« La personne à laquelle ils s’adressent est un escroc », a lancé Nangaa, en référence au représentant du gouvernement congolais impliqué dans les discussions en cours. « Il n’est pas fiable. Tout ce qu’il acceptera aujourd’hui sera vite oublié. Même s’ils signent un accord, le peuple congolais s’y opposera. »
L’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), désormais à la tête d’une alliance politico-militaire controversée, remet en cause la légitimité des efforts de médiation en cours. « Les Américains ont le droit de conclure ce genre d’accord », a-t-il reconnu, « mais ils doivent s’adresser aux bonnes personnes. Et aujourd’hui, les bonnes personnes à qui s’adresser sont les membres de l’Alliance Fleuve Congo. »
Un défi aux canaux diplomatiques traditionnels
Ces propos surviennent alors que la communauté internationale intensifie ses efforts pour parvenir à un cessez-le-feu et une solution politique durable à la crise qui secoue l’Est de la RDC. Les États-Unis et le Qatar ont récemment accueilli des discussions de haut niveau pour tenter de désamorcer les tensions et favoriser un dialogue inclusif.
Mais les déclarations de Nangaa laissent entrevoir une rupture de plus en plus marquée entre les négociateurs officiels et certains acteurs armés qui revendiquent une place à la table des discussions.
L’Alliance Fleuve Congo, fondée à la fin de l’année 2023, est considérée par Kinshasa comme une structure illégitime, alliée à des groupes rebelles responsables d’exactions, notamment dans le Nord-Kivu. Son association étroite avec le M23, accusé de crimes de guerre par les Nations unies, rend sa reconnaissance difficile tant sur le plan national qu’international.
Une stratégie politique en construction ?
Derrière ces mots durs, certains analystes voient une stratégie de légitimation : Corneille Nangaa chercherait à imposer l’AFC comme un acteur incontournable de toute sortie de crise. En discréditant les interlocuteurs actuels et en appelant les puissances étrangères à se tourner vers sa coalition, il tente de repositionner son groupe au centre du jeu diplomatique.
Aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée du côté du gouvernement congolais, même si Kinshasa a déjà qualifié l’AFC de « plateforme de rébellion et de trahison ».
Alors que les tensions restent vives et que les négociations se poursuivent à l’étranger, la sortie médiatique de Nangaa pourrait bien compliquer davantage un processus de paix déjà fragile.