Les assaillants ont frappé au cœur de la nuit, encerclant plusieurs villages avant de semer la mort. Témoins et rescapés évoquent des attaques d’une cruauté extrême, mêlant exécutions par balles et assassinats à la machette. Des habitations ont été réduites en cendres, tandis que des familles entières ont été décimées.
« Nous avons entendu des cris, puis des détonations. Quand nous sommes sortis des cachettes au matin, le village était en ruines et les cadavres jonchaient le sol », raconte un habitant rescapé.
Le convoi funèbre vers Beni
Les autorités locales, aidées par la Croix-Rouge et des volontaires, ont rassemblé les corps dans des caisses improvisées avant de les charger dans un camion en direction de la morgue centrale de Beni. La scène a frappé les esprits : un véhicule devenu symbole de la tragédie, avançant lentement sous les pleurs et les lamentations des familles.
« Voir ces cercueils alignés dans un camion est insoutenable. Cela témoigne de l’échec total de la protection des civils », a dénoncé un membre de la société civile locale.
L’incapacité de l’État à sécuriser le Nord-Kivu
Malgré la présence renforcée des FARDC (Forces armées de la RDC) et la coopération militaire avec des pays voisins comme l’Ouganda, les ADF continuent d’imposer leur loi dans les zones rurales du Nord-Kivu. Ce massacre illustre les limites criantes des opérations conjointes, accusées d’être mal coordonnées et inefficaces.
Les observateurs soulignent aussi le manque de moyens, la corruption et la faiblesse du renseignement militaire, qui permettent aux ADF de frapper avec une régularité terrifiante.
« Les FARDC n’anticipent pas les attaques. Elles arrivent toujours après le carnage, pour transporter les corps. L’État est réduit à compter ses morts », déplore un analyste sécuritaire basé à Goma.
Les ADF, une menace persistante
Les ADF, autrefois un simple groupe rebelle ougandais, se sont transformés en une branche active de l’État Islamique en Afrique centrale (ISCAP). Leur stratégie est claire : semer la terreur, déstabiliser la région et s’enraciner dans un climat de chaos.
Selon les Nations unies, les ADF sont responsables de milliers de morts en RDC au cours de la dernière décennie. Leur capacité de résilience, malgré les offensives militaires, inquiète aussi bien Kinshasa que la communauté internationale.
Des familles en quête de justice et de sécurité
À Beni, des familles effondrées attendaient le convoi, certaines espérant reconnaître un proche, d’autres simplement venues partager la douleur collective.
« Nous voulons que nos morts reposent en paix, mais surtout que ces massacres cessent. Chaque semaine, nous enterrons les nôtres », a confié une rescapée en larmes.
Un cri d’alarme ignoré ?
Face à la répétition de telles tueries, la société civile interpelle le gouvernement congolais et ses partenaires internationaux. Les appels à une refonte de la stratégie militaire et à un véritable soutien humanitaire se multiplient. Mais pour beaucoup d’habitants, la confiance envers les institutions est déjà brisée.
« Tant que Kinshasa et la communauté internationale se contenteront de condamner par communiqué, le Nord-Kivu restera un cimetière à ciel ouvert », a martelé un militant local.