Corruption, marchandage, victoire,… des expressions en vogue dans les salons politiques qu’au sein de l’opinion publique depuis la proclamation des résultats des élections sénatoriales, du 15 mars dernier. Et pourtant, certains acteurs politiques et ceux de la société civile dénoncent la corruption qui a émaillé les scrutins et en appellent aux sanctions des corrupteurs et des corrompus. En province du Sud-Kivu, les députés sont accusés d’avoir mordu à l’hameçon.
« C’était vraiment un marchandage, une vente aux enchères », dénonce un acteur politique de l’UDPS, fédération du Sud-Kivu.
Les sénateurs rejettent ces allégations estimant qu’il n’y a aucune preuve mais tout simplement une manœuvre du pouvoir visant l’annulation desdites élections.
« Est-ce que ces rumeurs sont vérifiées ? (…) Je n’ai rien donné moi. Je jure n’avoir vu aucun député me demander de l’argent. Je n’ai pas corrompu et je ne le ferai jamais […] ça ne doit pas constituer un argument pour annuler les élections s’ils n’ont pas de preuves palpables », a rétorqué le jeune sénateur Stephano Miruho, interrogé par jambordc.
D’autres, par ailleurs, soutiennent que les députés, eux-mêmes, auraient confirmé le marchandage de voix allant jusqu’à 50 mille dollars américains.
« Je m’étonne que les quelques députés provinciaux du Sud-Kivu rencontrés en bilatérale, qui nous disaient comment ce marché se négocie allant de 2.500$ à 50.000$ une voix, à la grande honte de notre pays et qui se disaient être intègres pour ne pas se laisser influencer par ce marché des voix se gardent à dénoncer haut ces pratiques de corruption », fustige Bienvenu Karhakubwa, candidat sénateur.
Le silence des députés provinciaux qui ont vécu cette scène devient fort inquiétant et suscite des interrogations.
« Aucun n’a haussé la voix jusqu’aujourd’hui. Alors, peut-on conclure que tous y sont tombés ? », s’interroge le Président du Centre africain de paix et gouvernance, CAPG. Il va jusqu’à demander à quiconque s’estime innocent d’éclairer l’opinion sur cette question aux risques de croire que tous avaient été corrompus.
« Les députés nous suivent, s’il y a certains qui n’ont pas cédé à ces pratiques de corruption qu’ils délient leurs langues pour expliquer à leurs bases les sollicitations de corruption dont ils ont été l’objet et comment les voix se marchandaient. Se taire signifierait qu’eux-mêmes y sont tombés à leur grande honte. Ils devront dénoncer ces pratiques de corruption s’ils n’y sont pas tombés. S’ils y sont tombés, ils devront demander pardon au peuple, et assumer les conséquences », ajoute-t-il.
A l’en croire, certains candidats tiennent au remboursement de leur fonds remis pour cette fin.
« Demandez aux députés présents ici, certains de leurs collègues sommés de rembourser l’argent de honte perçu seraient en train de rembourser », renseigne-t-il.
Bienvenu Karhakubwa prévoit mettre par écrit le contenu des entretiens avec certains députés alors qu’ils se préparaient aux scrutins sénatoriales dans la province du Sud-Kivu.
« Pendant ce temps de courses, je disais à tous ceux me sont proches qu’après chaque entretien, je rédigeais quelques pages et que ces entretiens je les coulerai en prose pour les publier, pour dénoncer ces pratiques de corruption », renchérit ce candidat.
Au regard de l’ampleur des dénonciations de cette pratique malsaine, plusieurs analystes appuient la présidence de l’Etat et, s’il s’avère vraie, proposent l’annulation pure et simple de ces élections.
Déjà, ce mardi 10 mars, des organisations et mouvements des jeunes, pour leur part, ont félicité le Chef de l’Etat pour avoir suspendu l’installation du sénat et encouragent la traque des corrupteurs et corrompus par la justice. Ils promettent se prendre en charge si le processus de la justice s’arrêtait en mi-chemin pour laisser place aux antivaleurs.
« A quoi donc servirait le combat que nous avons mené pour le changement et qui a apporté des fruits ? », s’est exclamé un jeune du mouvement IL EST TEMPS.
Freddy Ruvunangiza