Monsieur le Président,
Il y a cinq ans, j’alertais votre Excellence sur les conditions de votre accession à la magistrature suprême, ô combien périlleuses, attentatoires à la démocratie, à la mémoire des millions des victimes de l’agression, ainsi qu’à la dignité de la Rd-Congo et de son Peuple, lesquelles remettront toujours en question votre élection du reste entachée de multiples irrégularités.
Aujourd’hui, dans les mêmes circonstances totalitaires, vous venez de prêter serment pour un second mandat à l’issue d’un simulacre de vote frauduleux et ridicule, digne du système international sataniquement déclinant.
Dans votre discours d’investiture de ce jour, vous venez de réitérer, de l’expérience du passé, l’engagement de ne jamais trahir le Congo, mais aussi de mettre tout en œuvre pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus.
Le pauvre Peuple congolais ne souhaite qu’un changement radical, un nouveau serment qui ne vient pas allonger la liste déjà trop longue des promesses non réalisées du mandat précédent.
Monsieur le Président,
À part quelques réalisations aussi controversées que populaires, les six principaux points noirs de votre premier quinquennat concernent essentiellement l’échec sécuritaire et social, la corruption, les innombrables détournements impunis, le tribalisme à outrance et la centaine de promesses non réalisées.
Monsieur le Président,
Vous avez toujours répété que votre premier mandat sera un échec si vous ne mettez pas fin à la guerre qui dévaste le pays depuis 30 ans, avec un bilan affreux de +/- 20 millions de morts.
Je ne cesse cependant de rappeler à votre Excellence, l’évidence que vous ne gagnerez jamais cette guerre en recourant aux mêmes puissances fantômes qui l’ont créée, et qui s’amusent à l’entretenir indéfiniment.
En effet, le contexte international du moment, qui découle de l’évolution des rapports de force dans le monde, impose illico à la Rd-Congo et à son pauvre Peuple si menacés de toutes parts, le changement de modèle de partenariat géostratégique.
Il s’agit donc d’un combat pour la survie nationale, lequel met votre Excellence dans l’obligation de prendre conscience de la gravité de la situation et de votre responsabilité présidentielle immense.
Sinon, à l’allure où va le Congo, vous êtes en train de le trahir en comptant sur le même ennemi multiforme. Vous accompagnez ainsi allègrement le diabolique processus de balkanisation du pays.
Dans ce cas, la prestation de serment de ce jour n’aura aucun impact sur le sort d’un Peuple à bout, condamné à prendre son destin en main. Et il le prendra.
Monsieur le Président,
L’opinion nationale et internationale se pose par ailleurs la question de savoir pourquoi et comment vous arrivez à concilier les deux visions, de “servir” et “se servir”, au sein de l’élite dirigeante.
Je suis profondément ébranlé par le silence de votre Excellence sur mes nombreuses correspondances lui adressées, et concernant, à titre d’exemple, le détournement, sur fond de corruption à grande échelle, preuves ci-jointes à l’appui, de 102 millions de dollars américains par le ministre des Finances Nicolas Kazadi et consorts. Fonds destinés au paiement de la créance des ayant-droits bannis pour des raisons politiques, impayés et décimés depuis 2001, par le précédent régime de l’étranger, en l’occurrence “les pauvres veuves, orphelins et anciens parlementaires survivants” du Parlement de transition, HCR-Pt.
Aucun chef d’État au monde ne peut rester indifférent devant pareil crime contre 735 familles des anciens parlementaires.
Je prie votre Excellence de les rétablir dans leurs droits, mais aussi de mettre un terme à ce genre de pratiques avilissantes, aux tentatives d’annuler leurs créances, menaces de mort et actes d’intimidations, dont elles font l’objet pour les empêcher de saisir la justice.
Les pauvres ayant-droits, déjà suffisamment appauvris, meurtris, ayant ainsi perdu les 3/4 des leurs à cause de la pauvreté exacerbée par le non-paiement de leur dû, ne méritent pas pareil sort de la part de votre administration.
Monsieur le Président,
Au regard des tableaux des détournements de deniers publics ci-joints, je suis davantage sidéré de constater combien l’impunité gangrène le pays, votre présidence en particulier.
À titre purement indicatif, les manœuvres dilatoires qui empêchent la justice de dire le droit sur les nombreux détournements imputés à l’ancien Premier Ministre Matata Ponyo, et au ministre des Finances en fonction Nicolas Kazadi, pour un montant de +/- 15 milliards de dollars américains, avoisinant le budget national, cessent d’être des erreurs du passé. Elles deviennent plutôt des lourdes fautes de gestion de l’État, qui ne doivent plus se répéter certes, mais qui méritent des procès équitables, nul n’étant au-dessus des lois.
Sentiments hautement patriotiques.