La police et le parquet ont ouvert une enquête après la découverte à Kinshasa d’au moins quatre corps de jeunes gens tués dans des circonstances mystérieuses, a déclaré jeudi la police congolaise, alors que des témoins mettent en cause une opération anti-délinquance des forces de l’ordre. Dimanche à l’aube, trois corps ont été découverts sur un terrain de basket-ball d’un quartier de la commune de Kalamu en centre-ville, dont celui d’un basketteur affilié à un club amateur. Un quatrième corps a été découvert dans le quartier voisin de Yolo, selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP auprès des habitants.
D’autres témoins ont déclaré à l’AFP avoir vu six autres corps sur la rivière Kalamu, à hauteur de Matonge, un autre quartier de cette commune.
« La police a ouvert une enquête. Le parquet aussi mène son enquête pour faire toute la lumière sur cette affaire », a déclaré à l’AFP le chef de la police de Kinshasa, général Sylvano Kasongo, qui reconnaît la découverte de quatre corps.
L’enquête se fait « avec des moyens du bord, en l’absence d’une base des données pour les empreintes digitales », a-t-il ajouté.
Tous les témoins interrogés par l’AFP accusent des agents de la police congolaise cagoulés d’avoir enlevé des jeunes délinquants présumés -« Kuluna »- dans le cadre d’une opération contre le banditisme urbain.
Ce que dément « énergiquement » le général Kasongo, accusant « des bandits non encore identifiés » d’être responsables de ces morts.
Mercredi lors du point-presse des Nations unies, un journaliste a interrogé un responsable onusien sur « six corps sans vie » retrouvés le week-end dernier, ajoutant que « selon plusieurs témoignages, ce bilan pourrait être bien plus lourd ».
« Je ne peux pas confirmer que les six corps qui ont été retrouvés sont le fait d’opérations de la police. Les vérifications sont en cours », a répondu mercredi Abdoul Aziz Thioye, le directeur du bureau conjoint de l’ONU pour les droits de l’homme en RDC (BCNDH).
Une opération contre le banditisme urbain à Kinshasa s’était soldée en 2016 par un bilan de 80 personnes tuées, selon l’ONG américaine Human Rights Watch. Les autorités avaient nié, reconnaissant un nombre bien inférieur de morts.