A l’issue d’un forum sur la problématique de la paix et le développement dans l’espace Fizi, Mwenga et Uvira, la communauté des Babembe se disent prêts à vivre avec toutes les communautés présentes dans cette partie sud de la province du Sud-Kivu. Dans une déclaration publique, cette communauté note plusieurs éléments qui favorisent l’insécurité dans leur milieu.
« …la création frauduleuse et anarchique de la communauté de Minembwe, l’usurpation des fonctions et des pouvoirs coutumiers par les membres de la communauté Banyarwanda-soit disant Banyamulenge, l’impunité et la corruption, le non-respect de l’autorité établie, les attaques et assassinats ciblés des chefs et notables Bembe par les groupes armés Gumino et Twigwaneho de la communauté Banyarwanda, soit disant Banyamulenge,… », lit-on dans cette déclaration.
Pour eux, la permutation ailleurs des commandants militaires ressortissants des tributs et communautés en conflit, la traque et la démobilisation des groupes armés locaux, la restauration de l’autorité de l’Etat,…seraient parmi les pistes de solution.
D’après ce document citant le décret colonial de 1926 qui préconisait l’appellation du territoire par ses occupants, le secteur Fizi-Itombwe appartenant à la communauté Bembe a connu une scission rattachant Itombwe au territoire de Mwenga, ce qui a ouvert cette communauté à la cohabitation pacifique avec les autres communautés telles que Bazoba, Banyindu, Bwari, Bafuleru, Bavira, Bashi,…
Avec l’avènement des réfugiés fuyant les massacres des Hutu au Burundi depuis 1972, les massacres du Rwanda auxquels d’ajoutent les conflits électoraux, les hauts plateaux de Fizi et le secteurs d’Itombwe ont accueillis des vagues des réfugiés rwandais et burundais. Vers les années 1996, souligne la déclaration, « tout va éclater avec les guerres de l’AFDL et du RDC » lorsque « la communauté Banyarwanda, soi-disant Banyamulenge se sont comportés en vrais conquérants en créant la frustration et désolation ainsi que les conflits cycliques auxquels nous faisons face jusqu’aujourd’hui ».
Au regard de ce qui précède, les Babembe adressent un chapelet de recommandations aux gouvernement congolais, à la communauté internationale et celle de Banyamulenge.
- Au gouvernement congolais :
De remettre l’autorité de l’Etat dans tous les coins de l’espace Fizi-Itombwe, d’assurer la sécurité dans la zone de déplacement afin de faciliter le retour des déplacés dans leurs villages d’origine, de revisiter le décret-loi n°013/29 du 13 juin 2013 en supprimant l’article créant la Commune rurale de Minembwe, d’identifier et poursuivre en justice les présumés auteurs des massacres de Makobola et de ses environs, d’élucider à l’égard de la communauté Banyarwanda soi-disant Banyamulenge l’esprit et la lettre des dispositions des alinéas 2 et 3 de l’article 10 de la Constitution congolaise au regard de l’histoire des ethnies et territoires en RDC,…
2. A la communauté internationale :
D’instituer un Tribunal international pour les massacres commis à l’Est de la RDC, à la Monusco et autres agences de Nations-Unies de jouer convenablement leurs rôles dans la neutralité totale,…
3. A la communauté Banyarwanda soi-disant Banyamulenge :
- D’éviter la falsification de l’histoire de l’espace Fizi-Itombwe et la débatisation des villages, rivières et montagnes en les remplaçant par les noms rwandais ;
- D’arrêter l’approvisionnement de leurs civils en armes par des canaux qui recourent parfois à leurs ressortissants positionnés dans les institutions publiques et membres des anciens mouvements rebelles en vue de récupérer la terre de l’espace Fizi-Itombwe ;
- De demander pardon aux tribus victimes de leurs différents massacres et tueries ciblés.
Les Babembe, à leur tour, s’engagent à :
- Cohabiter pacifiquement avec toutes les populations congolaises et avec tous ceux qui ont choisi de vivre en RDC pour développer ensemble ce beau pays ;
- Soutenir les efforts du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, dans sa démarche de pacifier l’espace Fizi-Itombwe, la province du Sud-Kivu et la RDC en général.
Pour rappel, le gouvernement congolais et des organisations humanitaires dont SVH et Interpeace ont appuyé la tenue d’un forum communautaire à Uvira, du 02 au 04 mars 2020, pour réfléchir sur l’avènement d’une paix durable et du développement dans la partie Fizi et Itombwe en territoire de Fizi et Mwenga en conflits intercommunautaires en province du Sud-Kivu dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Jean-Marie M