Cette décision marque une nouvelle phase dans la coopération sécuritaire entre Kampala et Kinshasa, initiée depuis 2021 à travers l’opération conjointe “Shujaa”, qui visait à neutraliser les groupes armés, notamment les rebelles de l’ADF (Forces Démocratiques Alliées), responsables de nombreux massacres de civils dans la région.
Zones concernées par cette extension
Selon des sources sécuritaires, les nouvelles zones d’action de l’UPDF incluront :
• La province de l’Ituri, déjà touchée par l’activisme de plusieurs groupes armés ;
• Les villes de Beni, Kasindi et Butembo au Nord-Kivu, régions stratégiques pour les infrastructures routières et les échanges commerciaux.
Ces zones restent parmi les plus touchées par l’insécurité chronique en RDC, et la mise en œuvre de travaux routiers y est régulièrement entravée par les attaques de milices et les sabotages.
Objectif : sécuriser les infrastructures et renforcer la mobilité
Kinshasa justifie cette décision par la nécessité de sécuriser les ouvriers, les engins et les axes routiers stratégiques dans le cadre du vaste programme de réhabilitation des infrastructures lancé dans l’Est du pays. L’armée congolaise (FARDC) continuera de jouer un rôle actif aux côtés de l’UPDF, dans une logique de “sécurisation conjointe et ciblée”, selon le ministère de la Défense nationale.
“Il ne s’agit pas d’une occupation, mais d’un partenariat circonstanciel pour répondre à une situation d’urgence sécuritaire et humanitaire,” a précisé un haut responsable militaire congolais.
Une coopération qui suscite des débats
Bien que cette collaboration militaire ait permis certaines avancées sur le terrain, notamment dans la traque des ADF, elle continue de susciter des interrogations au sein de la société civile congolaise. Des voix s’élèvent régulièrement pour demander plus de transparence sur les termes exacts des accords entre Kinshasa et Kampala, et pour s’assurer que cette coopération ne porte pas atteinte à la souveraineté nationale.
Certains analystes estiment que l’extension du champ d’action ougandais pourrait être mal perçue par une partie de la population, marquée par une histoire complexe avec les forces armées étrangères sur son sol.
La RDC fait le pari de la coopération sécuritaire régionale pour stabiliser son territoire et relancer les projets de développement. Reste à voir si cette stratégie portera ses fruits sans engendrer de nouvelles tensions politiques ou communautaires.