« Nous sommes en pleine négociation, en plein processus de rétablissement de nos relations diplomatiques, de coopération et de cohabitation pacifique. Malheureusement, les Africains attendent toujours que ce soient les Occidentaux qui viennent nous mettre ensemble », a affirmé Kamerhe lors d’une intervention publique à Kinshasa.
La déclaration de Vital Kamerhe intervient alors que les relations entre la RDC et le Rwanda sont au plus bas depuis plus de deux ans, en raison de l’activisme du groupe armé M23 dans l’est du Congo. Kinshasa accuse Kigali de soutenir militairement les rebelles du M23, ce que le Rwanda dément catégoriquement.
Malgré cette crise, les propos de Kamerhe révèlent l’existence d’un dialogue discret entre les deux capitales. Des efforts diplomatiques seraient actuellement menés pour sortir de l’impasse et éviter une confrontation régionale plus large.
Selon des sources proches du gouvernement congolais, des pourparlers ont été entamés avec l’appui de certains pays africains ainsi que des organisations régionales telles que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).
Au-delà de l’aspect bilatéral, Kamerhe a dénoncé la dépendance historique de l’Afrique envers les puissances occidentales pour résoudre ses conflits internes. Son discours s’inscrit dans une vision panafricaniste d’une Afrique capable de gérer ses différends de manière autonome.
« Nous devons arrêter de tendre la main vers Bruxelles, Paris ou Washington chaque fois que deux pays africains ont un différend. La solution durable viendra de nous-mêmes, ou elle ne viendra pas », a-t-il martelé.
Cette prise de position fait écho à une nouvelle génération de dirigeants africains qui plaident pour une plus grande souveraineté dans les affaires diplomatiques et sécuritaires du continent.
L’appel au dialogue et à l’unité a été bien accueilli dans certains milieux politiques et diplomatiques, mais il suscite aussi des critiques, notamment à l’Est du pays où les populations subissent encore les conséquences des conflits armés.
« Parler de cohabitation pacifique alors que les bombes tombent encore sur des villages du Nord-Kivu, c’est prématuré », a réagi un élu de Goma sous couvert d’anonymat.
D’autres, en revanche, saluent le courage politique d’ouvrir la voie à une désescalade. Pour beaucoup d’analystes, cette dynamique pourrait marquer un tournant si elle s’accompagne d’actes concrets sur le terrain.
Le gouvernement congolais reste pour l’instant prudent sur les détails des négociations en cours. Toutefois, les propos de Vital Kamerhe laissent entrevoir une volonté ferme de tourner la page du conflit par des moyens pacifiques et africains.
Alors que la région des Grands Lacs cherche désespérément une stabilité durable, cette main tendue pourrait marquer le début d’un processus de normalisation entre deux voisins que tout oppose actuellement, mais que la géographie et l’histoire lient profondément.