C’est, en tout cas, l’une de quinze recommandations des travaux des team leaders de la société civile assorties d’un mémorandum adressé au Président de la République démocratique du Congo. En effet, les leaders des groupes thématiques réunis, le 20 mai dernier, au sein du Cadre de concertation national de la Société civile de la RDC (CCNSC-RDC) ont, dans un mémorandum adressé au Chef de l’Etat congolais, fustigé la mauvaise gestion des entreprises publiques et avertissent que si la gouvernance de ces entreprises ne s’améliore pas, le pays devra attendre longtemps pour se relever ; surtout avec les effets de cette pandémie du Covid-19. Ils recommandent au Président de puiser au sein du peuple des femmes et des hommes nouveau porteurs des valeurs et des compétences pour une gestion pouvant répondre aux intérêts et attentes de la population surtout en ce temps tès critique.
Au regard des risques énormes que courent le peuple congolais en cette période de crise et d’instabilité politique au pays, le confinement devient une autre charge qui pèse lourd sur les ménages. Ils redoutent les conséquences de la pandémie qui risquent d’accentuer le spectre de fragilité en diluant tous les efforts déployés dans l’atténuation des effets du coronavirus pour atteindre la résilience.
«…il est vrai que le confinement nous a procuré quelques avantages en ralentissant la propagation de la Covid-19. Néanmoins, il est aussi à l’origine des problèmes socioéconomiques inquiétants. Les entreprises et la population peinent à s’en sortir. La grande partie de la population vit au jour le jour des activités informelles », lit-on dans le mémorandum signé par une vingtaine des responsables des groupes thématiques du CCNSC-RDC.
Dans leur analyse, ces acteurs de la société civile décrient l’impact de cette maladie sur l’économie du pays dont l’augmentation du chomâge, le risque des pertes d’emploi,…ce qui risque de redoubler les tensions au sein de la population.
« L’impact de la Covid-19 sur notre économie n’est plus à démontrer. Il y a un repli de l’activité économique qui a pour conséquence la diminution des ressources, le risque des pertes d’emploi et d’augmentation du chômage. Le déséquilibre de la balance de paiement par la diminution des exportations, leffritement de la réserve de change, la décote du tranc congolais,…ont pour conséquences essentielles la perte du pouvoir d’achat et l’accentuation de la pauvreté des masses. Ajouter à cela la dégradation des routes de desserte agricole qui amenuiserait l’approvisionnement de grands centres en denrées de première nécessité pouvant occasionner des risques des famines. Cette situation pourrait exacerber les tensions sociales », indiquent-ils.
Par ailleurs, cette crise s’abat également sur les entreprises au risque d’entrainer la faillite des plusieurs banques et mettre une fois de plus la vie sociale en danger. Et l’appui conditionnel et insignifiant du FPI aux petites et moyennes entreprises (PME) ne pourra bénéficier qu’à certaines entreprises faute de garantie.
« Les entreprises seraient incapables d’honorer leurs créances vis-à-vis des banques entrainant de nombreuses faillites et mettant en danger la paix sociale. Les mesures prises jusque-là restent éparses, ponctuelles et insuffisantes. Les 10 millions de dollars américains que disponibilise le FPI pour les entreprises formelles assortis des conditionnalités que certaines PME ne pourront satisfaire faute de garantie et ne constituent qu’une goutte d’eau en comparaison au nombre d’entreprise touchées ou impactées », redoutent-ils.
La négligence observée et le manque des mesures d’acompagnement de l’agriculture et du développement rural, la mauvaise gestion des entreprises publiques, les problèmes enregistrés dans le secteur minier et bien d’autres pourraient, si rien n’est fait, entrainer la pauvreté de masses voire un mécontentement généralisé.
« La convulsion du secteur minier et des ressources naturelles, la négligeance de l’agriculture et du développement rural, la faible réhabilitation des infrastructures en général, l’arrêt des trafics avec les provinces, le manque des mesures d’accompagnement, la mauvaise gestion des entreprises publiques, etc. sont autant des domaines qui, si rien n’est fait, vont entrainer la pauvreté des masses et un mécontentement généralisés. Bref les conséquences économiques de la Covid-19 risquent d’être plus meurtrières et difficiles à juguler que la pandémie elle-même », alerte la société civile.
Face à toutes ces inquiétudes, le Cadre de concertation national de la Société civile de la République démocratique du Congo formule une liste de recommandations à l’intention du Chef de l’Etat pour qu’une solution soit trouvée.
- Assurer une prise en charge globale et durable de la riposte en valorisant le programme d’urgence multisectoriel d’atténuation des effets du Covid-19 validée par le gouvernement qui propose une coordination des actions et prend en charge les aspects urgents, globaux et transversaux (multisectoriels), les provinces, la recherche, etc. en y apportant des réponses appropriées. Car ce programme propose une coordination multisectorielle, un comité technique et un comité de suivi inclusif. Toutes les structures créées et existantes devront s’y aligner. Il est à noter qu’à ce jour, ce programme est assorti d’un budget ;
- S’assurer que les faibles ressources disponibles sont utilisées d’une manière rationnelle avec traçabilité et prenant en compte les autres domaines et les provinces ;
- Mettre en place en toute urgence une cellule d’analyses sur le bénéfice ou non du confinement afin de mieux préparer le déconfinement et la réouverture des frontières avec des mesures d’accompagnement efficaces pour la réussite et l’atténuation des effets de la covid-19 ;
- Adopter une approche efficace de sensibilisation de proximité (niveau local) et de la communication pour le changement de comportement liée à la pandémie ;
- Renforcer les capacités des laboratoires d’analyses des provinces pour permettre le dépistage de la covid-19 ;
- Assurer la rémunération conséquente du personnel soignant et des services connexes impliqués dans la riposte ;
- Mettre en place une stratégie efficace et claire d’appui aux entreprises locales et aux activités économiques informelles pour la résilience face à la crise Covid-19 en leur permettant de maintenir les emplois existants et d’en créer de nouveaux si possible : particulièrement, en appuyant la création des entreprises (PME, PMI) locales de fabrication d’outils de prévention et des réponses à la covid-19. Les entreprises agropastorales et minières devraient faire l’objet des mesures particulières d’accompagnement pour éviter l’arrêt de leurs activités ;
- Développer une stratégie de moralisation de la vie publique et politique. En plus, il faudra promouvoir dans la gestion des entreprises publiques une génération nouvelle aux mains propres, porteuse des valeurs et des compétences, issue du peuple pour une gouvernance rationnelle pouvant bien répondre aux intérêts et attentes de la population afin de faire face aux défis d’après Covid-19.
Beaucoup d’autres recommandations sont reprises dans ce mémorandum adressé au Président de la RDC. Les signataires invitent le Félix Tshisekedi à prendre des mesures d’application relatives à la matérialisation de sa décision de réduire le train de vie des institutions et de mettre en avant les intérêts du peuple d’abord.
Parmi les Team leaders et représentant les thématiques à cette rencontre, nous pouvons noter :
- Me Patient Bashombe, Coordonnateur national du CCNSC et représentant le groupe thématique Droits de l’Homme ;
- Madeleine Andeka Olango, du groupe Climat des affaires ;
- Jeannine Nzuzi Nsamba, du groupe thématique Genre ;
- Ferdinand Mafolo Ladha, du groupe Culture et Arts ;
- Bienvenu Karhakubwa Namebigaba, du groupe Gouvernance et Paix ;
- Dr Luboya Kasongo Muteba, du groupe Environnement ;
- Marie-André Muila Kayembe, du groupe Gouvernance politique et élections ;
- Djemo Magloire, du groupe Energie ;
- Bishop Abraham DJAMBA, du groupe Gouvernance économique;
- Léonie KANDOLO, du groupe Mines et Hydrocarbures
- Louise Mukonkole, du groupe Protection sociale ;
- Mick Mutiki Kilumba, du groupe Gouvernance administrative, locale et décentralisation ;
- Kenneth Enim Ampi, du groupe thématique Armé
- Jean-Marie Thsibanda, du groupe Santé et VIH/SIDA ;