Cette initiative, appelée localement « Salongo spécial », ne ressemble à aucun simple appel administratif. Ici, il s’agit d’une mobilisation spontanée, citoyenne et familiale, où jeunes et parents, hommes et femmes, convergent pour faire de la propriété un acte de fierté et d’engagement communautaire.
« Le Salongo n’est pas une formalité, c’est ici que commence l’amour de notre ville », lance Bahati Mongane, un habitant de l’avenue Saio, tenant fièrement son balais. « Nous ne faisons pas ça parce qu’on nous y oblige, mais parce qu’on veut changer notre quotidien. »
Autour de lui, des jeunes et parents ramassent les sachets et désherbent les abords de route. Une scène qui se répète à Kadutu ou encore Nyalukemba. Et ce qui était autrefois vu comme une corvée imposée devient un rite de cohésion sociale.
« Avant, je pensais que ces choses-là, c’était pour les autres. Mais depuis que mes enfants m’ont entraînée, j’ai compris l’importance de montrer l’exemple. Quand la rue est propre, tu es fier de chez toi », confie Maman Béatrice, résidente de Kadutu.
Le phénomène prend une telle ampleur que même les propriétaires de véhicules privés participent. Plusieurs mettent leurs camionnettes à disposition pour l’évacuation des ordures, facilitant ainsi le travail de terrain.
« On ne peut pas juste regarder les jeunes suer pendant que nous sommes dans nos salons climatisés. J’ai un camion, je le mets au service du quartier chaque samedi », témoigne Djuma Ramazani, conducteur de camion. « C’est notre ville, c’est notre image. »
Derrière les gestes simples se cache en réalité une profonde mutation sociale. Le Salongo redevient ce qu’il aurait toujours dû être : un acte d’amour envers la collectivité. Une école de citoyenneté en plein air, où chaque samedi devient une victoire sur l’indifférence.