sein des institutions, et l’échec du gouvernement face à l’insécurité dans l’Est du pays. Il accuse également le chef de l’État d’avoir trahi les idéaux historiques de l’UDPS et d’avoir confisqué les institutions au profit d’un cercle restreint.
Face à cette offensive, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social n’a pas tardé à réagir. Le parti présidentiel a confié à Augustin Kabuya, son secrétaire général, la mission de porter la riposte politique et médiatique. Dans une série d’interventions à la télévision et sur les réseaux sociaux, Kabuya a fermement rejeté les accusations de Kabund, qualifiant son ancien camarade de « frustré politique » et de « manipulateur en quête de revanche personnelle ».
« Jean-Marc Kabund n’est pas un modèle de vertu. Ce qu’il dénonce aujourd’hui, c’est ce à quoi il a activement participé hier. Il devrait commencer par s’expliquer sur sa propre gestion à l’Assemblée nationale et sur les raisons réelles de sa disgrâce », a-t-il déclaré lors d’une récente conférence de presse.
La tension entre les deux hommes ne date pas d’hier. Kabund et Kabuya ont longtemps été les piliers de l’appareil militant de l’UDPS, notamment lors de la longue lutte de l’opposition sous Étienne Tshisekedi. Mais depuis l’arrivée au pouvoir en 2019, leurs chemins ont divergé. Kabund, un temps considéré comme le numéro deux officieux du régime, a été progressivement marginalisé, jusqu’à son éviction de la vice-présidence de l’Assemblée nationale en 2022, puis son arrestation en 2023 sur fond de poursuites judiciaires controversées.
Son incarcération, qu’il considère comme une manœuvre politique, n’a fait que renforcer sa posture d’opposant. À sa sortie, il a relancé son parti, l’Alliance pour le Changement, et affiche désormais une ambition claire : se positionner comme l’alternative crédible à Félix Tshisekedi pour les prochaines élections générales.
Cette montée des tensions s’inscrit dans un contexte politique globalement tendu, à trois ans des élections générales prévues en 2028. L’opposition, encore morcelée, tente de se réorganiser face à une majorité présidentielle qui peine à contenir les critiques, notamment sur la situation sécuritaire dans l’Est, le coût de la vie, et les accusations de clientélisme.
La rivalité Kabund-Kabuya pourrait donc marquer l’un des épisodes clés d’une recomposition politique plus large, dans un pays où les alliances et trahisons font partie intégrante de la dynamique électorale.
