Les évêques catholiques de la République démocratique du Congo réunis au sein de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ont annoncé détenir les PV de tous les bureaux de vote et, désormais, connaitre le successeur de Joseph Kabila à la présidence du pays. Les prélats catholiques ont enjoint à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de proclamer les résultats conformes à la vérité des urnes tels qu’exprimés par le peuple congolais, dimanche 30 décembre 2018.
Sans divulguer le nom du nouveau Président de la République, la pression de la CENCO est perçue comme une pilule difficile voire impossible à avaler par Kinshasa et la centrale électorale.
En réaction, la CENI vient d’adresser une correspondance aux Evêques protestant contre les déclarations de l’Abbé Donatien N’Shole, Secrétaire général de la CENCO lors de la présentation du rapport d’observation électorale de l’Eglise catholique. Elle met en demeure les observateurs de la CENCO et croit que cela compromettrait les relations entre les deux institutions.
D’après la CENI, l’Abbé N’shole « s’évertue, par médias interposés, à violer systématiquement les dispositions légales relatives à l’organisation des élections en République démocratique du Congo ».
La centrale électorale, depuis déjà trois jours, dit poursuivre l’opération de compilation des résultats et charge les Evêques de toute responsabilité en cas de protestation.
« L’annonce des tendances telle que faite par Monsieur l’Abbé N’SHOLE est de nature à intoxiquer la population en préparant un soulèvement dont la CENCO sera seule responsable d’autant qu’elle se fonde sur des données infimes et partielles, la compilation des résultats au niveau des centres locaux de compilation des résultats ne représentant que 20% de 74000 BVD [Bureaux de vote et de dépouillement, Ndlr] qui ont fonctionné le 30 décembre 2018 », explique Corneille Nangaa dans une correspondance signée ce vendredi 04 janvier 2019.
La commission électorale demande que l’église reviennent sur sa position faute de quoi les relations entre les deux institutions seraient compromises.
« La CENI désapprouve donc la démarche pré-rappelée de la CENCO et met en demeure ses observateurs conformément à l’article 28 de la Charte de bonne conduite des observateurs électoraux. Elle estime qu’un démenti formel à cet effet, permettrait de garantir la continuité de bonnes relations entre la CENI et la CENCO », insiste Nangaa.
Notons que l’annonce des résultats provisoires pourrait être reportée, selon des sources non officielles, pour permettre à la CENI de poursuivre l’opération de compilation des résultats de tous les CLCR.
Gisèle Banywesize