Pour commémorer ce 20eme anniversaire du massacre de Gatumba, notables et personnalités membres de cette communauté se sont rencontrés à Kinshasa. On pouvait voir parmi les participants, l’ancien évêque du diocèse d’Uvira Monseigneur Jérôme Gapangwa, le ministre national des ITPR Alexis Gisaro et Hénoch Ruberangabo, président de l’association SHIKAMA/Banyamulenge à Kinshasa.Une occasion pour les membres de cette communauté de réclamer justice. « Diligenter une enquête et porter plaintes contre les auteurs connus qui ont commis le massacre de Gatumba, rechercher d’autres responsables et leurs complices pour les déférer devant les juridictions nationales ou internationales », a déclaré le coordonnateur de l’association Shikama à Kinshasa. Henoch Sebineza adressait cette demande de banyamulenge au gouvernement de la RDC ainsi qu’au Burundi, le pays d’accueil qui a hébergé les réfugiés victimes.
« Ce n’est pas un privilège que nous demandons ici, mais c’est un droit de savoir ce qui s’est réellement passee. C’est un droit de voir les personnes qui ont été auteurs de ces choses être poursuivies et subir les châtiments qu’ils méritent », a souligné lors de son intervention le ministre national des ITPR, Alexis Gisaro, au cours de cette rencontre de Kinshasa.
Ce massacre est survenu la nuit du 13 au 14 aout 2004 à Gatumba, une localité située au Burundi, non loin de la frontière avec la RDC. Au total, 161 Banyamulenge avaient été lâchement abattus par balle ainsi qu’avec eux 14 Babembe qui partageaient leur infortune dans le sinistre camp. L’incident est survenu au moment où Azarias Ruberhwa était vice-président du gouvernement de la transition en charge de la défense et sécurité. Aussi après le massacre, les dirigeants du groupe armé FNL-palpehutu burundais à l’époque, dont Agathon Rwasa, avaient réclamer ces tueries, en coalition avec miliciens mai mai de la région proche de la RDC et des combattants rwandais de FDLR Interahamwe. Au lendemain du massacre, une vague d’enquêtes a été ouverte pour établir les faits et les responsabilités. Des rapports rendus publics quelques semaines après se sont plutôt contredits les uns des autres, le rapport de Human Rights Watch et celui de Pole Institute, ainsi que le rapport présenté par la société civile d’Uvira et celui de la société civile de Bujumbura. Chaque rapport était confectionné de manière à défendre les intérêts du clan ou de la tendance politique quelconque. Y avait-il un projet fantôme de camoufler indéfiniment la vérité ? et pourquoi reste-t-il encore secret et tabou 20 ans après ?Ce registre des massacres plonge le pays, la RDC, dans un cycle infernal de guerre et de violence. Si l’on doit réclamer justice pour tous ces morts, une tendre pensée devrait aller aussi bien aux victimes des Gatumba qu’aux citoyens congolais massacré a Katogota dans le territoire d’Uvira, à Kasika dans le Mwenga, à Makobola dans le territoire de Fizi, à Tingitingi et à Kisangani dans l’ancienne province orientale et à Kenge dans le Bandundu. Aujourd’hui, comme hier, d’autres milliers de femmes, d’hommes et d’enfants sont massacrés à cause de l’arbitraire, la globalisation et des agendas des politiciens obscurs. Un jeune homme munyamulenge dont le père et les frères avaient été massacrés à Baraka/Fizi en 1996 et la mère à Gatumba il y a 20 ans contacté par un reporteur de Kivuavenir.com a déclaré, en faisant référence aux morts de Gatumba :
« même si la communauté internationale et votre propre patrie s’évertuent à vous oublier, nous on ne vous oubliera jamais, on pensera toujours à vous et on luttera jusqu’à la fin pour que justice vous soit un jour rendue ».