Désigné en mars dernier comme envoyé spécial de l’Union africaine pour la médiation entre les deux pays, Faure Gnassingbé est chargé de contribuer à la désescalade des tensions croissantes entre Kinshasa et Kigali, sur fond de conflits armés et d’accusations réciproques dans l’est de la RDC. Sa mission s’inscrit dans une démarche proactive de l’Union africaine pour favoriser une solution africaine à cette crise régionale, qui menace la stabilité de la région des Grands Lacs.
Les relations entre la RDC et le Rwanda sont marquées depuis plusieurs années par une profonde méfiance, exacerbée récemment par la résurgence du groupe armé M23, actif dans la province congolaise du Nord-Kivu. Kinshasa accuse Kigali de soutenir militairement et logistiquement cette rébellion, ce que le gouvernement rwandais dément catégoriquement.
Malgré les efforts des organisations régionales, dont la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), les tensions se sont intensifiées ces derniers mois, avec des affrontements armés, des déplacements massifs de populations civiles et un climat diplomatique tendu.
Faure Gnassingbé, connu pour sa discrétion et son sens du dialogue, bénéficie d’une certaine crédibilité sur la scène diplomatique africaine, notamment pour son rôle de facilitateur dans plusieurs dossiers de paix, notamment au Mali et en Guinée.
Selon la présidence togolaise, la rencontre avec Paul Kagamé portera sur les moyens de réactiver le dialogue politique entre Kigali et Kinshasa, dans un esprit de fraternité et de respect mutuel. Des discussions sont également prévues sur les mécanismes de vérification indépendants, ainsi que sur l’engagement commun à respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté des États.
Après Kigali, le président togolais devrait se rendre dans les prochains jours à Kinshasa pour rencontrer le président Félix Tshisekedi, afin de recueillir les positions officielles de la RDC et de poursuivre son travail de médiation. L’objectif à terme est de poser les bases d’un cadre de négociation structuré, avec l’appui de l’Union africaine, de la CIRGL et des Nations unies.
Cette initiative diplomatique togolaise intervient à un moment critique, alors que la région fait face à un risque de conflit à grande échelle si les tensions ne sont pas rapidement désamorcées.