« Le Katanga ne se rendra pas »
Le communiqué publié ce samedi est sans équivoque :
« Le Katanga ne se rendra pas. Les Swahiliphones ne se plieront pas. Ce n’est plus une option politique ; c’est un devoir de mémoire, une exigence de vie et de dignité. Défendre Joseph Kabila, c’est défendre l’âme du Katanga, c’est défendre la République, c’est résister à l’effacement planifié du peuple Swahiliphone. »
En plaçant le sort de Joseph Kabila au cœur d’une lutte identitaire, le Bloc Katangais entend mobiliser au-delà des clivages partisans. Selon ses leaders, il ne s’agit plus seulement de la défense d’un ancien président, mais de la survie même d’une mémoire collective et d’une région souvent marginalisée dans le débat national.
Cette prise de position révèle l’ampleur du malaise suscité par le procès. En reliant directement la cause de Joseph Kabila à celle des Swahiliphones, le Bloc Katangais transforme l’affaire judiciaire en symbole de résistance communautaire et régionale.
Pour de nombreux observateurs, ce discours risque d’attiser davantage les tensions dans un pays marqué par des fractures régionales profondes, notamment entre l’Ouest et l’Est, et par une méfiance persistante entre le pouvoir central et les provinces minières du Katanga.
Le procès de Joseph Kabila, déjà jugé « politique » par plusieurs opposants dont le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, prend désormais une tournure plus explosive. La justice militaire, qui a requis la peine de mort contre l’ancien chef de l’État, se retrouve confrontée à une contestation de plus en plus large, où les enjeux judiciaires se mêlent aux passions politiques et identitaires.
Si pour le gouvernement, ce procès vise à faire éclater la vérité sur des accusations de trahison et de collusion avec le Rwanda, pour le Bloc Katangais, il s’agit clairement d’une tentative d’effacer un pan entier de l’histoire nationale et de fragiliser un bastion politique incontournable.
La réaction du Bloc Katangais ouvre un nouveau front dans ce dossier sensible. À mesure que le procès avance, le risque de voir l’affaire dégénérer en affrontement politique, régional et identitaire devient de plus en plus palpable.
Désormais, pour ses partisans, défendre Kabila revient à défendre le Katanga et la voix swahiliphone dans la République. Une posture qui pourrait galvaniser les soutiens locaux, mais aussi accentuer la fracture nationale dans une RDC déjà fragilisée par des conflits récurrents à l’Est.