Depuis plus d’une semaine, Jacques Kyabula était porté disparu. Il n’avait donné aucun signe de vie public après avoir ignoré une convocation à Kinshasa, émise par le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani. Cette convocation, selon des sources gouvernementales, visait à obtenir des éclaircissements sur certaines de ses déclarations jugées sensibles concernant la situation sécuritaire dans l’est du pays, ainsi que sur des questions liées à la gouvernance provinciale.
L’inquiétude s’est intensifiée lorsque la Direction Générale des Migrations (DGM) a lancé un avis de recherche officiel le 18 juillet, appelant toute personne ayant des informations sur sa localisation à se manifester. Un acte rarissime qui traduisait l’inquiétude – voire la perte de contrôle – du pouvoir central face à l’un de ses représentants les plus influents dans le Grand Katanga.
La relation entre Jacques Kyabula et Kinshasa semble s’être détériorée ces derniers mois. Le gouverneur, membre du parti présidentiel UDPS mais proche de certains anciens caciques du régime Kabila, est accusé par certains cadres de l’Union sacrée de s’être éloigné de la ligne officielle du gouvernement, notamment sur les questions sécuritaires à l’est et sur la gestion de certaines ressources minières dans sa province.
Des propos récemment tenus par Kyabula sur la nécessité d’un « dialogue inclusif avec les groupes armés » auraient irrité le gouvernement central, qui maintient une position de fermeté sur la question du M23 et de ses soutiens présumés.
D’après les sources proches du gouverneur, ce dernier aurait simplement quitté la scène publique pour suivre un traitement médical dans la discrétion, estimant que sa santé personnelle ne nécessitait pas d’alerte officielle. Une justification que certains considèrent comme peu convaincante au vu des implications politiques de son silence prolongé.
Une convocation maintenue à Kinshasa
Malgré sa réapparition, Jacques Kyabula n’est pas encore tiré d’affaire. Selon plusieurs sources gouvernementales, il est toujours attendu à Kinshasa dans les prochains jours pour s’expliquer officiellement devant les autorités nationales. Des échanges sont en cours pour fixer les modalités de ce déplacement, qui pourrait avoir lieu ce week-end sauf changement de dernière minute.
Cette affaire révèle une nouvelle fois les fragilités dans la relation entre le pouvoir central et les gouverneurs provinciaux, dans un contexte de crispation politique à l’approche des grandes échéances électorales locales et de tensions régionales persistantes.