André Wameso, proche collaborateur du président Félix Tshisekedi et récemment nommé gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), a annoncé que toutes les banques resteront fermées à Goma et à Bukavu, et qu’aucun franc congolais ne sera transféré vers les zones occupées.
Wameso a affirmé clairement que cette mesure n’est pas le fruit d’une initiative locale des institutions financières, mais bien une décision prise au sommet :
« C’est la Banque centrale qui a exigé la fermeture des banques, en menaçant de retirer la licence aux récalcitrants. Ce ne sont pas les assurances ! C’est Kinshasa qui a décidé de déconnecter plus de 20 millions de Congolais du système bancaire, pour punir 100.000 M23 », a-t-il expliqué.
Selon le gouverneur de la BCC, les banques ne pourront rouvrir que lorsque l’autorité de l’État sera rétablie intégralement dans les zones sous contrôle rebelle.
Cette décision suscite de vives critiques de la part de nombreux observateurs et acteurs locaux. Plusieurs voix dénoncent une punition collective qui frappe directement les populations civiles déjà fragilisées par la guerre.
« Quelqu’un doit dire aux gens de Kinshasa que ces mesures ne font que souffrir la population et non les rebelles », s’indigne un acteur de la société civile du Nord-Kivu.
Un proverbe repris par plusieurs militants résume le sentiment général :
« Si la guerre tue la population par les armes, Kinshasa tue la population avec un stylo et une feuille de papier. »
Avec la fermeture du système bancaire, les habitants de Goma, Bukavu et d’autres zones affectées se retrouvent coupés des services financiers de base : retrait d’argent, paiements, salaires, transactions commerciales… Une situation qui menace d’asphyxier encore davantage une économie locale déjà éprouvée par des années de conflits.
Alors que Kinshasa justifie cette stratégie comme une pression économique contre les rebelles et leurs réseaux, les critiques rappellent que ce sont avant tout des millions de Congolais ordinaires qui en paient le prix fort.