Aux premières heures de la matinée, plusieurs témoins ont observé un convoi composé d’au moins sept camions militaires chargés de matériel logistique, accompagné de véhicules légers. Ces véhicules étaient escortés par la police rwandaise jusqu’au poste-frontière, soulignant la coordination avec Kigali dans cette phase de retrait. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué concernant le nombre de soldats concernés, mais les signaux sont clairs : le désengagement est en cours.
Le départ des troupes de la SADC intervient dans un contexte d’intensification des affrontements dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, où les forces armées congolaises (FARDC), appuyées par des troupes étrangères et des milices locales, peinent à contenir l’avancée du mouvement M23/AFC. Ce dernier, fortement structuré et bénéficiant d’un soutien populaire dans certaines zones, a infligé plusieurs revers aux forces loyalistes ces derniers mois.

Malgré des moyens considérables déployés, notamment par l’Afrique du Sud, le Malawi et la Tanzanie, la mission SAMIDRC n’a pas réussi à renverser la dynamique militaire. De nombreux observateurs parlent d’un échec stratégique pour la SADC, qui s’était pourtant présentée comme garante de la stabilité régionale.
Contrairement aux habituelles cérémonies de fin de mission, ce retrait s’effectue sans communiqué officiel, sans discours, sans image de victoire. Cette discrétion est interprétée par plusieurs analystes comme un aveu d’échec, voire une tentative d’éviter une humiliation publique.
Pour le président congolais Félix Tshisekedi, qui avait misé sur le renfort des troupes régionales pour restaurer l’autorité de l’État dans l’Est, ce retrait constitue un revers diplomatique et militaire majeur. Sa stratégie de militarisation croissante, accusée de marginaliser certaines communautés locales, se heurte désormais à la réalité du terrain.
Le départ des troupes de la SADC pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans le conflit. Pour certains, c’est l’opportunité de relancer un dialogue politique régional, longtemps repoussé au profit d’une logique militaire. Pour d’autres, cela risque de laisser un vide sécuritaire, dans une région déjà instable, marquée par la prolifération de groupes armés et l’inefficacité chronique de l’État central.
Alors que le M23/AFC consolide ses positions et que la population civile continue de payer le prix fort, la fin de la mission SAMIDRC pose une question cruciale : qui, désormais, est capable d’apporter une solution durable à cette crise ?