L’arrestation des jeunes dans la ville de Beni pour avoir organisé des élections dans leur contrée choque la Société civile du Sud-Kivu. Dans une interview accordée au journal Kivuavenir.com, le président de cette structure citoyenne du Sud-Kivu, Maitre Patient Bashombe, condamne cet acte qu’il qualifie d’injuste et demande l’implication personnelle du gouverneur du Nord-Kivu pour obtenir la libération immédiate de nos compatriotes. En effet, la CENI a exclu la population des circonscriptions électorales de Beni, Beni-ville et Butembo en province du Nord-Kivu d’aller voter, le 30 décembre dernier ; pour raisons d’insécurité et de l’épidémie d’Ebola. Défiant ce motif avancé par la centrale électorale, la population a organisé des élections populaires qui viennent de conduire à l’arrestation de certains jeunes par la justice militaire de Beni ; un acte qui indigne la société civile du Sud-Kivu.
« La société civile du Sud-Kivu a appris l’arrestation de nos collègues acteurs de la société civile de BENI accusés d’avoir organisé l’élection populaire à BENI. Comment expliquer que l’on accusé injustement des civiles et on les défère devant les juridictions militaires pour des infractions non prévues ni par le code pénal ordinaire, ni par le code pénal militaire. Ce qui démontre à suffisance que l’objectif de cette exclusion de nos compatriotes de BENI serait finalement de les traumatiser et les maintenir dans une sorte de peur Cauchemardesque », regrette Me Patient Bashombe.
A travers l’organisation des élections populaires à Béni, la société civile encourage ces jeunes qui ont utilement occupé la population contre toute violence.
« En organisant ces élections populaires, ces collègues et compatriotes ont fait preuve de la non-violence car ils ont occupé positivement la population de Beni pour qu’elle ne se livre pas à la violence. Il fallait plutôt les primer car, j’ose croire qu’ils peuvent faire de bons agents de la CENI prochainement », soutient-il.
Ces élections, quoique non considérées par la Commission électorale nationale indépendante, souligne notre source, n’étaient qu’une expression simulée.
« Tout le monde sait bien que les résultats des élections populaires de BENI ne seront pas prises en compte par la CENI. Tout le monde sait que la population de BENI, au regard des crimes qu’elle subit et continue de subir, ne pouvait pas rester sans rien dire et sans rien faire, comme s’ils étaient des sous hommes. Les élections organisées par eux, étaient une expression simulée en attendant que la CENI organise officiellement les élections spécialement pour eux », renchérit-il s’interrogeant sur l’importance des élections projetées par la centrale électorale au mois de mars dans cette partie du Nord-Kivu alors que le Président de la République aura presté serment pour son premier mandat de 5 ans.
La société civile du Sud-Kivu appelle la justice militaire de libérer, sans conditions, ces jeunes « qui ont fait preuve de non-violence ».
« La société civile du Sud-Kivu condamne cette arrestation et demande au Gouverneur du Nord-Kivu de ne ménager aucun effort pour la libération immédiate de ces compatriotes. Aux services de sécurité et à la justice militaire de libérer purement et simplement nos collègues acteurs de la société civile de BENI. Libérez nos compatriotes de BENI », exhorte-t-il.
Pour rappel, six jeunes du Mouvement citoyen Veranda Musanga actif à Beni, ont été arrêtés, dimanche 06 janvier alors qu’ils étaient en pleine réunion d’évaluation des activités de leur organisation. Selon la police, ils sont reprochés en plus d’avoir organisé des élections contre la volonté de la CENI, d’être des commanditaires de l’insécurité dans cette partie du Nord-Kivu.
Patrick Kambale