Matata sur une éventuelle révision de la constitution: “Ne cherchez pas des boucs émissaires pour tenter de plonger le pays dans le désordre politique dont nul n’est en mesure de prédire l’issue”
"5 ans suffisent pour gouverner, pourquoi changer la Constitution ?" Se demande l'opposant congolais, Augustin Matata Ponyo, a vivement critiqué les propositions de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) visant à modifier la Constitution. Ce vendredi 18 octobre, lors du lancement de son forum citoyen dénommé "La Voix du Peuple", Matata Ponyo a exprimé son inquiétude face aux ambitions de l'UDPS de rallonger le mandat présidentiel et de brouiller la séparation des pouvoirs.
À l’issue de son congrès de trois jours tenu du jeudi 30 mai au samedi 1er juin 2024 au centre catholique Nganda à Kinshasa, Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), parti politique cher à l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, s’est opposé à toute tentative de révision constitutionnelle.
Selon Matata Ponyo, l’appel de l’UDPS à passer d’un mandat de 5 ans à une durée plus longue va à l’encontre de la tendance mondiale. Il a rappelé que de nombreux pays, dont la France, ont plutôt réduit la durée de leur mandat présidentiel. “Comment pouvons-nous imaginer naviguer à contre-courant de l’ensemble du monde ?”, s’est-il interrogé.
L’opposant congolais a également pointé du doigt l’argument avancé par l’UDPS selon lequel un mandat de 5 ans serait insuffisant pour mener à bien les projets d’un chef d’État. En prenant l’exemple des États-Unis, la plus grande démocratie du monde, Matata Ponyo a souligné que le mandat présidentiel américain est de 4 ans. “Qui sommes-nous pour dire qu’en 5 ans on ne peut rien faire ?”, a-t-il lancé.
Par ailleurs, Matata a dénoncé l’instrumentalisation de la justice depuis l’accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême. L’élu de Kindu (Maniema) a appelé à la cessation des poursuites contre les acteurs politiques de l’opposition.
“S’il y a un parti dans ce pays dont les membres ne pouvaient nullement accepter la violation d’un seul article de la constitution et d’une loi c’est bien l’UDPS. Nous devons nous rappeler que la justice élève la nation et à contrario l’injustice telle celle nous vivons depuis cinq ans dans ce pays est de nature à détruire les fondements socioéconomiques du pays de manière durable”, a-t-il fait remarquer.
À lui de poursuivre : “Le pouvoir politique doit se ressaisir pour rétablir la justice afin de garder la cohérence de son action politique et économique et de poser les bases d’un avenir radieux pour tous les congolais. En attendant que la justice soit guérie parce qu’elle est malade, le pouvoir politique doit mettre fin à toutes les poursuites politico judiciaires contre les opposants politiques et libérez ceux qui se trouvent déjà en prison”.
Devant la communauté congolaise vivant en Belgique, le Président Félix Tshisekedi avait annoncé la mise en place dans les prochains jours d’une commission nationale multidisciplinaire censée réfléchir pour arriver à la proposition d’une nouvelle constitution en République Démocratique du Congo. Cette annonce de Félix Tshisekedi a bouleversé l’opposition qui voit en lui des intentions de vouloir se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir.
Ce second quinquennat de Félix Tshisekedi à la tête de la République Démocratique du Congo est le dernier, c’est-à-dire qu’il ne peut plus postuler lors de la prochaine élection présidentielle.
Matata Ponyo a dénoncé la proposition de certains membres de l’exécutif de placer des représentants du gouvernement au sein de la Magistrature Suprême. Une telle mesure, selon lui, porterait atteinte au principe fondamental de la séparation des pouvoirs.
A noter que ce forum “La Voix du Peuple” initié par Matata Ponyo se veut un espace d’échange ouvert à tous les acteurs de la société civile pour discuter des enjeux nationaux. Cette première sortie a été marquée par une forte critique à l’égard des orientations politiques de l’UDPS, parti présidentiel.