Mandaté par l’Union africaine et soutenu, selon certaines sources, par l’administration américaine, Obasanjo a entamé sa mission à l’hôtel Intercontinental de Johannesburg, en Afrique du Sud. Il y a rencontré en premier lieu Antipas Mbusa Nyamwisi, figure discrète mais influente de la scène politique congolaise. Ancien ministre et ex-chef rebelle du RCD-KML, Mbusa est un fin connaisseur de l’Est de la RDC, sa région d’origine. D’après des sources fiables, leur entretien, qui a duré plus d’une heure, a porté notamment sur la possibilité d’un retour de Joseph Kabila au premier plan pour résoudre la crise.
Cependant, Mbusa se serait montré prudent, écartant l’idée d’un homme providentiel, et optant plutôt pour une solution de gouvernance collégiale dans le cadre d’une transition politique.
Dans la foulée, Obasanjo a pris la direction d’Harare, au Zimbabwe. Après avoir présenté ses civilités au président Emmerson Mnangagwa, il a tenu un échange confidentiel dans le salon présidentiel de l’aéroport avec l’ancien président congolais Joseph Kabila. Selon nos informations, ce dernier a été direct : pour lui, le cœur du problème, c’est Félix Tshisekedi. Il a dénoncé le non-respect des engagements par le président en place, une gouvernance défaillante et de nombreuses violations des droits humains en particulier la tentative présumée de modifier la Constitution. À ses yeux, la solution passe par le départ de Tshisekedi.

Toujours infatigable, Obasanjo s’est ensuite envolé pour Kinshasa, où il a été reçu par Félix Tshisekedi. Là, l’homme d’État a mis toute sa sagesse sur la table :
« Monsieur, je n’ai ni à vous mentir, ni à vous flatter. Je vous parle en tant qu’ancien opposant emprisonné, ancien président et homme d’affaires à succès », aurait-il déclaré à son interlocuteur, avant d’ajouter : « La situation est hors de contrôle. Il vous faut une solution pacifique, et très rapidement. »
D’après nos sources à la présidence, Obasanjo a proposé l’organisation d’un dialogue intercongolais devant aboutir à la formation d’un gouvernement de transition. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa aurait même exprimé la disponibilité de son pays à accueillir ce dialogue, à l’image des pourparlers de Sun City en 2002. L’Éthiopie et le Ghana sont également évoqués comme lieux possibles.
Tout indique que Félix Tshisekedi aurait donné un accord de principe à cette initiative.
Après Kinshasa, Obasanjo a quitté la capitale dans la nuit pour atterrir à Lagos à deux heures du matin. Son agenda prévoit d’autres rencontres, aussi bien avec des acteurs congolais qu’internationaux, pour dessiner les contours d’une sortie de crise durable pour la RDC.