La République démocratique du Congo, est l’un des pays les plus riches en minerais, mais ses habitants sont parmi les plus pauvres et les plus souffrants du monde.
La corruption, les guerres, le pillage des ressources naturelles par les superpuissances et les pays voisins, la violation des droits de l’homme, la mauvaise administration, ainsi que la faiblese des institutions publiques.
Cette situation résume les perspectives politiques et socio-économiques du continent africain.
La date du 30 juin 2022 marque aujourd’hui le 62ème anniversaire de l’indépendance, une indépendant proclamée le 30 juin 1960 à Bruxelles devant le colonialiste, roi de Belgique.
A cette occasion, le leader indépendantiste congolais et premier Premier ministre démocratiquement élu de la RDC a prononcé un discours passionné contre la colonisation belge de son pays.
Un discours qui a été largement applaudi en Afrique, mais il a été considéré comme une provocation à la race blanche en général et à la Belgique en particulier.
La vision des Belges d’une RDC indépendante ne ressemblait en rien à celle de Lumumba, une vision patriotique et panafricaniste.
« Bien que cette indépendance du Congo soit proclamée aujourd’hui par un accord avec la Belgique, pays ami, avec lequel nous sommes sur un pied d’égalité, aucun Congolais n’oubliera jamais que l’indépendance s’est conquise dans la lutte, une lutte persévérante et inspirée menée au jour le jour. jour, une lutte, dans laquelle nous n’étions pas découragés par la privation ou la souffrance et n’avons épargné ni force ni sang. Il était rempli de larmes, de feu et de sang. Nous sommes profondément fiers de notre combat car il a été juste, noble et indispensable pour mettre fin à l’esclavage humiliant qui nous a été imposé”, déclarait Emery Patrice Lumumba.
Chaque fois que la RDC célèbre son indépendance, différentes opinions contradictoires surgissent normalement. Il y a des Congolais et des Africains qui diront qu’il n’y a pas lieu de célébrer la Fête de l’Indépendance d’un pays où la majorité de la population souffre malgré l’abondance des ressources minérales. Ce point de vue semble ignorer ou peut-être cacher une plus grande incompréhension de la route africaine vers la liberté qui a été définie par de grands fils et filles éminents de notre continent.
Cette discussion ne cherche pas à faire taire ceux qui souscrivent à l’idée que les Africains en général et les Congolais en particulier ne doivent pas célébrer leurs anniversaires d’indépendance.
Il suggère donc que les Africains en général et les Congolais en particulier ne doivent pas avoir honte de célébrer leurs anniversaires de la fête de l’indépendance car la liberté politique dont jouissent aujourd’hui les Africains est l’accomplissement d’une mission générationnelle.
La référence à Fanon s’explique par sa description précise de l’Afrique post-coloniale.
Frantz Omar Fanon était psychiatre, philosophe politique, humaniste marxiste et membre estimé du Comité exécutif national du Front de libération nationale algérien, l’ANLF. Un intellectuel organique est considéré comme un intellectuel qui s’est rangé du côté des opprimés et n’a jamais adhéré à l’intelligence traditionnelle qui se considère comme une classe à part du reste de la société.
En tant que soldat du peuple, il s’est rangé du côté des opprimés pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie vis-à-vis de la France.
Dans son éminent “Les Damnés de la Terre”, Les Misérables de la Terre, Fanon affirme “Chaque génération doit, dans une relative obscurité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir”.
Se référant à l’argument de Fanon et allant à l’argument central de cette discussion. En ce qui concerne la RDC en particulier et l’Afrique, il faut se poser une question, quelle était la génération de Patrice Lumumba ?
La réponse est plus que simple, la génération de Lumumba était la génération des combattants de la liberté, Julius Nyerere, Keneth Kaunda, Kwame Nkrumah, Samora Machel, Frantz Fanon, Amilcar Cabral, Oliver Thambo, Kwame Nkrumah… qui ont combattu la liberté de quatre Africains et l’éradication du colonialisme.
La génération ci-dessus, qui peut être considérée comme la première génération d’Africains désintéressés, avait d’abord une mission générationnelle, la liberté politique et l’éradication du colonialisme/apartheid sur tout le continent.
Le membre de cette génération a convenu qu’une fois cette mission accomplie, la prochaine étape est la liberté économique de notre vivant. Cette première génération a-t-elle rempli ou trahi sa mission générationnelle ? pour reprendre les mots de Fanon, il ne l’a pas trahi, il l’a plutôt réalisé.
La preuve en est que cette génération a effectivement éradiqué le colonialisme/l’apartheid et apporté la liberté politique à l’ensemble du continent.
Ainsi, célébrer les anniversaires de la fête de l’indépendance, c’est célébrer l’accomplissement de la première génération, Uhuru/liberté.
La principale raison de la souffrance de la majorité des Africains en général et des Congolais est que les générations futures n’ont pas réussi à définir leurs missions générationnelles, et ceux qui ont réussi à les définir les ont lâchement trahis.
Par exemple, la génération suivante après la première génération n’a pas compris que la liberté politique était le premier pas vers la liberté économique, d’où la mission de la deuxième génération était la liberté économique de notre vivant.
Cette deuxième génération n’a pas rempli sa mission, elle a choisi de la trahir, en acceptant d’être les représentants, les défenseurs et les protecteurs des intérêts des anciens maîtres coloniaux pour notre continent.
Fanon a bien décrit cette génération dans son livre « Peau Noire, Masque Blanche » Black Skin, White Mask.
Ce qui le rend complexe, c’est que certains de ces dinosaures de la deuxième génération, sont encore la figure dominante dans les espaces politiques et économiques africains contemporains, présidents, ministres et gouverneurs.
Ils se battent entre eux, ils utilisent les institutions publiques pour leur propre profit économique et politique. Ils ont coopté certains membres des générations suivantes et ont transformé certains d’entre eux en “Political Vuvuzela” et politique l’arme de destruction de chacun. Ils doivent s’assurer que leurs enfants, les membres de leur famille et leurs amis sont leurs successeurs légitimes et ceux qui siègent à l’échelon supérieur de la bureaucratie publique où les décisions sont prises. Ils sont le plus gros monstre que les colonisateurs !
Cette discussion devient pire, plus que complexe quand on regarde les générations après la seconde, elles n’ont aucune mission, et seuls quelques-uns dans la périphérie tentent de développer une mission générationnelle.
Bien qu’ils soient le symbole de l’espoir pour tout le continent, la majorité des années 1970 et 1980 ont grandi pour devenir le défenseur et les doublons de la deuxième génération. Certains d’entre eux sont les enfants des membres idiocratiques de la deuxième génération, et d’autres sont les idiots instruits qui n’ont rien à offrir.
Peu d’entre eux qui pourraient ouvrir la fenêtre des opportunités aux autres sont corrompus, idéologiquement vides, pilleurs des ressources publiques, prostitués politiques et défenseurs de tout ce qui fait sourire leurs estomacs. Leur mode de vie est financé par les ressources publiques, le pillage du dinosaure politique et les dividendes après avoir sucé les parties intimes des anciens oppresseurs. La partie triste de cette génération est représentée par cet autre groupe dans les années 1970 et 1980, et dans une certaine mesure les années 1990, ils travaillent dur pour tout le monde, et ils portent tout le monde dans leurs familles. Ils sont communément appelés “Contribuables Noirs”, on s’attend à ce qu’ils soient des Tarzan financiers. Ils n’ont donc pas le temps de penser aux missions générationnelles. Dans cette même catégorie, vous trouverez des condamnés à la pauvreté et au crime, ils sont au chômage et inemployables, et certains d’entre eux vivent en prison, sinon, ce ne sont que des zombies sociaux.
Les années 2000 sont une histoire pour un autre jour, on peut peut-être écrire une thèse de doctorat entière à leur sujet.
Célébrons l’exploit politique de la première génération, sans oublier les mots de Frantz Fanon « Chaque génération doit, dans une relative obscurité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. Dans l’état actuel des choses, notre mission est toujours la mission de la deuxième génération, la « liberté économique ». Une fois la liberté économique acquise, personne ne se posera la question de savoir si nous devons célébrer les jours de l’anniversaire de notre indépendance.
Vive Patrice Lumumba !
Vive la RDC !
Vive l’Afrique !
Feruzi Ngwamba, coordinateur du programme d’accès au Collège des sciences humaines de l’Université du KwaZulu Natal, Il est le rédacteur anglais de Kivu-Avenir.