Un constat amer : la banalisation des institutions
Les propos de Kamerhe soulignent un paradoxe : comment une institution centrale dans le dispositif démocratique d’un État peut-elle être reléguée à un statut de « petite institution » par le simple fait de négligences budgétaires ? Loin d’être anodine, la nécessité pour des députés de puiser dans leurs fonds personnels pour acquérir du matériel de bureau est le symptôme d’un mal plus profond : la défaillance de l’État à garantir des conditions de travail décentes à ses propres représentants.
Cela pose une question cruciale : si l’Assemblée nationale, censée contrôler l’action gouvernementale, se trouve elle-même en situation de précarité, comment peut-elle exercer efficacement ses missions de législation et de contrôle ?
Entre responsabilité collective et gestion des priorités
Kamerhe pointe du doigt un problème structurel, mais ne faudrait-il pas également s’interroger sur la responsabilité des dirigeants eux-mêmes, y compris ceux qui, comme lui, occupent des postes clés depuis des années ? La gestion des ressources publiques et la priorisation des dépenses relèvent aussi des choix politiques. Or, l’Assemblée nationale a son rôle à jouer dans l’approbation des budgets et le contrôle des finances publiques.
L’exaspération de Kamerhe met en lumière une contradiction : dénoncer un système dont on est aussi un acteur. Il ne s’agit pas de minimiser ses frustrations, mais de rappeler que la transformation des institutions passe par des réformes internes et des initiatives concrètes, au-delà des déclarations publiques.
Un appel à un sursaut collectif
Au-delà des plaintes, la situation décrite par Kamerhe devrait être un point de départ pour un débat de fond sur la gouvernance en RDC. Il ne s’agit pas seulement de réclamer des ressources, mais de repenser la manière dont celles-ci sont gérées, allouées et contrôlées.
Si l’Assemblée nationale est aujourd’hui dans un état de précarité, c’est l’ensemble du système institutionnel qui est en danger. Et pour y remédier, il faudra plus que des déclarations enflammées : il faudra des actes, des réformes et une volonté politique forte.