Les députés ont évincé à une très large majorité le premier vice-président de leur Assemblée nationale, Jean-Marc Kabund-A-Kabund. Sa destitution est intervenue, lundi 15 mai, lorsqu’au cours d’une plénière 289 sur 315 élus se sont déclarés favorables pour la pétition qui l’a emporté.
En effet, la pétition avait été lancée par le député Jean-Jacques Mamba, élu sur la liste du MLC, parti membre de la coalition Lamuka de l’opposition, au motif que le premier vice-président de l’Assemblée nationale aurait nui à l’image de son institution en assurant publiquement sur les ondes de la radio Top Congo FM que convoquer un congrès pour voter l’état d’urgence sanitaire face au coronavirus coûterait « 7 millions de dollars », un chiffre sans rapport avec la réalité, avait donc toutes les chances d’être votée si elle recueillait les 50 voix nécessaires (sur 500 députés) pour pouvoir être déposée.
Selon la Libre afrique, si l’opposition a largement laissé les deux constituantes de la coalition au pouvoir se déchirer, cette pétition ne pouvait dès lors exister que si les membres du FCC décidaient d’apposer leur signature au bas de ce texte. A partir du moment où, parmi les signataires de la pétition, se retrouvaient une grande majorité de FCC, il ne faisait guère de doute que le texte irait au bout de son processus et déboucherait dès lors sur la destitution de Kabund-a-Kabund. Et de fait, sur 315 députés participant au vote en cette période de pandémie de Covid-19, 17 se sont opposés à la pétition, 9 se sont abstenus, tandis que 289 élus ont voté en faveur du texte.
A en croire notre source, depuis l’annonce de la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle le parti présidentiel sait qu’il est et sera toujours sous la tutelle d’un pouvoir législatif national entièrement entre les mains du Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila.
Désormais, point n’est besoin de s’interroger sur l’avenir de ces deux méga-plateformes politiques congolaises (FCC-CACH). L’avenir s’annonce sombre à tel enseigne que le risque de voir le bateau chavirer est très grand.
La tension entre Jean-Mard Kabund et Jeanine Mabunda, la présidente très kabiliste de l’Assemblée nationale n’est un mystère pour personne. L’éviction de Kabund, qui a tenté un dernier croche-pied à sa présidente quand celle-ci a mis au vote la pétition alors qu’un litige planait toujours sur une des signatures de la pétition, n’a rien arrangé. A travers cette inimitié, ce sont les limites de la coalition FCC – Cach (de Tshisekedi et… Kamerhe) qui apparaissent au grand jour. Et ce qui vient de se jouer à l’Assemblée nationale remet au premier plan les tensions de début mai au Sénat lorsqu’une sénatrice du parti de Modeste Bahati (ex-membre du FCC qui s’est rapproché de Cach), Madame Bijoux Goya Kitenge, avait tenté de mettre en difficulté le président de la Chambre Haute, Alexis Thambwe Mwamba. En cause des travaux de réfection de l’hémicycle et de ses abords à travers un contrat passé de gré à gré et sans être inscrit au budget.
Eloge Namegabe