Le 23 décembre 2018 sera l’une des dates les plus importantes de l’histoire politique de la RDC, elle ouvrira une nouvelle scène politique.
Une nouvelle page donnerait naissance à une nouvelle culture politique, transférant le pouvoir d’un dirigeant à un autre par le biais d’un bulletin de vote. Malgré son nom « République démocratique du Congo », la RDC n’a pas d’ancien président, Joseph Kabila sera le premier si tout va bien. Actuellement, tous les politiciens parcourent le pays pour convaincre Démos « le peuple » de voter pour eux. Cela s’explique par le fait que, dans le contexte africain, la période des élections est principalement celle où les politiciens rencontrent leurs circonscriptions.
Période très intéressante où les politiciens font des promesses qu’ils ne peuvent réalise une fois en office, la RDC n’est pas une exception.
Leurs campagnes nous rappellent l’idée de l’un des principaux dirigeants anticoloniaux de l’Afrique, Amilcar Cabral, et du philosophe Plato.
Dans son ouvrage intitulé « Révolution en Guinée, première étape », Cabral soutient « qu’il faut toujours garder à l’esprit que les gens ne se battent pas pour des idées, pour ce qui est dans la tête de quiconque. Ils se battent pour obtenir des avantages matériels, pour vivre mieux et en paix, pour que leur vie avance, pour garantir l’avenir de leurs enfants. »
En analysant les conditions socio-économiques de la RDC et les souffrances de la population congolaise, on peut dire que L’argument de Cabral est toujours d’actualité et pourrait faire écho aux attentes des électeurs congolais.
Cependant, les déclarations faites par la plupart des politiciens congolais au cours de cette campagne électorale ne correspondent pas aux hypothèses de Cabral : « obtenir des avantages matériels, vivre mieux et en paix, voir leur vie avancer, garantir la l’avenir de leurs enfants. »
Les pensées de Cabral sont loin de la plupart des politiciens congolais. Ils sont là pour eux-mêmes, leurs familles et des élites dirigeantes. C’est très triste car le mot démocratie qui provient du grec Demokratia, Démos « le peuple », Kratos « Règle » : règne du peuple.
Le peuple est placé aux centre de la machine de l’État. C’est pourquoi elle est définie comme « le gouvernement du peuple pour le peuple par le peuple », c’est ainsi que dans une société démocratique, le peuple devrait être au cœur des activités des hommes politiques.
La campagne électorale en cours révèle que l’activité principale de la plupart des politiciens congolais n’est pas le démos, c’est d’abord leur propre cause ! Leur boulimie politique est très nue dans la plupart des déclarations qu’ils font lors des rassemblements.
Mais comme les électeurs sont ignorants, Plato les appelle un grand corps sans tête très vulnérable près à être capturé par les émotions du moment, ils ne peuvent voir la nudité de la boulimie politique et de l’égoïsme de leurs candidats honorables. Dans sa « République », Plato affirme que le processus de démocratisation d’une république peut dégénérer en ce qu’il appelle l’ochlocratie.
Une analyse cognitive de la campagne électorale actuelle en RDC et de rassemblements révèle une triste réalité dont la plupart des hommes politiques congolais ne cherchent pas à construire une démocratie, mais une Ochlocratie, un gouvernement populaire, un gouvernement de la foule.
Ils ne font que manipuler les démos ! Plato fournit une caractéristique très pertinente d’une Ochlocratie, il soutient que c’est une règle de la foule, conduite de manière indisciplinée par l’émotion, l’intérêt personnel, les préjugés, la colère, l’ignorance et l’absence de réflexion en une action téméraire, cruelle, destructive et autodestructrice. Toutes ces caractéristiques telles que présentées par Plato apparaissent dans la plupart des discours et des soumissions lors de rassemblements et de conférences de presse.
En conclusion, on poserait objectivement quatre questions fondamentales : (A) Est-ce que les hommes politiques congolais sont-ils capables de réaliser les aspirations du peuple congolais ? Qu’est-ce qui, selon les termes de Cabral seraient résumés en quatre piliers ?
(1) Bénéficier de la richesse du pays, vivre une vie meilleure,
(2) pacifier le pays
(3) donner un avenir prometteur pour leurs enfants.
(B) Est-ce que les électeurs congolais sont-ils ignorants, un grand corps sans tête trop et très vulnérable près à être capturé par les l’émotion du moment, comme le dit Plato?
(C) Si oui, peuvent-ils voter pour des politiciens qui seront capables de fournir ce que Cabral pense être ce qu’ils ont besoin ?
(D) Si non, est-il correct de souligner que l’ignorance des électeurs congolais ne donnera pas naissance à un leadership équipé pour délivrer les hypothèses des Cabral ?
Ne mentez pas, ne revendiquez pas des victoire faciles (Amilcar Cabral).
Feruzi Ngwamba Foze
Coordinateur intérimaire du Collège des sciences humaines.
Pietermaritzburg
Afrique du Sud
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DRC Elections Campaign A Synopis through Amilcar Cabral’s Eyes