Le député national Delly Sesanga s’est exprimé sur la réforme de la loi électorale amorcée jeudi 14 avril dernier à l’Assemblée nationale.
Il a été désigné porte-parole des ceux qui ont initié la proposition de loi électorale en examen. Parmi les réformes, il y a notamment le retour à la présidentielle à deux tours. Mais Delly Sesanga souligne que cette réforme qui exige la révision de la constitution ne peut s’opérer alors qu’une partie du pays se trouve sous état de siège depuis bientôt une année.
Il propose d’attendre la levée de cette mesure exceptionnelle en vue de reprendre le débat sur cette question précise.
« Nous l’avions proposé mais pour faire passer la présidence à deux tours, il faut une révision de la constitution et comme vous le savez nous sommes pendant l’état de siège, et donc on a suspendu le débat sur la révision de la constitution. Lorsque l’état de siège va être levé puisque je considère qu’il faut lever cet état de siège, comme je vois que le gouvernement est en train d’aller probablement dans cette voie, nous allons remettre ce débat sur le tapis pour que l’élection du président de la République se fasse à deux tours », a-t-il expliqué à la presse à l’issue de la plénière.
Toujours en rapport avec les innovations, l’élu de Luiza (Kasai Central) a indiqué que la proposition de la loi électorale initiée par le G13 va « introduire plus de transparence dans le processus électoral ».
Cette proposition, ajoute-t-il, va également « instaurer un système de traçabilité des résultats pour permettre à ce que les résultats soient publiés bureau de vote par bureau de vote et que les résultats partiels publiés localement soient opposables à tous et empêcher à ce que la commission électorale nationale indépendante ne puisse manipuler davantage les résultats ».
« Il y a une plus grande responsabilisation aussi des dirigeants de la CENI et les modes des scrutins qui sont adaptés pour éviter la corruption et au niveau des élections. Donc tout ceci représente un progrès et des attentes que notre population souhaite pour le prochain processus électoral », a déclaré Delly Sesanga.
La loi propose aussi la suppression de seuil électoral. « Il y a des gens qui sont élus dont on ne connaît pas le seuil, moi-même je ne connais pas le seuil de ma liste électorale vous imaginez ? Trois ans après, je ne connais pas le seuil, donc le seuil a été manipulé pour faire passer tel autre ou éliminer un autre candidat. Ce que nous souhaitons désormais c’est qu’au lieu d’avoir le seuil qu’on exige des listes qu’elles soient représentatives sur le territoire national, c’est-à-dire présenter 60% des candidats pour le siège en compétition, ceci est beaucoup plus transparent et préalable se fait a priori alors que dans le système de seuil c’est la commission électorale nationale indépendante qui manipule », a-t-il dénoncé.
Et d’ajouter: « Nous combattons le clientélisme de la classe politique qui veut aujourd’hui tous les membres de la famille dans un bloc se présentent avec suppléants, cèdent leurs sièges à leurs membres de famille et cette patrimonialisation de l’espace politique par les familles n’est pas quelque chose de souhaitable ».
Débuté jeudi 14 avril 2022, le débat sur la réforme de la loi électorale va à nouveau se poursuivre le mercredi 20 avril prochain. D’après Christophe Mboso, président de l’Assemblée nationale, l’objectif de ce long temps mort est de permettre d’abord le retour des députés nationaux du Front Commun pour le Congo (FCC), qui ont boycotté la plénière de ce jour. Ces élus proches de Joseph Kabila dénoncent le manque de consensus sur la question de la loi électorale avant d’en débattre en plénière.
Cette trêve permettra aussi aux groupes parlementaires de se concerter afin de lever des options sur différentes propositions.
Christine Wabiwa