- Vital Kamerhe cité dans une enquête contre Matata
C’est avec étonnement et parfois un fou rire que les internautes ont lu dans un article du magazine Jeune Afrique le nom du patron de l’UNC, l’honorable Vital Kamerhe, qui aurait été cité dans les conclusions des investigations de l’IGF menées à Bukangalonzo. Dans un paragraphe de la 22e page du rapport de l’IGF, on y renseigne qu’une partie du matériel destiné au projet de Bukangalonzo aurait été acheminé dans des fermes “avoisinantes”, dont la ferme de Mongata appartenant à Kamerhe. En effet, celle-ci se situe à 15 km de l’entrée de Bukangalonzo.
Que disent les faits ?
La ferme de Vital Kamerhe de Mongata lui appartient depuis 2005. Spécialiste du développement rural, cet élu du Sud Kivu a développé plusieurs fermes-écoles où il teste, applique et enseigne des techniques agricoles inspirées du savoir ancestral et collectif aux communautés locales.
Ce modèle a été répliqué avec succès à Walungu, à Nsele, à Mulumemunene et à Mongata. Ces fermes ont pour la plupart été mises en place, entre autres, lorsqu’il est ministre à l’information et communication. Nous sommes au lendemain de la signature de l’accord de paix de Sun City, en 2003.
L’opinion a découvert ce jeune intellectuel qui a fait la preuve de ses talents de négociateur et de politique averti. La première question qui se pose est celle de savoir comment VK a pu détourner ce matériel alors qu’il n’était ni de près ni de loin impliqué dans sa gestion ?
Vital Kamerhe, président national de l’UNC, est, en 2016, un des leaders de l’opposition, très critique du gouvernement et fervent opposant au 3e mandat de Kabila. Au moment où le projet Bukangalonzo est lancé, l’UNC était donc dans la première ligne de l’opposition. Elle y demeure jusqu’à la faillite de ce projet.
Une théorie qui ne tient pas la route…
L’honorable Vital Kamerhe a un long parcours et une longue carrière politique en RDC. Pourquoi et comment expliquer que nulle part, durant ces 30 dernières années, il n’ait jamais été cité dans une affaire quelconque et curieusement, depuis un an, on veut l’associer à tous les crimes économiques ?.
Sur la toile, l’opinion publique s’interroge de plus en plus sur cette forme de harcèlement qui vise le leader de l’UNC. Rappelons qu’il est actuellement en détention à la suite d’un procès que d’aucuns ont qualifié de farce judiciaire visant à écarter un potentiel opposant aux élections de 2023. À qui donc profite ces accusations de plus en plus infondées et fantaisistes ? Qui surveille le surveillant ?
Plusieurs organisations des droits humains, dont HRW et JED, ont déploré un recul de la situation des droits de l’homme en RDC et n’ont pas hésité à invoquer, en des termes à peine voilés, l’instrumentation de la justice à des fins politiques. En même temps que Vital Kamerhe, ce sont aussi plusieurs leaders politiques qui sont visés par la toute puissante IGF, aujourd’hui insérée illégalement jusque dans la chaîne des dépenses de l’État.
Autrefois, c’était le SNIP, la DEMIAP, l’ANR et aujourd’hui c’est l’IGF. Pourtant cet organe lui-même a été plusieurs fois dénoncé par les observateurs de la bonne gouvernance, pour son manque de transparence et des suspicions de corruption et chantage envers les personnes sur lesquelles il est censé enquêter.
En ce moment où la clameur publique a démontré ses limites, il est important que la justice et le gouvernement soient attentifs et surtout fassent preuve d’objectivité. C’est à ce prix, et seulement à ce prix là, que l’appareil judiciaire congolais pourra redorer son blason terni par tant des scandales.
Maître Lukusa Mbuyi, avocat/Barreau Kin-Matete via kivuavenir.com