La rareté des produits Bralima et la flambée des prix de la bière traditionnelle, notamment la Primus dont le prix est passé de 4000 FC à 9000 FC, ont poussé les jeunes à se tourner vers des boissons artisanales comme le Sapilo, Buka Mbeto, Kaleoleo ou encore le Vin Chargeur, disponibles entre 1000 et 2000 FC. Les quartiers populaires de Bukavu sont particulièrement touchés.
Cette situation a de graves conséquences sur la santé mentale et physique des jeunes. Safari Bumba Prince, psychologue et clinicien à l’organisation Action Chrétienne pour l’Aide et le Développement (ACAD), met en garde :
« Les jeunes s’exposent aux maladies mentales. Ceux qui consomment ces boissons souffrent souvent de troubles de l’équilibre, de complications graves, de troubles cognitifs et comportementaux, ainsi que de confusions. Certains n’arrivent plus à travailler, d’autres tombent malades, et certains décèdent. »
Il appelle les autorités à interdire l’importation et la vente de ces boissons dangereuses et recommande des campagnes de sensibilisation sur leurs effets néfastes :
« Il faut multiplier les sensibilisations, montrer aux jeunes les conséquences physiques et mentales de ces boissons. Cette sensibilisation doit être adaptée pour aider à une prise de conscience de la gravité de la situation. »
Dans la localité de Kamanyola, en territoire de Walungu, les conséquences sanitaires et sociales sont alarmantes. Un encadreur du lycée de Kamanyola explique que l’arrêt des activités économiques alimente l’alcoolisme :
« L’alcool n’est pas une solution au chômage. Les jeunes devraient s’orienter vers des activités constructives comme le sport, la lecture ou d’autres loisirs enrichissants. Malheureusement, beaucoup passent le plus clair de leur temps dans les débits de boissons, pensant ainsi atténuer leur stress. »
La même situation est observée à Kabare, au nord de Bukavu. Pascal Marhegane, chargé des communications médias et jeunes au Conseil territorial de la jeunesse de Kabare, met en lumière les impacts économiques et sociaux :
« Les consommateurs ne produisent plus, leurs familles ne sont plus prises en charge et certains enfants n’étudient plus. En plus, ils deviennent parfois une source d’insécurité. »
Face à cette situation critique, des voix s’élèvent pour demander aux organisations humanitaires de renforcer l’encadrement des jeunes pendant cette période de crise. Les autorités politiques et administratives sont également appelées à réguler strictement la vente et la consommation des boissons fortement alcoolisées afin d’endiguer ce phénomène.
Article produit dans le cadre du projet « Habari za Mahali ». Un projet du consortium RATECO, REMEL avec le soutien de Media4Dialogue de LaBenévolencja