Des témoins ont observé que les troupes étaient divisées : une partie a traversé à pied, transportant armes et équipements, tandis qu’une autre avançait dans des véhicules militaires de type jeeps.
Un contexte tendu et confus
Cette manœuvre militaire intervient dans un climat de confusion. Il y a une semaine seulement, les forces du M23 s’étaient partiellement retirées de plusieurs positions stratégiques dans la zone, notamment autour de la cité de Kasheke, dans le cadre de ce qui semblait être un geste en faveur de la décrispation sous pression diplomatique.
À la suite de ce retrait, les groupes d’autodéfense Wazalendo, qui regroupent des volontaires locaux armés, avaient immédiatement pris position dans les localités libérées, fortifiant notamment leur présence à Kasheke et ses environs.
Le samedi 26 avril, les leaders des Wazalendo avaient publiquement appelé les habitants des cités de Kasheke et Kabamba à reprendre leurs activités, promettant d’assurer la sécurité contre toute menace rebelle.
L’arrivée du M23 remet en question cette dynamique
L’incursion de ce dimanche vient relancer les craintes d’un possible affrontement. Bien qu’aucun combat n’ait encore été signalé, les habitants redoutent une dégradation rapide de la situation si les Wazalendo et le M23 se retrouvaient face à face dans la même zone.
La présence simultanée de ces deux forces dans un même espace géographique pourrait :
• Déstabiliser l’équilibre fragile instauré après le retrait du M23,
• Relancer les déplacements de populations, déjà très marqués dans le Sud-Kivu,
• Accroître la militarisation des cités locales et des zones rurales.
Efforts diplomatiques intenses en parallèle
Cette nouvelle évolution militaire survient alors que des négociations diplomatiques cruciales sont en cours pour ramener la paix à l’Est du Congo :
• À Doha, un dialogue direct est amorcé entre le Gouvernement congolais et l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), dont le M23 est un acteur majeur.
• Luanda et Nairobi, les processus régionaux existants, cherchent à harmoniser les positions entre les États de la région.
• Washington a récemment lancé une nouvelle dynamique diplomatique, visant à apaiser les tensions entre Kinshasa et Kigali, accusé de soutenir le M23.
Ces multiples initiatives montrent la complexité du conflit : il ne s’agit pas seulement d’une crise militaire locale, mais d’un enjeu régional et international, où les intérêts politiques, économiques et sécuritaires s’entremêlent.
La situation humanitaire en sursis
La population civile de Kalehe, déjà éprouvée par des années de violence, est de nouveau sous pression. Les ONG et les agences humanitaires sur le terrain redoutent une nouvelle vague de déplacés si les combats devaient reprendre dans cette zone densément peuplée et économiquement vitale pour la région.