À Kamanyola, dans le territoire de Walungu, les enseignants des écoles primaires et secondaires officielles et privées, les agents des organisations humanitaires et les hommes d’affaires, qui dépendent des banques et des coopératives d’épargne et de crédit, sont plongés dans une crise financière.
Un changeur de monnaie local rapporte que le taux de change varie quotidiennement et que les retraits via Airtel Money sont lourdement taxés à hauteur de 10 %.
« Je demande aux autorités de nous venir en aide, de financer les coopératives. En plus, aux banques d’ouvrir pour que nous puissions avoir accès aux comptes », plaide-t-il. Il encourage également les banques à développer le mobile banking et la digitalisation pour contourner ces difficultés.
Dans le territoire de Kalehe, à plus de 60 km au nord de Bukavu, les enseignants des écoles publiques et conventionnées n’ont toujours pas reçu leurs salaires de janvier et février 2025. Privés d’accès à leurs comptes bancaires, ils peinent à subvenir aux besoins de leurs familles. Patrice Lusheke, enseignant dans une école primaire à Mbinga, décrit la difficulté de son quotidien :
« Ma vie est tellement difficile à cause des fermetures des banques. Ces derniers temps, nous vivons des produits des jardins familiaux. Je ne trouve pas d’argent. J’ai contracté des crédits, je ne sais pas à quel moment je paierai. Que les autorités politico-administratives et scolaires plaident afin que les banques soient ouvertes et les institutions de microcrédits soient opérationnelles ».
Par ailleurs, les écoles privées et conventionnées, ne dépendant pas directement des banques, procèdent au recouvrement forcé des frais scolaires. Face à l’incapacité des parents à payer, certains élèves ont abandonné les cours.
« Nous n’avons plus espoir pour gagner de l’argent. Nous ne pouvons pas payer les frais scolaires des enfants dans les écoles secondaires. Les choses sont très difficiles. Les autorités doivent agir dans l’urgence », lance Bora Baguma Christian, un parent de Mbinga.
Le professeur Akilimali Ndatabaye Ephrem souligne les conséquences économiques et sociales de cette crise.
« La vie s’arrête parce que quand on n’a pas d’argent, on ne peut pas vivre. Nous vivons pratiquement l’ère où tout notre argent est gardé en banque. Maintenant, si la banque ne fonctionne pas, ça devient compliqué. Les individus sont obligés de thésauriser. La thésaurisation, c’est comme de l’argent improductif. D’autres seront obligés de faire des dépenses moins raisonnables parce qu’ils ont de l’argent en main mais ne savent pas épargner. Alors, ça va vraiment décevoir », analyse-t-il.
Toutefois, certains enseignants et fonctionnaires de l’État ont perçu leurs salaires de février 2025 grâce au service de Pepele Mobile. Pour soutenir la population affectée par les conflits armés, certaines coopératives ont adopté la digitalisation de leurs services, offrant des transactions sans frais de retrait ni de dépôt.
Article produit dans le cadre du projet « Habari za Mahali ». Un projet du consortium RATECO,
REMEL avec le soutien de Media Dialogue de La Benévolent