Les autorités militaires placées à l’endroit des civils dans les provinces sous état de siège en République Démocratique du Congo,ont, par ailleurs, utilisé leurs pouvoirs exceptionnels pour porterencore plus atteinte aux droits des personnes en toute impuniténotamment au droit à la liberté d’expression et de réunion, et audroit à la justice.
Cette affirmation est de « Amnesty International ». Elle contientdans un rapport sur l’état de siège en vigueur dans les provinces duNord-Kivu et de l’Ituri en République Démocratique du Congo, rendu public, ce mardi 10 mai 2022 à Kinshasa
Dans ce rapport intitulé “ RDC : la justice et les libertés en état desiège au Nord-Kivu et en Ituri”, indique Actualité.cd, cetteorganisation de défense des droits humains indique que 12 mois déjà, soit année après sa proclamation, l’état de siège décrété dans 2 provinces de la RDC ( Nord-Kivu et Ituri) n’a pas réussi à atteindrel’objectif déclaré d’améliorer au plus vite la situation sécuritaire.
« C’est un rapport qui montre comment l’état de siège qui était censé aider à améliorer la protection des civils et à combattre les groupes armés a été plutôt utilisé par les autorités militaires pour faire taire toute voix critique, réprimer y compris violemment, en jetant les activistes des droits humains en prison en toute impunité et comment cet état de siège a également occasionné le dysfonctionnement total de la justice dans cette partie du pays, une justice qui était déjà affectée par des années des conflits. Donc on a des prisons surpeuplées déjà à l’époque qui sont encore surpeuplées qu’avant avec le taux atteignant 1000% de remplissage, on a le nombre de détenus provisoires qui a explosé », a expliqué, au micro d‘Actaulité.cd, Jean-Mobert Senga, chercheur sur la RDC pour Amnesty International.
Jean-Mobert Senga poursuit en disant que dans ces deux provinces sous état de siège, des personnes sont en prison alors qu’elles ne devraient pas l’être. Il ajoute que plus au moins le tiers de la population se trouve en prison et cela d’une manière arbitraire.
«…L’état de siège a servi à malmener les libertés publiques et les droits humains dans ces provinces qui sont déjà suffisamment meurtries par des années de conflits et de violations des droits de l’homme. Comme vous le savez, le Nord-Kivu par exemple, c’est la province qui a le record des violations des droits de l’homme dans tous les rapports du BCNUDH depuis qu’il a été créé et malheureusement depuis une année, on a vu une augmentation substantielle de ces violations y compris par les groupes armés et par les acteurs étatiques », fait savoir ce dernier.
Par le biais de ce rapport de Amnesty International, ce chercheur,renseigne que l’état de siège n’a épargné les voix critiques à cette mesure d’exception prise par le chef de l’État Congolais, afin de lutter contre les groupes armés dans la partie Est du pays.
« Pour ce qui est des activistes, il y a 12 activistes de la Lucha qui étaient condamnés il y a un mois à une année de prison, tout simplement pour avoir organisé une manifestation pacifique dans laquelle ils demandaient à ce qu’on puisse évaluer de manière conséquente l’état de siège avant sa prolongation. Ils ont été arrêtés, ils ont passé 5 mois en prison sans être jugés et quand ils ont été jugés, ils ont été condamnés à une année de prison, certains d’entre eux sont tombés malade pendant la détention à cause des mauvaises conditions de détention, c’est une punition totalement injustifiée, inhumaine et inutile. Il y a d’autres cas, ce n’est pas que ces deux cas, il y a eu également au moins deux activistes des droits humains qui ont été tués pendant cet état de siège : Kabrale Yombo de Walikale qui dénonçait les taxes illégales par des militaires et puis Mumbere Ushindi de la Lucha tué au mois de janvier par des policiers pendant une manifestation. Il y a eu 3 journalistes qui ont été tués, y compris un journaliste de la RTNC Station de Rutshuru, le gouvernement, le ministre de la communication a promis à plusieurs reprises des enquêtes jusqu’à ce jour aucune enquête n’a abouti, personne n’a été jugée pour ces meurtres-là », conclut ce média en ligne.
l’État de siège ne devrait pas durer longtemps d’autant plus que l’armée et la police ont déjà pour rôle la protection de l’intégrité territoriale mais aussi des personnes et de leurs biens.
Il est à rappeler que c’est depuis le 3 mai 2021 que la mesure sur l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri est entré en vigueur. Malgré des critiques de la part des personnes, organisations de la société civile et mouvements citoyens, cet état de siège vient de totaliser une année et quelques jours déjà.