La nuit du 04 au 05 mai 2023 restera à jamais douloureusement gravée dans la mémoire collective des habitants du territoire de Kalehe en particulier et du Sud Kivu en général. Les premières urgences sont plus que complexes et les réponses attendues. Mais de qui viendront-elles ? Comment seront-elles coordonnées ? Mais surtout qui pour prendre le devant de la scène ?
C’est suite à des pluies diluviennes qui ont entraîné des éboulements dévastateurs des terres et la coulée des boues, et charrié des pierres, détruisant tout sur leur trajectoire.
Maisons résidentielles et commerciales, champs et concessions, engins légers et lourds, bétails et volailles ont simplement été ensevelis et/ou emportés.
Au-delà des dégâts matériels et environnementaux indescriptibles, le bilan humain déploré demeure encore vertigineusement bouleversant. D’ailleurs jusque-là provisoire : cinq cents morts environ, plus de quatre mille disparus, plusieurs blessés admis dans différentes structures médicales pour des soins intensifs et en ambulatoires. Des êtres chers ont brutalement été arrachés à l’affection de plusieurs personnes et familles. Collègues de service, mères et pères, tentes et oncles, sœurs et frères, nièces et neveux, petites filles et petits fils, arrières petites filles et arrières petits fils, voire des foyers entiers, s’en sont inopinément allés sans dire un mot d’adieu. Que leurs âmes reposent en paix et que la terre de nos ancêtres leur soit douce et légère.
Au petit matin après le verdict impitoyable de la nature, le constat est tout amèrement difficile à faire. Le désarroi est plus que total. Les larmes des uns et des autres pouvaient former toute une rivière. Les cris de ceux qui ne retrouvent pas encore les leurs animent un concert des cœurs brisés. Au regard impuissant, tout le monde est dépassé. Les acteurs socio-humanitaires pouvaient à peine courir dans toutes les directions pour chercher les premières réponses possibles aux premières urgences créées par cette énième catastrophe naturelle.
Quels types de réponses et qui pour les apporter ?
Face à ce drame humanitaire inqualifiable, plusieurs congolais qui n’ont pas retenu leurs chaudes larmes, ont crié au secours des survivants. Des messages de condoléances ont fusé de partout, pour compatir avec les familles éplorées et des rescapés au nombre des quels on comptait un bébé et quelques enfants ne sachant pas nager. Ça ne pouvait relever que d’un miracle.
Les besoins des sinistrés sont énormes, tant sur le plan physique, mental, morale, spirituel, logistique et que financier. Il faut une réponse hollistique.
Les rôles tant onusien, de l’État, de la société civile internationale, nationale et locale que de l’église ont été évoqués dans une ambiance de total embarras. De qui proviendront les premières réponses possibles, voilà la principale question qui tourmentait plusieurs têtes.
Sur place, certaines interventions se sont démarquées, à l’instar de celle de la Croix-Rouge qui a fourni des sacs mortuaires et du personnel pour procéder à l’inhumation des victimes, la Division Provinciale de la Santé elle, a également fourni des liquides et des aquatabs.
La promptitude réactionnelle de Théo NGWABIDJE KASI, consolatrice des cœurs chagrinés.
Le premier citoyen du Sud Kivu sans tergiverser, s’est d’abord personnellement résolu de parlper du doigt la réalité. Les coupures de route et bourbiers constatés sur la route nationale N°2 à plusieurs endroits, n’ont pas ralenti l’allure d’un Gouverneur pressé de communier avec sa population dans cette dure épreuve. Théo NGWABIDJE KASI n’a même pas hésité d’utiliser une pirogue motorisée pour vite parvenir au lieu du drame. La boue qui s’est imposée sur son parcours ne l’a nullement intimidé. Il s’en est passé sans gène. Utilisant les moyens fort risqués, son seul souci était d’abord celui de réconforter les rescapés et les familles éprouvées.
De loin, à peine aperçu, certains habitants quoique larmoyants, ont salué l’arrivée de leur papa. Tout de suite, l’espoir de retrouver les survivants et à défauts retrouver des corps enfouis dans les décombres, pouvait renaître. De part et d’autre, l’émotion est grande. Un père de famille sans aucune nouvelle des siens, qui a requis l’anonymat, a dans un ton timide lâché au délégué de One Health : ” en attendant que je connaisse le sort de ma famille, je me sens réconforté par la présence du gouverneur. Je ne pouvais pas m’imaginer qu’il mettrait si peu de temps pour nous atteindre ” et d’ajouter que ” l’espoir de retrouver les miens s’accroît davantage grâce à sa présence parmi nous”.
Le Gouverneur du Sud Kivu, Théo NGWABIDJE KASI comme on peut le constater, a fait preuve de diligence dans la coordination de la réponse rapide aux premières urgences. Il était accompagné des quelques membres de son gouvernement, de son Directeur de Cabinet, d’un délégué du Comité Provincial de la Coordination Une Santé (CPCUS), et bien d’autres ténors du secteur de santé.
Évidemment, sa présence sur le terrain a balisé le déploiement des membres du Gouvernement Central, dépêchés pour faire le constat.
Pourquoi One Health dans la délégation du Gouverneur Théo NGWABIDJE KASI, et à quoi s’attendre par rapport à son rôle ?
En face des intervenants humanitaires avertis, équipés et expérimentés comme ceux opérationnels dans le Sud Kivu en général et à Kalehe en particulier, le rôle du CPCUS peut paraître aux yeux des simples curieux, sulfureux sinon fantaisiste. Loin de là !
Tout d’abord, l’objectif du CPCUS dans cette délégation, a été officiellement d’évaluer les dégâts causés sur le plan humain, physique et animal. C’est pour mieux identifier toutes les réponses aux urgences et celles durables. Mais sans aucun risque de télescopage avec le Service de Protection Civile qui a en charge la gestion des catastrophes. Cette gestion est limitée dans les opérations dites de premières urgences.
Le CPCUS, terme auquel on devra dorénavant s’habituer, lui a un rôle capital et majeur de conduire le processus de définition d’un Plan de Contingence Post Catastrophe (PCPC), renseigne le Dr Patrick MURHULA, son Coordonnateur Provincial. Il a d’ailleurs salué l’initiative du Chef de l’Etat Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO de décréter un deuil national d’un jour ouvrable en mémoire des illustres disparus.
Pour le Dr Patrick MURHULA, il est temps que l’État Congolais joue pleinement son rôle de régulateur dans tous les secteurs. Mais jusque-là, à en croire les plaintes convergentes et constantes de plusieurs acteurs de la Société Civile locale, le Gouvernement attend presque tout des acteurs humanitaires, qui ont tendance à lui imposer une certaine prépondérance interventionnelle.
Raison pour laquelle le Gouverneur Théo NGWABIDJE KASI n’a pas cette fois-ci attendu le rapport de la Coordination des affaires humanitaires dans son bureau.
Et comme énoncé ci-dessus, le constat est difficile à faire car les recherches se poursuivent encore.
Leçon morale tirée par le Comité Provincial de la Coordination Une Santé – CPCUS Sud Kivu face à ce drame humanitaire.
Pour rappel, La plateforme « Une Santé» de la RDC fonctionne depuis 2011 avec plus de visibilité au niveau national et seulement avec des interventions isolées ou ponctuelles réalisées dans quelques provinces et territoires.
“Une Santé” est donc à la fois une plateforme et une approche qui date de l’an 2000, visant à promouvoir la santé de l’homme, de l’animal et de l’environnement. ” Une Santé ” a été précédée par d’autres concepts, notamment One Medecine, Santé Publique Vétérinaire ou encore Approche Eco-Systémiques.
Selon plusieurs sources scientifiques dignes de foi, cette catastrophe naturelle dont une des causes majeures peut être le dérèglement climatique, venue endeuiller le territoire de Kalehe, la manifestation des Zoonoses. C’est sont des maladies infectieuses se transmettant des animaux à l’homme et inversement.
Le Dr Patrick MURHULA renseigne que les zoonoses sont de trois types. Il s’agit des Zooanthroponoses qui se transmettent de l’humain à l’animal. Ensuite des Anthropozoonoses lorsque c’est de l’animal à l’humain. Et enfin des Amphixenoses lorsque c’est de l’animal à l’humain puis à l’animal.
Donc le CPCUS en plus du plan local de contingence post catastrophe, est censé assurer encore le lead dans la définition d’un Plan Provincial de Contingence (PPC), à appliquer par rapport à ces genres d’urgence. Et ce, dans une approche multidisciplinaire et mutlisectorielle.
Toutefois, le premier acteur concerné est l’Administrateur du Territoire, qui vient d’ailleurs d’être formé du 20 au 21 avril à Bukavu sur l’approche One Health. Mr Thomas ZIRIMWABAGABO BAKENGA aux côtés de ses cinq collègues de Shabunda, Kabare, Walungu, Idjwi et Uvira, ainsi que des délégués de Fizi et Mwenga, a eu la mission d’installer le Comité Territorial Une Santé (CTUS). Le contexte lui oblige à diligenter la procédure, à l’exemple du chef de l’exécutif provincial Théo NGWABIDJE KASI.
A ses côtés, l’Administrateur du Territoire de Kalehe, Thomas ZIRIMWABAGABO BAKENGA, doit compter sur le Mwami KAMIROGOSA III SHOSHO NTALE Franck dont la chefferie placée sous son autorité est plus concernée.
La mission de One Health Sud Kivu enfin,consiste essentiellement à œuvrer avec l’appui technique et financier des partenaires impliqués, à œuvrer pour la restauration d’un contexte à Kalehe où les humains vivent en bonne santé avec des animaux sains, et tous vivant dans un environnement durablement sain. La protection de la santé humaine passe d’abord par la protection de la santé animale, à en croire le Dr Patrick MURHULA, qui a fait également savoir que la santé humaine est subsidiaire de la sécurité sanitaire des aliments.
Il pense que le challenge est celui d’évaluer correctement le problème afin de mieux concevoir des interventions efficaces.
Pour votre gouverne, le Comité de Coordination Une Santé (CCUS) a été créé par l’Arrêté Ministériel N°188/MINESU/CABMIN/MNB l’Arrêté Ministériel N°405/MINESU/CABMIN/MML/CB/J. Sa vision est de devenir un pays leader en stratégie « Une Santé » pour des animaux sains et productifs, des communautés prospères et des écosystèmes équilibrés par l’approche « Une Santé ». Et sa mission consiste à améliorer le bien-être des populations de la RDC en encourageant la collaboration multisectorielle en vue de répondre aux priorités sanitaires nationales selon l’approche « Une Santé ».
Le CCUS a pour but de : (1) prévenir, détecter et riposter efficacement aux menaces pour la santé à l’interface Homme- Animal -Environnement; (2) Mettre en place une plateforme « Une Santé » pérenne et institutionnalisée à tous les niveaux (central, régional et local); (3) Mettre en place un programme de recherche stratégique, intégré, sûr et sécurisé et une capacité soutenue pour la mise en oeuvre de l’initiative « Une Santé » en RDC; (4) Sensibiliser intensivement à la stratégie « Une santé » pour toutes les parties prenantes; et (5) Renforcer l’engagement et le soutien du gouvernement et des autres parties prenantes en faveur de la santé.
Le CPCUS Sud Kivu quant à lui, a été institué depuis le mois de juillet 2022 par l’arrêté du gouverneur N°22/162/GP/SK du 27 juillet 2022 et installé officiellement le 04/10/2022. Il compte 25 Membres qui représentent plusieurs divisions. Son Secrétariat Exécutif est composé de sept membres et fonctionne provisoirement dans le bâtiment du Ministère Provincial de l’Agriculture.
C’est donc une affaire à suivre.
Alain MAGURU BASHIGE
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