Les informations documentées par Kivu Avenir démontrent réellement que, le groupe rebelle burundais FNL avait révendiqué cette attaque.
Comment en est-on arrivé là?
En août 2003, après 5 années de guerre, le Gouvernement de Kinshasa et les principaux mouvements rebelles (le RCD-Goma et le MLC) forment un gouvernement de transition, une armée intégrée (FARDC) et un certain nombre d’institutions d’appui à la démocratie sont mises en place.
Le pays est de nouveau unifié et tous les anciens rebelles vont s’établir à Kinshasa, la capitale.
La cohabitation entre les différentes parties ne sera malheureusement pas du tout facile. En mai 2004, soit environ 1 an après la mise d’une armée unifiée (appelée FARDC), le Colonel Jules Mutebutsi (Munyamulenge), Commandant Adjoint de la 10è Région Militaire (couvrant le Sud-Kivu) est en froid avec son supérieur, le Général Prosper Nabyolwa.
Ce dernier échappe à la mort à Bukavu, mais parvient à s’enfuir et à atteindre Kinshasa. Quelques semaines après, il est remplacé par le Général Felix Budja Mabe, et le Colonel Jules Mutebusti est maintenu à son poste de Commandant Second de la Région Militaire. Les deux ne parviendront toujours pas à s’accorder et une véritable guerre est lancée.
Le Général Laurent Nkunda viendra à la rescousse du Colonel Jules Mutebutsi, et les deux occuperont la ville de Bukavu pendant environ 1 semaine, avant qu’ils ne se retirent. Le Général Laurent Nkunda retournera dans le Nord-Kivu, pendant que le Colonel Jules Mutebutsi essaiera de se replier du côté de Kamanyola, avant de décrocher et de se réfugier à Cyangugu (au Rwanda). Des exactions avaient commises pendant l’occupation de la ville de Bukavu par Jules Mutebusti et Laurent Nkunda.

Dès le mois de juin 2004, avec le retour de l’accalmie dans la ville de Bukavu, plusieurs Banyamulenge vont commencer à être inquiétés, à cause de ce qui venait de se passer (essentiellement ceux qui vivaient à Bukavu et à Uvira). Craignant pour leur sécurité, ils commenceront à traverser la frontière, par milliers, vers le Burundi. C’est là que le HCR mettra en place un dispositif au poste frontalier de Kavimvira (la frontière entre la RDC et le Burundi.
En traversant la frontière, du côté du Burundi, se trouve Gatumba). A Gatumba, le HCR établira un des 3 camps de transit censés recevoir les Congolais (en majorité Banyamulenge) qui avaient décidé de traverser la frontière durant cette période. Plusieurs autres personnes, issues d’autres groupes ethniques tels des Vira, Fuliru, Bembe, etc., traverseront la frontière (l’espoir d’être pris en charge par le HCR, mais surtout la possibilité d’une réinstallation en Europe ou aux Etats-Unis, avaient certainement dicté ce choix “stratégique”).
Le HCR avait estimé qu’environ 20.000 Congolais (dont plus de 70% étaient Banyamulenge) avaient franchi la frontière durant cette période. Gatumba accueillait donc des réfugiés en transit, avant qu’ils ne soient acheminés dans un des camps de réfugiés établis par le HRC à l’intérieur du pays.
Mais ce 13 août 2004, l’irréparable se produit. On estime que quelques 800 réfugiés congolais étaient virtuellement présents dans le camp de Gatumba ce 13 août 2004 lorsque, vers 22h30, une attaque d’une violence inouïe est lancée. C’est un déluge de feu qui s’était abattu sur des réfugiés pendant qu’ils étaient dans leur sommeil : armes blanches, fusils automatiques, grenades incendiaires, des bidons d’essence aussi pour mettre le feu aux abris. La plupart des réfugiés étaient couchés quand des assaillants (venus vraisemblablement de Kiliba-ONDS, en RD Congo) et parlant, selon les témoins, Kirundi, mais aussi Kinyarwanda et Swahili, avaient attaqué le camp de Gatumba pendant plus de deux heures, sans que l’armée burundaise n’intervienne.
Au lendemain de l’attaque, Pasteur Habimana (à l’époque, porte-parole des rebelles burundais du FNL d’Agathon Rwasa) avait revendiqué cette attaque sur des radios locales et internationales, avant de se rétracter quelques jours après.
On recensera plus de 160 personnes tuées cette nuit-là. Un enterrement collectif sera organisé le 16 août, toujours à Gatumba (à quelques 500 mètres du site qui abritait le camp). Dans les semaines et les mois qui avaient suivi, plusieurs rapports et notamment de l’ONU et de Human Rights Watch, indiquaient que ce massacre avait été soigneusement planifié et que c’étaient bien les Banyamulenge et non pas d’autres ethnies qui avaient été visés.