Dans une décision aussi radicale qu’unilatérale, le gouvernement rwandais a rompu ses relations diplomatiques avec le Royaume de Belgique. Une démarche que Bruxelles qualifie de “disproportionnée” et qu’elle estime davantage dictée par un réflexe émotionnel que par une analyse rationnelle de la situation. “Il est toujours essentiel, a fortiori dans les zones de conflit, de maintenir des canaux de communication ouverts”, a déclaré Maxime Prévot, lors d’un déplacement à Kinshasa.
Ce geste, qui surprend même au sein de la diplomatie européenne, suscite d’autant plus d’inquiétude qu’il intervient à un moment où les efforts régionaux et internationaux pour stabiliser l’est de la RDC sont dans une phase critique. Le Rwanda, que plusieurs rapports pointent du doigt pour son soutien présumé aux groupes armés dans le Kivu, est pourtant considéré comme un acteur incontournable de toute solution politique durable.
La Belgique, tout en assumant sa position sur les sanctions, regrette cette fermeture du dialogue. “Même avec des États comme la Russie, que nous avons fermement condamnée pour sa guerre d’agression contre l’Ukraine, des canaux diplomatiques ont été maintenus”, rappelle-t-on dans les cercles gouvernementaux à Bruxelles. L’objectif n’est pas de s’aligner sur une posture de complaisance, mais de préserver les marges de manœuvre nécessaires à une désescalade.
Le climat actuel illustre à quel point la géopolitique des Grands Lacs reste fragile. Si la RDC continue d’appeler à la solidarité régionale pour faire face à l’insécurité chronique dans sa partie orientale, les tensions bilatérales comme celle entre le Rwanda et la Belgique risquent de compliquer encore davantage les initiatives diplomatiques.
À Bruxelles comme à Kinshasa, les voix s’élèvent pour réclamer un retour au dialogue. Car sans communication, pas de compromis possible — et sans compromis, la paix reste une chimère.