Dans une déclaration transmise à l’Auditorat général près la Haute Cour Militaire, Monsieur Éric Nkuba, entendu comme témoin dans une enquête judiciaire, a affirmé avoir eu connaissance d’une discussion alarmante entre un Sénateur à vie congolais et Corneille Naanga, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).
Selon Nkuba, cette conversation aurait eu lieu le 15 mai 2023 dans la capitale ougandaise, Kampala. Il y aurait été question d’un plan d’assassinat du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, commandité toujours selon les propos rapportés par le Rwanda. Le Sénateur en question, dont le nom n’a pas été officiellement révélé dans l’extrait du rapport, aurait affirmé avoir conseillé aux autorités rwandaises de ne pas exécuter ce plan, expliquant que la mort du Chef de l’État ferait de lui un “héros national”, capable de galvaniser l’unité nationale et de renforcer sa popularité posthume.
En lieu et place de ce projet meurtrier, le Sénateur aurait préconisé un coup d’État comme solution « plus efficace » pour le renversement du pouvoir en place à Kinshasa. Ce conseil, selon Nkuba, aurait été formulé dans une optique de stratégie politique et de manipulation du cours des événements pour écarter le Président Tshisekedi sans créer une vague d’indignation populaire.
Ces déclarations sont consignées dans une communication officielle signée par le Lieutenant-Général Lucien-René Likulia Bakuma, Auditeur Général près la Haute Cour Militaire. Ce dernier, en sa qualité d’officier supérieur de la justice militaire, supervise les enquêtes relatives aux menaces à la sécurité nationale et aux atteintes aux institutions de la République.
Le document, qui n’a pas encore été rendu public dans son intégralité, fait état de l’ouverture d’une enquête autour de ces faits, qui touchent directement la sûreté de l’État, la protection du Président de la République, et les relations internationales de la RDC. Il n’est pas exclu que des poursuites soient engagées contre des personnalités de haut rang, en cas de confirmation des faits.
Cette révélation intervient dans un contexte déjà tendu entre Kinshasa et Kigali. Le gouvernement congolais accuse régulièrement le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, actifs dans l’est du pays, et de chercher à déstabiliser les institutions congolaises. La présence d’acteurs politiques congolais dans une supposée conversation sur un plan de coup d’État donne une dimension encore plus grave à ces accusations.
Le Président Tshisekedi, réélu en décembre 2023 pour un second mandat, fait face à une série de défis : crise sécuritaire persistante à l’est, tensions avec les partenaires régionaux, et suspicion d’ingérences étrangères. Ces nouvelles allégations ne manqueront pas de renforcer la méfiance du pouvoir envers certains anciens dignitaires du régime passé, notamment ceux ayant conservé un statut privilégié comme celui de “Sénateur à vie”.
À l’heure actuelle, le gouvernement congolais n’a pas encore commenté officiellement ces révélations, pas plus que les autorités rwandaises. Il est attendu que des mesures de sécurité soient renforcées autour du Chef de l’État et que des convocations judiciaires suivent pour auditionner les personnes citées ou indirectement concernées.
Les observateurs politiques estiment que si les faits sont confirmés, ils pourraient conduire à une onde de choc nationale et internationale, et reconfigurer les alliances politiques au sein du pouvoir et de l’opposition.
Le témoignage d’Éric Nkuba, pour l’instant non corroboré par d’autres sources, met en lumière la fragilité du système politique congolais face à des manœuvres internes et des influences extérieures. La gravité des faits allégués exige une enquête rigoureuse, transparente et impartiale. Le peuple congolais, quant à lui, est en droit d’obtenir des réponses claires, dans le respect de la justice et de la vérité.